D'abord, &c.[2] Ce que l'on entend par cette chute (en grec cette apostasie) est incertain, et différemment expliqué. Saint Jérôme et d'autres le comprennent d'une chute d'autres royaumes, qui auparavant étaient soumis à l'empire romain ; comme si saint Paul leur disait : vous n'avez pas à craindre que le jour du jugement ne soit proche, car il ne viendra que lorsque d'autres royaumes, par une révolte générale, seront tombés, de sorte que l'empire romain soit détruit.

Les mêmes interprètes exposent les sixième et septième versets de la même manière, comme si, lorsqu'il est dit, vous savez maintenant [3] ce qui retient, etc. C'est-à-dire que vous voyez l'empire romain subsister encore, qui doit d'abord être détruit. Et quand il est ajouté, seulement qu'il tient maintenant, tenez, jusqu'à ce qu'il soit retiré du chemin ; le sens, disent ces auteurs, est que Néron et ses successeurs tiennent cet empire jusqu'à ce qu'il soit détruit, car ce n'est qu'alors que viendra le jour du jugement.

A. Lapide rend cet exposé si certain, qu'il l'appelle une tradition des Pères, ce qui lui paraît apostolique. Mais nous ne devons pas prendre l'opinion de certains pères, dans l'exposition de prophéties obscures, où ils avancent des conjectures (que d'autres rejettent ou doutent en même temps) pour être des traditions apostoliques et des articles de foi, comme le savant évêque de Meaux, Bossuet, se prononce à ce sujet même, dans sa préface et son traité de l'Apocalypse, contre Jurieux.

Saint Jérôme en effet, et d'autres, pensaient que l'empire romain devait subsister jusqu'à l'avènement de l'antéchrist, ce qui par l'événement la plupart des interprètes concluent à une erreur, et qu'on ne peut pas dire que l'empire romain continue à ce temps. Voyez Lyranus à cet endroit, saint Thomas d'Aquin, Salmeron, Estius et bien d'autres ; quoique A. Lapide, avec quelques-uns, prétende que l'empire romain subsiste encore dans les empereurs d'Allemagne.

Nous constatons également que les plongeurs des anciens pères pensaient que le jour du jugement était proche à leur époque. Voir Tertullien, saint Cyprien, saint Grégoire le Grand, etc. Et quant à ce lieu, on ne peut pas dire que les pères soient unanimement d'accord dans leur exposé. Saint Jean Chrysostome [4], Théodoret, Saint Augustin dans une de ses expositions, par cette chute, et l'apostasie, comprennent l'Antéchrist lui-même, apostasiant de la foi catholique.

Et ceux qui l'exposent de Néron, n'ont pas réfléchi que cette lettre de saint Paul a été écrite sous Claude, avant le règne de Néron. D'après une troisième et commune exposition, par cette révolte ou apostasie, d'autres entendent un grand dépouillement d'un grand nombre de l'Église catholique et de la foi, dans les nations où elle était professée auparavant ; non pas que, comme saint Augustin le remarque expressément, l'Église restera toujours visible, et catholique dans sa croyance, jusqu'à la fin du monde.

Cette interprétation se retrouve chez saint Cyrille[5] de Jérusalem. (Catéch. 15.) Voir aussi saint Anselme sur ce lieu, saint Thomas d'Aquin, Salmeron, Estius, &c. Enfin, qu'il n'y a pas de tradition apostolique, quant à l'une des interprétations de ces mots, nous pouvons être pleinement convaincus des paroles de saint Augustin[6], lib. xx. de Civ. Dei. type. 19. t. 7. p. 597. Édition de novembre. où il dit : Pour ma part, j'avoue que j'ignore tout à fait ce que l'apôtre veut dire par ces paroles ; mais je mentionnerai les soupçons des autres, que j'ai lus ou entendus.

Puis il établit l'exposé concernant l'empire romain. Il appelle là cela un soupçon et une conjecture, ce que d'autres disent être une tradition apostolique. De la même manière, les anciens pères sont divisés quant à l'exposition des paroles du sixième et du septième verset, lorsqu'il est dit que vous savez ce qui vous empêche ; certains comprennent que l'antéchrist doit venir en premier. D'autres, que l'apostasie mentionnée ci-dessus, ou la chute de l'Église, doit se produire avant.

Et quand saint Paul dit, (v. 7.) que celui qui maintenant tient, tient ; quelques-uns l'exposent, qu'il se garde, lors de telles épreuves, de tenir et de conserver la vraie foi jusqu'au bout. Lorsque les exposés sont si différents, comme ici, quiconque prétend en donner une traduction littérale ne doit jamais ajouter au texte des mots qui déterminent le sens d'un exposé si particulier, et surtout dans la même estampe, comme M.

