Horae Homileticae de Charles Simeon
Matthieu 7:3-5
DISCOURS : 1326
LE POUTRE ET LA MOTE
Matthieu 7:3 . Et pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'œil de ton frère, mais ne considères-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? Ou comment diras-tu à ton frère : Laisse-moi arracher la paille de ton œil ; et voici, une poutre est dans ton œil ? Hypocrite, jette d'abord la poutre de ton œil ; et alors tu verras clair pour chasser la paille de l'œil de ton frère .
L'OBSERVATION et l'expérience montrent que moins quelqu'un connaît ses propres infirmités, plus il sera disposé à blâmer les infirmités des autres. Mais comme une telle disposition répugne totalement à cet amour que le christianisme inculque, notre Seigneur a mis en garde ses auditeurs contre cela et leur a enseigné, dans la parabole qui nous est présentée, à se scruter et à se réformer avant de prétendre assumer la charge de censurer et de récupérer les autres.
Dans cette parabole, nous pouvons observer,
I. Le mal de la censure—
La censure est un mélange d'orgueil et de malice. Il provient d'une haute vanité de notre propre valeur et d'un désir de réduire les autres à un niveau avec nous-mêmes, ou à un état inférieur à nous. C'est un mal,
1. Base en soi—
[L'homme qui censure les autres professe une haute estime pour la vertu et un zèle pour l'honneur de Dieu. Mais quel égard a-t-il pour la vertu qui ne la cultive pas dans son âme ? ou quel zèle a-t-il pour l'honneur de Dieu, qui n'amène pas son cœur à obéir à sa volonté ? A supposer même qu'il n'ait pas été lui-même notoirement fautif à d'autres égards (ce qui ne sera cependant jamais vérifié), combien flagrant est son manquement au devoir à l'instant même où il prétend avoir un tel respect pour le devoir ! Il viole le principe le plus reconnu de l'équité commune; il n'agit pas envers les autres comme, dans un changement de circonstances, il jugerait bon qu'ils agissent envers lui ; et donc à l'instant même où il condamne les autres, il se condamne à son insu.
Qui ne voit l'hypocrisie des pharisiens, qui s'indignaient contre Notre-Seigneur pour avoir fait des miracles le jour du sabbat, alors qu'eux-mêmes conspiraient contre sa vie ? Tels, à leur degré, sont tous ceux qui s'offusquent d'une paille dans l'œil de leur frère, alors qu'ils ont une poutre dans le leur. C'est pourquoi notre Seigneur s'adresse à eux par cette appellation humiliante : « Toi, hypocrite ». Un caractère plus bas que celui-ci peut à peine exister.]
2. Nuisible à notre prochain—
[Chacun tient à sa réputation et considère sa perte comme un grand malheur. Mais en jugeant un homme avec sévérité, ou en exposant inutilement ses fautes, nous lui enlevons sa réputation et l'appauvrisons sans nous enrichir. Nous pouvons voir à quel point une telle conduite est préjudiciable, si nous ne considérons que ce que nous ressentons lorsque nous sommes rigoureusement ou injustement censurés. La sensibilité que nous manifestons et le vif ressentiment que nous exprimons sont des indications suffisantes du préjudice que nous supposons au moins avoir subi.]
3. Insulter notre Dieu—
[Dieu le revendique comme sa prérogative de juger. Comme lui seul est au courant de toutes les circonstances d'une affaire, lui seul peut en juger correctement : en outre, il a fixé un jour où il déploiera sa justice, en accordant à chacun un jugement adapté à son véritable caractère : et il nous oblige à différer notre jugement jusqu'à ce moment-là [Note : Romains 14:10 ; 1 Corinthiens 4:5 .
]. Mais en prenant sur nous de censurer et de condamner les autres, nous envahissons sa prérogative, nous usurpons son pouvoir, nous nous installons sur son trône, nous supplantons, ou du moins anticipons, son jugement. Dans cette lumière, la censure est souvent énoncée par Dieu lui-même ; et une sainte indignation s'exprime invariablement contre ceux qui oseront s'y adonner [Note : Romains 14:4 .
Jaques 4:11 ; Jaques 2:13 .]
Notre Seigneur ayant exposé le caractère déraisonnable et l'impiété de ce péché, donne,
II.
