Commentaire de la Bible du sermon
1 Rois 19:11-13
I. C'était une œuvre étrange à laquelle Elie fut appelé lorsqu'on lui enjoignit de défier le roi de son pays, de se moquer des prêtres de Baal dans leurs hauts lieux, et finalement d'en détruire quatre cents. La gloire du service consistait en ceci, qu'il était la victoire de la faiblesse sur la force, signe combien pauvre et trompeuse toute puissance visible est en conflit avec l'invisible. Mais celui qui a mission de déclarer cette vérité au monde peut être lui-même dans le plus grand danger de l'oublier ; bien plus, le pouvoir même qui lui a été donné à cette fin peut le tenter de l'oublier.
Et c'est pourquoi il est miséricordieusement ordonné qu'après de tels efforts, et avant que l'orgueil qui leur succède ne mûrisse, une sorte de stupeur s'empare de l'esprit de l'homme qui s'est récemment élevé si haut. Elijah découvre combien peu le souvenir d'une grande réussite peut le soutenir ; il n'est pas meilleur que ses pères, bien que le feu soit descendu à son appel, et bien qu'il ait tué quatre cents prêtres.
II. Sa discipline est des plus gracieuses. On lui apprend ce que le pouvoir n'est pas et ce qu'il est ; il est guéri de sa soif de ce pouvoir qui mettra les rochers en pièces, et on lui apprend à apprécier sa faiblesse ; on lui montre quelle sorte de force c'est qui pourrait sortir de cette faiblesse pour émouvoir ses semblables. Nous devons également avoir cette vérité enfoncée dans nos cœurs. Les serviteurs de Christ doivent apprendre à entendre la petite voix douce qui leur dit : "Voici le chemin ; marchez-y", par l'expérience de leur propre ignorance, de leur confusion et de leur propre volonté ; ils doivent apprendre que les moyens les plus silencieux sont les plus puissants, que les actes doux et aimants sont les meilleurs témoins du Dieu d'amour.
FD Maurice, Sermons pratiques, p. 447.
Elijah est un vrai type des héros de la théocratie. Dans un temps de dégradation, d'idolâtrie universelle, il était possédé par la pensée de la gloire de Dieu. Sa tentation était la tentation des grandes âmes que la soif de justice et de sainteté consume. Comme tous les hommes ardents, Elie passe d'un extrême à l'autre ; le découragement s'empare de lui ; sa foi est obscurcie ; Dieu l'abandonne, les voies du Tout-Puissant lui sont incompréhensibles, et il accuse Dieu d'oublier sa cause.
La tempête, le tremblement de terre, l'incendie, n'était-ce pas ce qu'Elie avait demandé lorsqu'il reprochait au Seigneur son inaction et son silence incompréhensible ? Il voit l'orage, il tremble, et le Seigneur n'est pas là. Dans le son doux et grave, il reconnaît la présence de Dieu ; et se couvrant la tête de son manteau, il s'incline et adore. De cette scène, nous pouvons tirer les instructions suivantes :
I. Apprenons à ne pas juger le Tout-Puissant. Souvent les retards de Dieu nous étonnent. Son silence nous paraît inexplicable. Souvenons-nous que la colère de l'homme n'accomplit pas la justice de Dieu ; et pour vaincre le mal, imitons cette Divine Providence qui, tout en pouvant soumettre par la force, vise avant tout à triompher par l'amour.
II. Nous avons ici aussi une pensée de consolation. L'amour est l'explication finale et suprême de tout ce que Dieu a fait dans l'histoire de l'humanité et dans notre propre histoire, l'amour et non la colère, l'amour et non la vengeance, quoi que notre cœur ait parfois pu penser.
III. Elie reçut l'ordre de retourner au poste et à la mission qu'il n'aurait jamais dû abandonner. Revenons aussi au poste du devoir, en y apportant une foi ranimée, une espérance plus lumineuse, un amour plus fort et plus persévérant.
E. Bersier, Sermons, 2e série, p. 244.