N. a fait sur le septième verset, où il traduit, seulement que celui qui détient maintenant la foi, la garde jusqu'à ce qu'il soit écarté du chemin. --- Et l'homme de péché [7] révélé, le fils de perdition, de sorte qu'il siège dans le temple de Dieu, se montrant comme s'il était Dieu. Il est de nouveau appelé (v. 8.) ce méchant... que le Seigneur Jésus-Christ tuera par l'esprit de sa bouche.

Par toutes ces paroles nous est décrit le grand antéchrist, vers la fin du monde, selon l'autorité et le consentement irréprochables des anciens pères. Il est aussi ridicule que malveillant de prétendre, avec divers réformateurs ultérieurs, que le pape, et tous les papes depuis la destruction de l'empire romain, sont le grand antéchrist, l'homme du péché, etc. Grotius, le docteur Hammond et divers savants protestants ont réfuté et ridiculisé cette fable sans fondement, dont davantage sur l'Apocalypse.

Il peut suffire d'observer ici que l'Antéchrist, doit être un homme particulier, pas tant d'hommes différents. Qu'il doit venir un peu avant le jour du jugement. Il se fera adorer et se fera passer pour Dieu. Quel pape a fait cela ? Qu'il prétendra être le Christ, etc. (Witham) --- Saint Augustin (de Civ. Dei. livre xx. chap. 19.) dit, qu'une attaque serait faite à la fois contre l'empire romain et l'Église.

L'empire romain subsiste encore en Allemagne, quoique fort affaibli et réduit. L'Église catholique romaine, malgré toutes ses pertes et l'apostasie de beaucoup de ses enfants, est toujours restée la même. (Calmet) Les deux signes particuliers du dernier jour seront une révolte générale, et la manifestation de l'Antéchrist, qui sont tous deux tellement dépendants l'un de l'autre, que saint Augustin ne fait qu'un des deux.

Quelle folie présomptive chez Calvin et d'autres réformateurs modernes, pour s'opposer aux sentiments universels des pères de l'Église latine et grecque ! Quelle incohérence, de donner des interprétations aussi forcées, non seulement fort différentes des expositions de l'antiquité sonore, mais aussi fort différentes les unes des autres ! L'Église de Dieu, avec sa tête, forte des promesses de Jésus-Christ, persévérera jusqu'au bout, frustra circumlatrantibus hæreticis.

(Saint Augustin, de util cred. chap. xvii.) --- Dans le temple. Soit celui de Jérusalem, que certains pensent qu'il reconstruira ; ou dans quelque église chrétienne, qu'il pervertira à son propre culte ; comme Mahomet l'a fait avec les églises de l'Orient. (Chaloner)

[BIBLIOGRAPHIE]

Nisi venerit discessio primum, grec : e apostasia. Saint Jérôme (Ep. ad Algasiam. q. 11. t. 4. p. 209) Grec : Apostasia, inquit....ut omnes Gentes, quæ Rom. Imperio sous-jacent, recedant ab eis.

[BIBLIOGRAPHIE]

Saint Jean Chrysostome ( grec : log. dp 235) dit que par ces mots, vous savez ce qui entrave, on entend probablement l'empire romain, etc. et Tertullien (lib. de Resur. Carnis. chap. xxiv. p. 340) sur ces mots, jusqu'à ce qu'ils soient écartés, donec de medio fiat, Quis nisi Romanorum status?

[BIBLIOGRAPHIE]

Saint Jean Chrysostome ( grec : log. gp 232) grec : ti estin e apostasia autoi kalei ton Antichriston. Voir Théodoret à cet endroit.

[BIBLIOGRAPHIE]

Saint Cyrille de Jérusalem (Cat. xv) dit, cette apostasie est issue de la vraie foi et des bonnes œuvres : Grec : aute estin e apostasia. Saint Anselme et d'autres mentionnent les deux expositions, c'est-à-dire de l' empire romain, ou de la foi.

[BIBLIOGRAPHIE]

Saint Augustin : Ego prorsus quid dixerit, me fateor ignorare....suspiciones tamen hominum, quas vel audire, vel legere potui, non tacebo, &c. Quidam putant hoc de Imperio dictum esse Romano, &c.

[BIBLIOGRAPHIE]

Grec : O anthropos tes amartias, o uios tes apoleias, o antikeimenos, &c. ille homo peccati, ille filius perditionis : les articles grecs désignent suffisamment un homme particulier.

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