Commentaire Populaire de Kretzmann
Marc 15:14
Alors Pilate leur dit : Pourquoi, quel mal a-t-il fait ? Et ils s'écrièrent d'autant plus, crucifie-le !
Quel tableau l'évangéliste peint ici ! La cohue déferlante devant le prétoire, canaille en grande partie, mais renforcée par les amis des conseillers juifs ; le procureur faible et vacillant, impuissant devant l'avidité de sang de la multitude, apparaissant tantôt sur l'estrade devant eux, puis disparaissant un moment, se creusant la tête pour sortir quelque peu de la difficulté ; les grands prêtres et les membres du sanhédrin, circulant dans la foule, portaient l'excitation à son plus haut degré, car leur compréhension et l'utilisation conséquente de la psychologie de la foule leur permettaient de dominer la situation.
Pilate avait introduit l'usage de donner sa liberté à quelque prisonnier en cette fête, celui dont le peuple désirait la libération étant ordinairement remis en liberté. Cette coutume était maintenant pratiquement devenue une obligation. Le peuple s'attendait à cette faveur à Pâques ; et lui et eux pensèrent à ce fait. Pilate croyait qu'il pouvait encore sauver la situation en donnant au peuple le choix entre Jésus et Barabbas.
Car ce dernier était un criminel exceptionnellement féroce. En tant que chef ou l'un des principaux membres d'une bande de rebelles, dans l'une des nombreuses insurrections qui troublaient le gouvernement, il avait commis un meurtre. Il avait été pris avec ses complices et attendait maintenant sa punition, enfermé en prison. Le gouverneur a estimé qu'aucun peuple ne pouvait être assez dépravé pour demander un tel paria de la société. Mais à peine avait-il pris sa décision sur la conduite de l'affaire, que le peuple, s'élançant, se mit à exiger qu'il fasse selon l'usage, qu'il lui accorde ce qu'il lui avait toujours donné. Leur demande s'accompagnait de beuglements bruyants de la populace, qui sentit instinctivement qu'elle avait la situation entre les mains.
La faible proposition de Pilate les a confirmés dans leur croyance : Est-ce votre souhait et désir, dois-je vous libérer le roi des Juifs ? Son choix de noms pour le Christ à ce moment-là était probablement des plus malheureux, car son utilisation même était un défi et une insulte pour les membres du Sanhédrin. Ordinairement, ce stratagème consistant à jouer le peuple avec son champion, qu'il avait acclamé avec tant de cris de joie quelques jours auparavant, contre les prêtres, dont le règne n'était pas toujours apprécié par les membres ordinaires de l'Église juive, aurait pu réussir.
Car Pilate supposait à juste titre, et sa conviction se confirmait à chaque nouveau mouvement des accusateurs, que la jalousie, l'envie, étaient la véritable raison pour laquelle Jésus a été livré à la juridiction de sa cour. Mais les prêtres avaient trop réussi à émouvoir, à exciter, à exciter le peuple. Il n'y avait même plus la moindre ressemblance avec un procès ordonné avec des pistes froides et sensées des deux côtés.
Le peuple, sous l'impulsion prudente des grands prêtres, était pleinement convaincu dans son esprit qu'en réalité, pour sa propre personne, il préférait que Barabbas lui soit relâché. Un autre appel de Pilate : Alors, que souhaites-tu que je fasse de Celui que tu appelles Roi des Juifs ? La répétition du titre détesté était à nouveau un geste insensé de la part de Pilate. Attaché à un parfait spasme de fureur, le peuple, conduit par les grands prêtres, cria : Crucifie-le ! La faible remontrance de Pilate quant à toute culpabilité de sa part était comme le chant d'un grillon au milieu d'une tornade.
Car avec une rage croissante, le cri mugissant se répandit dans les rues étroites de la ville : Crucifie-le ! Le temps de la raison et du bon sens était révolu. La rage déchaînée de la populace voulait du sang, et Pilate, bien que convaincu de l'innocence du Christ, savait que la situation le dépassait, car ce cri qui s'éleva du peuple, au-delà de toute mesure, lui montra qu'il était trop tard pour réclamer justice. .
Plus d'un soi-disant homme du monde, qui se croit neutre à l'égard du christianisme et croit qu'il faut bien se laisser aller, car sans aucun doute l'Église chrétienne fait beaucoup pour la communauté, a suivi l'exemple de Pilate dans une crise. Sentant que sa conviction originelle était la bonne, la juste, il a pourtant, en période d'agitation populaire et de manifestation, rejoint le rang de la populace qui acclame aujourd'hui et maudit demain, qui crie "Hosanna" dimanche et beugle un rauque " Crucifie-le!" le vendredi suivant.