Psaume 106:15

C'est une circonstance terrible, et pourtant il est vrai que nos miséricordes peuvent être nos malédictions ; que notre désir prouve notre ruine. L'homme, direz-vous, qui a obtenu l'objet de son désir, soit par la prière, soit par le travail, doit être heureux. Il sème et moissonne abondamment ; il jette ses filets dans la mer, et les remonte pleins de poissons ; tous ses marchés finissent par gagner : il pourrait avoir en sa possession la pierre philosophale, qui change en or tout ce qu'elle touche.

Mais il y a un sombre contre-pied contre tout cela. Quand vous en venez à regarder à travers les circonstances de l'homme en lui-même, vous trouvez ce que le psalmiste appelle ici la maigreur ; et par maigreur, il entend le gaspillage, l'émaciation, la perte de force et de beauté. Quelle est cette maigreur ? Comment découvrirons-nous sa présence en nous-mêmes ou dans les autres ?

I. Par sa confiance dans les choses extérieures. Inutile de vous dire qu'un des dangers qui nous assaillent toujours est celui de mettre notre confiance dans les choses qui sont à nos yeux et à portée de nos mains. Et plus ces choses se multiplient autour de nous, plus grand est notre danger. La grâce est nécessaire à tout homme, mais une grande grâce est nécessaire à l'homme qui reçoit sa demande. Le pouvoir éclipsant du succès est effrayant.

II. Un autre symptôme de maigreur spirituelle, et l'un des résultats d'avoir notre demande, est l'autosatisfaction. Nous ne vivons pas à une époque héroïque. Comme les hommes sous l'influence d'un climat méridional, notre endurance se détériore. Nous convoitons le repos plutôt que le travail, la jouissance plutôt que l'abnégation pour notre propre bien ou celui des autres. Ce n'est pas une calomnie de dire que le plaisir est le dieu de notre temps, et que les hommes reculent de plus en plus devant tout ce qui implique l'oubli et l'abnégation.

Mais cet esprit se défait lui-même. Le plaisir recherché pour lui-même est difficile à trouver, plus difficile encore à retenir, et devient plus timide et inaccessible à mesure que sa poursuite devient le but et l'affaire de la vie.

III. Perte de sympathie avec tout ce qui aide à édifier la vie spirituelle. Il n'y a de vie que celle de Dieu Lui-même qui possède un pouvoir d'auto-entretien ; et bien que la vie qui est engendrée en nous par la foi soit la plus élevée de la terre, même celle-ci n'est pas immortelle si l'on lui refuse la nourriture qui lui a été fournie. Notre texte nous parle comme avec la voix d'une trompette, et résonne la grande et impressionnante vérité que nous ne pouvons pas être trop gardés dans nos requêtes ou dans nos désirs pour des choses simplement temporelles. Au-delà du nécessaire, tout le reste doit être recherché dans une subordination très humble et volontaire à la volonté de Dieu. Car qui d'entre nous sait ce qui, au-delà, est bon pour nous ?

E. Mellor, Sur les traces des héros, p. 106.

Le principe du texte s'applique :

I. À l'homme qui commence sa vie avec l'idée qu'être riche est le résultat le plus élevé du travail.

II. A tous ceux qui voudraient échapper à un devoir pénible afin qu'ils puissent se livrer à l'amour de la facilité et de la tranquillité.

III. Aux hommes qui prennent toutes leurs dispositions en vue du confort de leurs goûts physiques exclusivement.

IV. Le jugement de Dieu tombe sur la nature la plus élevée ; il tombe sur l'âme. L'homme sur lequel repose la désapprobation de Dieu se dessèche à sa racine même. Son pouvoir mental décline ; sa nature morale se dessèche ; il descend dans le volume et la qualité de son être.

V. La grande leçon de ce texte est de dire du fond du cœur, avec un amour tremblant mais sincère : « Que notre volonté ne soit pas faite, mais la Tienne. L'école dans laquelle cette grande leçon peut être apprise s'appelle la Croix.

Parker, Temple de la ville, 1870, p. 147.

Continue après la publicité
Continue après la publicité