Commentaire de la chaire de James Nisbet
Jean 16:5
LA DOULOUREUSE SURPRISE DU CHRIST
« Aucun de vous ne me demande où vas-tu ? »
En réfléchissant à ces paroles prononcées par notre Seigneur la nuit précédant sa mort, nous pouvons sembler discerner à travers elles une teinte de nombreux sentiments, dont aucun ne les caractérise complètement. Le chagrin, la réprimande et la pitié nous viennent tous à l'esprit alors que nous essayons d'imaginer ce qui a pu être le plus important dans ses pensées pendant qu'il parlait. Et pourtant nous sentons peut-être que tout cela est retenu et empêché, pour ainsi dire, de devenir prédominant dans les mots, qu'ils circulent plutôt qu'ils ne s'expriment à travers eux.
Mais on ne peut guère douter, je pense, qu'il y ait dans les sentiments complexes et mystérieux que les mots portent un élément de surprise, et quelque chose qui ressemble presque à de la déception.
Il les avait préparés pour son départ. Deux grands groupes de pensées avaient été constamment devant Lui, palpitant constamment à travers Ses paroles : les pensées de Son but, les pensées de leur besoin. Et il lui était étrange que leurs esprits soient si complètement absorbés par le second, si peu excités et inconscients du premier.
I. L'enseignement des paroles nous concerne tous clairement . — Ils nous invitent à nous demander si la grande vérité de la victoire et de l'exultation de notre Seigneur, la révélation de la hauteur à laquelle il a élevé la virilité, a jamais dit sur nos pensées et nos vies comme il voulait qu'il le dise. « Aucun de vous ne me demande où vas-tu ? » Nous pouvons presque l'imaginer, frères, nous parlant ainsi avec nos vues pauvres de la vie humaine, notre soumission à la douleur, notre découragement. Notre perte de cœur, notre aspiration hésitante et timide montrent si peu de sens de sa grande victoire sur nos péchés, si peu d'énergie de pensée et de souci de la gloire où il est entré.
II. La réponse à la question « Où vas-tu ? » peut en effet être donné dans cette vie, mais partiellement et très progressivement. Alors demandons, 'Seigneur, où vas-Tu ?' et écoutons la réponse dans ses propres mots, 'À celui qui m'a envoyé.'
( a ) La véritable vocation de l'âme humaine est dans la présence même de Dieu Tout-Puissant . C'est à cela que nous commençons en quelque sorte, quelque part, à nous préparer. Quel que soit l'espoir que nous ayons, il doit finalement s'élever, s'il doit être réalisé, à cette hauteur. Il n'y a pas de point inférieur auquel il puisse finalement se tenir. L'écart qui doit être comblé est en effet d'une immensité inconcevable. Nous avons peut-être renoncé à penser ; nous n'avons peut-être jamais pensé de manière adéquate à quel point notre caractère actuel est inférieur à notre idéal ; et notre idéal, confus et pécheur que nous sommes, doit être très inférieur à ce qu'il aurait pu être.
« Seigneur, où vas-tu ? » De nouveau, ses paroles donnent la réponse : 'À mon Père et votre Père, à mon Dieu et votre Dieu.' 'Pour vous préparer une place; que là où je suis, vous y serez peut-être aussi.
( b ) De toutes les misères, persécutions et oppressions, le cœur des hommes de tous les temps a été élevé par cette espérance , par la révélation de leur Rédempteur victorieux, attendant de les inviter à entrer dans sa joie. « Voici, je vois le ciel ouvert et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu. » 'Seigneur Jésus, reçois mon esprit.' Ces paroles du premier martyr Etienne ont résonné, plus ou moins clairement et avec anxiété, à travers la patience multiple des saints.
Nous pouvons parfois nous demander comment les hommes ont pu trouver la force et le courage qu'ils ont montrés pour l'amour de son nom ; comment, par exemple, ils supportaient toujours de rester seuls dans l'espace éblouissant du grand amphithéâtre, entourés de haine, de mépris et de rire, attendant que les bêtes sauvages soient lâchées sur eux. On peut s'étonner de l'amour tranquille et indomptable avec lequel de longues années d'épreuves sont transformées en moyens de grâce et en manières de témoigner pour Dieu.
( c ) Les esprits de ceux qui ont tant enduré ont suivi Christ dans son ascension . Ils se sont attardés sur la révélation de ce Royaume qu'Il leur a ouvert. Ils se sont tournés vers Lui, loin de tout ce que ce monde offre ou inflige. Là est le secret de leur indépendance et de leur tranquillité. Et peut-être que nous découvrirons aussi que la douleur aurait moins de pouvoir pour remplir nos cœurs, que l'anxiété serait moins susceptible d'entraver nos prières, que nous pourrions nous élever plus librement au-dessus des soucis de cette vie si nous pensions plus souvent à notre Seigneur faisant signe à nous, pour ainsi dire, du trône de sa gloire, nous offrant l'espérance qu'il est mort pour nous gagner, la joie de ceux qui ont essayé de rester près de lui dans cette vie, sont amenés à être avec lui là où Il est dans la vie à venir.
—Mgr F. Paget.
Illustration
« Comment le chrétien, occupé uniquement de la terre, peut-il monter là où le Christ est monté ? Comment celui qui a tout son trésor sur terre peut-il trouver un trésor aussi au ciel ? Comment peut-il triompher s'il n'a pas souffert ? Comment peut-il être glorifié s'il n'a pas été humilié ? Comment peut-il être exalté s'il n'a pas été abaissé ? Comment peut-il fouler les Cours Royales du Ciel s'il n'a pas foulé le chemin royal de la Croix ? Ce dont l'Église de Dieu a besoin aujourd'hui, ce n'est pas de nombres, mais de fidèles fidèles cohérents : pas d'addition, mais de soustraction.
Il n'a pas besoin tant de greffage que d'élagage ; ne pas planter, mais désherber. Il a besoin d'hommes et de femmes qui feront leur devoir sans cajoleries ni cajoleries ; des hommes et des femmes qui peuvent se tenir seuls, qui, une fois leur devoir accompli, n'attendront pas les louanges des hommes, mais qui trouveront leur récompense dans leur service.