Horae Homileticae de Charles Simeon
Exode 15:24-25
DISCOURS : 85
LES EAUX DE MARAH SUCRÉES
Exode 15:24 . Et le peuple murmura contre Moïse, disant : Que boirons-nous ? Et il cria au Seigneur; et le Seigneur lui montra un arbre qui, lorsqu'il l'eut jeté dans les eaux, les eaux devinrent douces. Là, il fit pour eux un statut et une ordonnance ; et là il les a prouvés .
GRANDES sont les vicissitudes de la vie humaine : personne non plus n'en est exempt. Même les serviteurs les plus favorisés de Dieu, lorsqu'ils se meuvent expressément de la manière qu'il leur a assignée, peuvent être réduits pour ainsi dire en un instant du plus haut sommet de la prospérité terrestre à un état de détresse et d'angoisse les plus profonds. Sans parler d'un Joseph emprisonné, d'un David détrôné, d'un Daniel incarcéré, nous remarquons que toute la nation d'Israël exulte dans la délivrance la plus complète qui ait jamais été accordée à n'importe quel peuple dans le monde, et en trois jours réduite au découragement total. Mais de ceci nous pouvons tirer beaucoup d'instructions profitables ; tandis que nous remarquons,
I. Leur procès—
C'était en effet sévère...
[Nous n'avons aucune idée en général combien notre bonheur, et même nos vies, dépendent des bontés communes de la Providence. Nous le reconnaissons en effet en paroles ; mais nous n'avons en aucun cas un sens proportionné de nos obligations envers Dieu pour un approvisionnement régulier en eau. Les Israélites avaient voyagé trois jours et n'en avaient trouvé aucun ; jusqu'à ce qu'enfin, venant à Marah, ils trouvèrent un approvisionnement abondant : mais voici, l'eau était si amère qu'elle ne pouvait être utilisée pour un usage général.
Quand les Israélites, en plus de leur besoin, durent éprouver cette douloureuse déception, ils se mirent à murmurer et à se plaindre.]
Mais leurs murmures étaient faux —
[Si la question qu'ils posaient à Moïse n'avait été qu'un simple interrogatoire, cela avait été assez innocent : mais c'était une plainte incrédule et passionnée. (Combien de fois nos paroles aussi, ou nos actions, inoffensives peut-être quant à leur forme extérieure, alors que, à cause de l'esprit avec lequel elles sont mélangées, elles sont des plus odieuses et détestables aux yeux de Dieu !) Mais pourquoi devraient-elles murmurer contre Moïse ? Il ne les y avait pas conduits de son propre gré, mais par l'ordre de Dieu.
Leur mécontentement contre lui était, en fait, dirigé contre Dieu lui-même. (Et il serait bon que nous nous souvenions qu'en exprimant notre colère et notre indignation contre les instruments par lesquels Dieu nous afflige à tout moment, nous l'exhalons en réalité contre celui qui les utilise.) Et pourquoi devraient-ils murmurer contre Dieu ? Avait-il commis un oubli en les amenant dans cette situation ? Avait-il oublié d'être aimable ? A-t-il été tellement changé en l'espace de trois jours, qu'il ne pouvait plus imaginer un moyen pour leur soulagement ? Ou son oreille était-elle devenue si lourde qu'il ne pouvait pas entendre, ou sa main si raccourcie qu'il ne pouvait pas sauver ? N'auraient-ils pas plutôt conclu que maintenant, comme en de nombreuses occasions récentes, il avait permis à leur procès d'être grand, afin qu'il puisse magnifier plus abondamment sa propre puissance et miséricorde dans leur délivrance ? Sans aucun doute, cela serait devenu celui qui avait vu tant et de tels miracles prodigieux opérer en leur faveur.]
Nous fixons ensuite notre attention sur,
II.
Leur délivrance—
Certains ont pensé que la guérison des eaux en y jetant un arbre était destinée à symboliser l'adoucissement de toutes nos afflictions et l'élimination de toutes nos peines par la croix de Christ. Il se peut qu'il en soit ainsi : mais nous craignons de nous aventurer sur un terrain qui ne soit pas expressément foulé par les écrivains inspirés. On se contentera donc plutôt de montrer ce que Dieu a déclaré indiscutablement par cette singulière interposition :
1. Qu'il n'est jamais à court de moyens pour réaliser ses desseins—
[Si nous ne voyons pas quelque ouverture par laquelle Dieu puisse venir à notre secours, nous sommes prêts à penser qu'il est tout à fait exclu de nous. Mais quel besoin a-t-il de quelque moyen que ce soit ? Quels moyens employa-t-il pour construire l'univers ? En effet, les moyens mêmes qu'il utilise sont généralement tels qu'ils ne tendent qu'à démontrer, par leur insuffisance totale, l'action puissante de son propre pouvoir. C'est ainsi qu'il guérit les eaux délétères d'une source et la stérilité de la terre à travers laquelle elles coulaient, par une seule cruche de sel [Note : 2 Rois 2:21 .
] : et ainsi aussi lorsqu'il restaura les Israélites mordus par le serpent par la simple vue d'un serpent d'airain. Quant à l'idée que l'arbre lui-même possède des qualités propres à produire l'effet, on ne peut pas l'admettre un seul instant ; parce que les eaux suffisaient à l'approvisionnement de deux millions de personnes, en plus de tout leur bétail ; et parce que l'effet s'est produit instantanément. Nous redisons donc que l'insuffisance ou les moyens dont il s'est servi n'ont montré que plus clairement la toute-suffisance de sa propre puissance, précisément comme lorsque par la voix d'un ver faible il réveille les hommes de leur mort dans les offenses et les péchés. : 2 Corinthiens 4:7 .]
