Matthieu 7:13-14

Les Deux Voies (7:13-14).

Jésus commence son exhortation finale en leur proposant un choix quant à la voie qu'ils prendront à l'avenir. Ses paroles révèlent qu'il est très conscient que parmi le groupe de disciples il y en a dont l'engagement n'est pas authentique (cf. Jean 6:66 ) car il connaît le cœur des hommes ( Jean 2:23 ).

C'est à eux que s'adressent principalement ces paroles, bien qu'en même temps ils rappellent à tous que la voie du disciple est étroite et affligée, et qu'ils doivent s'examiner s'ils sont dans la foi ( 2 Corinthiens 13:5 ). Ils doivent s'assurer s'ils sont entrés par la porte étroite ou non.

Ce passage est parallèle à Matthieu 5:13 dans le chiasme global du Sermon. Ils étaient destinés à être le sel de la terre et la lumière du monde, mais s'ils devaient l'être, ils devaient choisir la bonne voie.

L'idée d'un choix entre deux voies est courante dans l'Ancien Testament. Moïse a informé le peuple alors qu'il approchait de sa mort : « voici que j'ai mis devant vous aujourd'hui la vie et le bien (obtenu en aimant Dieu et en marchant dans sa voie), et la mort et le mal » ( Deutéronome 30:15 ). On y retrouve les mêmes thèmes de vie et de destruction qu'ici.

Un choix similaire se trouve dans Josué 24:14 lors d'une cérémonie d'alliance officielle, où il déclare « choisissez-vous aujourd'hui Qui vous servirez », bien que la réponse attendue de tous était qu'ils serviraient le Seigneur. On peut le trouver dans le Psaume 1 où la béatitude de l'homme qui se complaît dans la Loi de Dieu est contrastée avec le jugement sur les méchants, et il termine par les mots "le Seigneur connaît la voie du juste, mais la voie de la volonté impie périr' ( Matthieu 7:6 ).

De plus, dans Isaïe, l'âge à venir se résumait en termes d'un chemin de sainteté dans lequel seuls les justes marcheraient, un chemin qui les conduirait à la joie éternelle, quand toute tristesse et chagrin s'enfuiraient ( Ésaïe 35:8 ) , et ce dans le contexte des signes messianiques ( Ésaïe 35:5 , comparer Matthieu 11:4 ).

Et ainsi ils entendraient un mot derrière eux disant : « C'est le chemin, marchez-y » lorsqu'ils tournaient à droite ou à gauche ( Ésaïe 30:21 : Ésaïe 30:21 ). Ainsi, le choix d'une nouvelle façon d'entrer est en ces termes une indication de l'arrivée de l'âge messianique.

Comme souvent avec les paroles de Jésus, nous avons ici à la fois un chiasme, centré sur le jugement qui est le thème de tout le passage, et une séquence qui mène d'un aspect à l'autre.

Une analyse.

a Entre par la porte étroite,

b Car large est la porte, et large est le chemin qui mène à la perdition,

c Et nombreux sont ceux qui entrent par elle,

b Car étroite est la porte, et resserré est le chemin qui mène à la vie,

a Et peu sont ceux qui le trouvent.

En 'a' nous avons la porte étroite et dans le parallèle peu la trouveront. Dans 'b' et son parallèle, nous avons la comparaison entre les deux alternatives, et au centre de 'c' se trouve l'accent mis sur le fait que le plus grand nombre entre dans la voie de la destruction, quelque chose qui continue d'être l'accent dans Matthieu 7:19 ; Matthieu 7:23 .

a Entre par la porte étroite,

b Car large est la porte, et large est le chemin qui mène à la perdition,

b Et nombreux sont ceux qui entrent par elle,

a Car étroite est la porte, et resserré est le chemin qui mène à la vie,

a Et peu sont ceux qui le trouvent.

Jésus commence par le commandement « d'entrer par la porte étroite ». Comme ailleurs, il parle d'« entrer dans  la Règle royale des cieux », nous pouvons probablement être considérés comme destinés à voir l'un aboutir à l'autre ( Matthieu 5:20 ; Matthieu 7:21 ; Matthieu 18:3 ; Matthieu 19:23 ; Jean 3:5 ; comparer Matthieu 11:12 ).

Les idées de 'vie' et de Règle Royale du Ciel tendent à aller de pair (voir Matthieu 25:34 avec 46 ; Matthieu 19:16 avec 23, 24).

L'accent mis sur l'étroitesse de la porte indique qu'elle est réservée à un petit nombre, et que ceux qui la choisissent doivent s'attendre à se retrouver avec relativement peu de compagnons. Ce n'est pas une porte vers laquelle les hommes afflueront. Étant étroit, il doit être entré un à la fois. Ce n'est pas non plus facile à trouver (seuls ceux qui cherchent le trouveront - Matthieu 7:7 , comparez Matthieu 6:33 ) et seuls ceux qui sont sérieux et déterminés, et sensibles à ses paroles le feront. Mais s'ils veulent trouver la vie, c'est cette porte par laquelle ils doivent entrer.