Les conseils appropriés pour ceux qui en sont accros—
Le mal ici réprouvé n'est que trop commun, et cela aussi, même parmi les professeurs de religion : oui, peut-être, (leur profession n'étant pas assez tempérée d'humilité et d'amour) ils y sont plus exposés que d'autres, par erreur, que leur respect déclaré pour la religion leur donne droit, pour ainsi dire, à la fonction de censeurs. Mais à tous ceux qui s'en sont rendus coupables, nous devrions dire :
1. Considérez vos propres grandes et multiples infirmités—
[Il n'y a pas de meilleur antidote à la censure que celui-ci. Tant que nous continuerons à nous ignorer nous-mêmes, nous considérerons nos propres défauts comme peu nombreux et véniels, et serons disposés à magnifier tout ce que nous pouvons voir de travers chez les autres. Mais une connaissance de nos propres cœurs nous convaincra que s'il y a « une paille dans l'œil de notre frère, il y a une poutre dans le nôtre ». On peut concevoir bien des circonstances atténuantes qui peuvent diminuer l'énormité de sa conduite ; mais nous connaîtrons de nombreuses circonstances aggravantes dont Dieu et nous seuls sommes au courant, qui peuvent servir à accroître notre culpabilité et à nous humilier comme le chef même des pécheurs.
Lorsque la femme adultère fut amenée à notre Seigneur, il ordonna à ceux de ses accusateurs qui étaient sans péché d'exécuter la loi sur elle. Nous savons tous l'effet qu'a produit sur eux la conviction de leur propre culpabilité [Note : Jean 8:7 .]. Ainsi laisserons-nous aussi tomber la pierre que nous avons ramassée pour la jeter sur notre voisin, une fois que nous connaîtrons nos propres vilencss.]
2. Souvenez-vous de la relation dans laquelle celui que vous voudriez condamner se tient avec vous :
[Comme chaque personne souhaite cacher ses propres défauts, ainsi il sera prêt à atténuer les défauts de ceux qui lui sont proches et chers. Nous n'entendons généralement pas d'hommes dénoncer les infirmités de leurs parents ou de leurs enfants, de leur femme ou de leurs frères. Or la personne que le calomniateur traduirait, c'est son frère. Pas moins de trois fois dans le court espace du texte cette appellation attachante est donnée à notre voisin.
N'a-t-il donc pas droit, à partir de cette considération, à une partie de cette considération que nous accordons à nos plus proches parents ? Devrions-nous officiellement fouiller dans ses défauts ? Doit-on prétendre incriminer ses motivations ? Doit-on juger de son caractère général par un seul acte ; ou prendre un exemple ou deux d'indiscrétion, et les considérer comme des habitudes fixes et accoutumées ? Notre « frère » devrait sûrement recevoir un traitement bien différent de notre part.
Nous devons jeter un voile sur ses infirmités et exercer envers lui cette charité qui espère tout et croit tout [Note : 1 Pierre 4:8 ; 1 Corinthiens 13:7 .]
3. Purifiez votre propre cœur du mal, afin d'être le mieux qualifié pour blâmer ou conseiller les autres selon les circonstances—
[De même que les personnes qui dispensent les lois doivent nécessairement juger ceux qui leur sont présentés, de même tous les membres de la Cliurch du Christ doivent s'administrer fraternellement correction ou réprimande [Note : Lévitique 19:17 ; Éphésiens 5:11 .
]. Ce n'est pas tout jugement que le texte interdit, mais tout jugement dur et sévère. Il interdit de scruter les fautes d'autrui avec trop d'autorité et de les exposer inutilement au monde ; mais il nous laisse la liberté de faire cette réprimande qui est nécessaire pour réclamer un frère offensant. Mais pour avertir les autres avec effet, nous devons atteindre nous-mêmes une certaine mesure de pureté.
Que chacun alors commence par rectifier sa propre conduite. Que chacun soit soucieux de jeter la poutre de son propre œil, afin qu'il puisse ensuite aider avec plus de convenance et d'effet à arracher la paille de l'œil de son frère. Nous ne devons en effet pas rester jusqu'à ce que nous soyons parfaits avant d'essayer de profiter à notre frère ; mais nous devrions étudier pour parvenir à un jugement impartial, et cacher la lancette dans une éponge si nous voulions ouvrir un impostume ; et dans tous les cas, nous devons régler nos efforts avec charité et discrétion.]