2. Qu'il honore la prière humble et croyante—
[Il y a une telle « efficacité dans la prière fervente d'un homme juste », que Dieu, s'il nous est permis ainsi de parler, n'est pas capable de la résister. Voyez des personnes en quelque circonstance que ce soit, et vous êtes sûr de les trouver dégagées de leurs difficultés et victorieuses de leurs ennemis, une fois qu'elles se mettent à prier. Même si le peuple lui-même est si indigne, pourtant, s'il a pour lui un avocat et un intercesseur au trône de la grâce, il échappe presque toujours aux jugements que Dieu avait dénoncés contre lui ; si cordialement « Dieu prend plaisir à la prière des hommes droits », et si désireux d'encourager toutes les personnes à prier pour elles-mêmes.
L'esprit murmurant du peuple aurait pu inciter Dieu à refuser toute communication ultérieure avec eux : mais Moïse pria ; et son cri parvint aux oreilles du Seigneur des Armées.]
Mais l'épreuve et la délivrance furent envoyées en vue d'un bien ultérieur : considérons,
III.
Le dessein de Dieu dans chacun—
Parmi les autres objets que Dieu a conçu pour accomplir, les deux suivants semblent être particulièrement importants. Il a cherché à les amener à un sentiment de,
1. Leur devoir—
[Quelles lois et ordonnances particulières que Dieu leur a promulguées à ce moment-là, nous ne sommes pas informés. Mais il y a une chose qu'il leur a certainement fait savoir ; à savoir, la nature conditionnelle de l'alliance qu'il était sur le point de faire avec eux, et la suspension de ses faveurs à leur obéissance [Note : 6.]. Ils n'avaient jusqu'alors insisté que sur leurs privilèges, sans se soucier du tout de leurs devoirs : ils pensaient à ce que Dieu devait être pour eux ; mais pas de ce qu'ils devaient être pour Dieu.
Or Dieu, ayant adouci leur esprit par une lourde épreuve, et conciliant leurs regards par une interposition miraculeuse, leur ouvre la connexion entre le devoir et le privilège ; et les prépare ainsi à devenir « un peuple saint et particulier, zélé pour les bonnes œuvres ».]
2. Leur péché—
[Ce mélange de jugement et de miséricorde était bien calculé pour les amener à se connaître. L'épreuve seule ne ferait qu'irriter et enflammer leurs esprits : mais la délivrance appliquait un baume à leurs esprits blessés. Par leur union, ils seraient humiliés et amenés à reconnaître l'atrocité de leur ingratitude, de leur incrédulité, de leur querelle et de leur rébellion. Ceci est expressément déclaré avoir été une fin très principale de toutes les dispensations de Dieu envers eux dans le désert [Note : Deutéronome 8:2 .] : et c'est un objet principal de ses relations diversifiées avec son peuple à ce jour.]
Apprenons de ce sujet,
1.
Pour marquer l'effet des épreuves et des délivrances sur nos propres esprits—
[Si les épreuves toujours, au lieu de nous humilier, nous inquiètent; et si les délivrances ne produisent qu'une impression temporaire, et non un changement durable sur nos cœurs ; pouvons-nous avoir raison devant Dieu ? Ils doivent « travailler la patience, l'expérience et l'espoir » ; et au moyen d'eux, notre foi doit être purifiée de manière à tendre «à la louange, à l'honneur et à la gloire de notre Dieu lors de l'apparition de Jésus-Christ [Note : 1 Pierre 1:7 .]». En examinant ce point, nous pouvons « nous prouver nous-mêmes » et déterminer avec une précision considérable notre véritable caractère.]
2. Se défier de nos sentiments religieux—
[Nous pouvons être déplacés sous un sermon ou tout autre événement particulier ; on peut tantôt fondre en larmes, tantôt s'élever de joie ; et pourtant n'avons aucune racine en nous-mêmes, ni aucun héritage avec les saints dans la lumière. Qui qui avait entendu les chants dévots d'Israël à la mer Rouge, aurait pensé qu'en trois jours ils pourraient oublier totalement leurs miséricordes, et se livrer à un esprit si rebelle ? Mais regardez à l'intérieur ; et voyez si, après un exercice occasionnel d'affections religieuses, vous n'avez pas, dans un espace de temps encore plus court, été précipité dans l'indulgence des humeurs les plus impies, et la satisfaction d'un esprit qui est terrestre, sensuel et diabolique ? Ah ! pensez à « les auditeurs du sol pierreux, qui ont reçu la parole avec joie, et pourtant au temps de la tentation sont tombés ». N'insistez donc pas trop sur certaines émotions passagères ;
3. Placer une dépendance entière et uniforme à Dieu—
[Dieu jugera bon de nous éprouver et de retarder le soulagement que nous implorons. Mais n'entretenons pas de dures pensées à son égard. Depuis le temps d'Abraham, c'est devenu un proverbe, que « sur la montagne on verra l'Éternel ». Notre Isaac peut être lié, et le couteau réellement levé pour infliger le coup fatal, et tous ceux qui pourraient s'interposer pour sauver la victime peuvent être à une grande distance ; mais, au moment du besoin, la voix de Dieu du ciel arrêtera la main meurtrière et nous délivrera du coup imminent.
« La vision est encore pour un temps fixé ; c'est pourquoi, même s'il tarde, attendez-le : car à la saison Habacuc 2:3 il viendra, et ne Habacuc 2:3 pas [Note : Habacuc 2:3 .]. Que nos afflictions soient de nature temporelle ou spirituelle, nous pouvons être assurés de cette vérité bénie, que «ceux qui s'attendent à lui ne seront jamais confondus».]