L'alternative est la porte large et la voie large. C'est là qu'ils trouveront les foules. C'est la manière populaire et n'a pas à être trouvée. C'est une évidence pour tous. C'est la façon dont la plupart des gens ont choisi, car elle est totalement sans restriction, et là-dessus vous pouvez penser ce que vous voulez, croire ce que vous aimez et faire ce que vous voulez, et il y a beaucoup de place pour tout le monde. Mais il y a un problème lié à cela. Cela conduit à la « destruction ».

Remarque sur la destruction.

'Destruction' (apowleia) est, dans le sens utilisé dans ce verset, trouvé seulement ici dans Matthieu (il est utilisé dans Matthieu 26:8 ; Marc 14:4 du 'déchet' qui a résulté de verser la précieuse pommade sur Jésus' tête au lieu de la donner aux pauvres).

Mais on le trouve dans Actes 8:20 : Actes 8:20 , où Pierre dit à Simon : « votre argent soit en destruction (perdition) avec vous » ; dans Actes 25:16 où cela signifie simplement « être mis à mort » ; dans Romains 9:22 où les vases de colère sont adaptés à la Destruction ; dans Philippiens 1:28 où c'est l'opposé du salut ; dans Philippiens 3:19 où c'est le destin de ceux dont le dieu est leur ventre ; dans 2 Thesaloniciens 2:3 où l'Homme de Péché est aussi « le fils de la Destruction » ; dans 1 Timothée 6:9 où le désir de richesse se traduit par des désirs insensés et blessants qui noient les hommes dans la ruine (olethros) et la Destruction (apowleia) ; dans Hébreux 10:9où ceux qui reculent face à la persécution le font « à la Destruction » ; dans 2 Pierre 2:1 où « les hérésies de destruction (comme nier le Seigneur qui les a achetées) entraînent pour eux une destruction rapide ; dans le verset suivant dans 2 Pierre 2:2 où leurs voies sont des voies de Destruction; dans Matthieu 2:3 où leur Destruction approche à grands pas ; dans 2 Pierre 3:7 où les cieux et la terre sont « réservés au feu contre le jour du jugement et de la destruction des hommes impies » ; 2 Pierre 3:16 où ceux qui sont ignorants et instables arrachent les Écritures à leur propre Destruction; dans Apocalypse 17:8où la bête qui surgit de l'abîme est sur le point d'entrer dans la Destruction (pour être jetée vivante dans l'étang de feu - Apocalypse 19:20 ) ; et dans Apocalypse 17:11 où de nouveau la bête doit entrer dans la Destruction.

Comparez aussi l'utilisation du verbe apparenté apollumi dans Matthieu 10:28 ; Matthieu 18:11 ; Matthieu 18:14 . Mais il est aussi régulièrement utilisé simplement de mourir, comparer Romain Matthieu 6:23 . (Dans le travail de Platon sur l'immortalité, l'utilisation d'apollumi représente clairement l'annihilation totale).

La "destruction" est mise en parallèle avec l'Hadès dans la littérature juive telle que les Psaumes de Salomon Matthieu 14:9 où il est dit que "leur héritage est l'Hadès, les ténèbres et la Destruction, et ils ne seront pas trouvés le jour où les justes trouveront miséricorde". Et la même idée (bien que dans LXX pas apowleia) se retrouve dans Psaume 16:10 , où il y a aussi un contraste de destruction avec 'vie' ( Matthieu 7:11 ).

Le contraste entre la vie et l'apolée se trouve également dans les Psaumes de Salomon Matthieu 9:9 ( Matthieu 7:5 ), "celui qui pratique la justice s'épargne la vie avec le Seigneur, et celui qui fait le mal perd sa vie pour la destruction" ; et dans Matthieu 13:9 ( Matthieu 7:11 ), 'car la vie des justes sera éternelle, mais les pécheurs seront emportés dans la destruction'.

Ainsi, la « Destruction » indique la fin terrible des « injustes », ceux qui ne répondent pas à Dieu et à Sa volonté.

Fin de remarque.

La porte étroite et ourlée de manière (restreinte) en revanche mène à la vie. Il est étroit et exigeant, et « enfermé » à cause des problèmes auxquels ils seront confrontés, et parce que ceux qui s'y trouvent ne sont pas libres de faire ce qu'ils veulent. Leur choix est restreint. Ils doivent faire la volonté du Père. Mais c'est le seul chemin qui mène à la vie. Ils doivent donc choisir la voie qu'ils emprunteront.

Plus tard dans Matthieu, l'entrée dans la « vie » est mise en contraste avec le fait d'être jeté dans le feu éternel ou la Géhenne ( Matthieu 18:8 ). Il est parlé comme se référant à « la vie éternelle », la « vie de l'âge à venir », aussi bien dans les yeux de jeune homme riche ( Matthieu 19:16 ) et dans les paroles de Jésus ( Matthieu 19:29 comparer Matthieu 7:17 ; Matthieu 25:46 ). Les deux font ici référence à l'entrée dans le royaume éternel.

Le poète parlait d'un chemin haut, et d'un chemin bas, et d'un chemin « intermédiaire » sur les « appartements brumeux », qui n'était ni l'un ni l'autre. Mais aux yeux de Jésus, ceux qui se trouvent sur cette voie « intermédiaire » sont dans la voie large. Car le fait fondamental est que chaque homme est soit dans la voie étroite et affligée, soit il ne l'est pas. Et ce chemin est le chemin de l'obéissance ( Ésaïe 30:21 ). C'est la manière de faire la volonté de son Père qui est aux cieux ( Matthieu 7:21 ).

Tous doivent donc choisir la porte par laquelle ils entreront et le chemin qu'ils emprunteront, que ce soit la porte populaire choisie par l'homme, où tout passe, ou la porte étroite du repentir et de l'entrée sous la Règle royale du Ciel, qui doit aboutir à marcher dans le chemin de Dieu tel que révélé par Jésus dans ce Sermon.

Il est douteux que nous ayons l'intention de compléter le tableau en décidant où mènent les portes et les chemins, Ésaïe 35:8 d'un point de vue terrestre pratique (comparez Ésaïe 35:8 ), car Jésus n'a peut-être pas eu d'image particulière dans dérange. D'un autre côté, il se peut bien que l'idée de la porte et du chemin larges soit venue de sa propre mémoire d'année en année des pèlerins affluant joyeusement par les larges portes de Jérusalem sur la route de Jéricho, et balayant vers le Temple, vers ce qu'ils considéraient comme le lieu où ils pouvaient rencontrer Dieu, le lieu qui était le centre de leur vie.

Ils donnaient alors une grande impression de ferveur religieuse et d'honnêteté. Mais la majorité d'entre eux ne se soumettraient jamais à Jésus et ne trouveraient donc jamais cette vie. Leur religion était à fleur de peau. Dans ce cas, la porte étroite pourrait être la porte du guichet utilisée uniquement lorsque les grandes portes étaient fermées, et utilisée surtout en temps de guerre lorsque des individus entraient et sortaient, et elle ouvrirait la voie à ceux qui entraient dans un lieu d'affliction. et tribulations. Mais tout cela n'est que supposition.

Cependant, ce que la porte étroite indique est la pleine réponse à Jésus de ceux qui entrent. Ils entrent parce qu'ils ont entendu ses paroles. Et le chemin étroit est le chemin de la tribulation et des troubles mondains qui résultent de la prise de leur croix et de sa suite. Cela pourrait aussi être vu comme le chemin vers la présence de Dieu comme décrit dans Matthieu 7:7 , alors qu'ils Le cherchent et frappent.

Donc, ce qui compte vraiment pour Ses auditeurs, c'est de savoir où mènent les chemins. Ils mènent finalement à la vie ou à la destruction. Ce qu'ils indiquent, c'est un choix individuel qui doit être fait pour ceux qui voudraient franchir la porte étroite, et une confrontation au besoin d'une continuation dans la voie qu'ils ont choisie. Cela indique la nécessité de persévérer, et la reconnaissance qu'un tel chemin ne sera pas facile (voir Matthieu 16:24 ).

Il y a aussi un désaccord quant à savoir si les portes en question s'ouvrent sur les chemins, ou si elles sont au bout des chemins (par exemple les portes d'Hadès - Matthieu 16:18 ). L'ordre des mots suggère fortement le premier, auquel cas la porte étroite est la porte de l'engagement à suivre Jésus et à marcher dans sa voie, et à entrer sous la Règle royale de Dieu, mais elle n'est pas assez concluante pour avoir convaincu toutes les personnes.

Cependant, l'importance que les chrétiens accordèrent plus tard à cette idée générale ressort peut-être du fait qu'ils furent plus tard appelés les gens du Chemin ( Actes 9:2 ; Actes 18:25 ; Actes 19:9 ; Actes 19:23 ; Actes 22:4 ; Actes 24:14 ; Actes 24:22 ).

Nous ne pouvons terminer de commenter ces paroles sans souligner combien il est important pour chacun de nous d'entrer par la porte étroite de l'engagement au Christ, et de marcher sur la voie « pressurisée », la voie de faire la volonté de Dieu.