Commentaire de la chaire de James Nisbet
Job 29:2
LA PROVINCE DU SENTIMENT DANS L'EXPÉRIENCE RELIGIEUSE
'Oh que j'étais comme dans les mois passés, comme au temps où Dieu m'a préservé.'
Job était, en effet, terriblement affligé. Il avait perdu tous ses biens et perdu tous ses enfants ; sa femme l'avait tenté de maudire Dieu, et ses amis, venus sympathiser avec lui, étaient restés pour le condamner. Assez naturellement, donc, il en était venu à penser pour le moment que Dieu l'avait abandonné. Mais, si naturelle qu'elle fût, cette opinion n'était pas vraie. Car Dieu était alors avec lui aussi réellement qu'il l'avait toujours été, et lui-même était un homme aussi bon qu'il l'avait toujours été. Bien plus, il avait autant de la grâce de Dieu qu'il n'avait jamais été favorisé, sauf que cela était entre-temps allé dans une autre direction que l'émotionnel.
I. Tout d'abord, notez donc que le sentiment suit la conviction et la croyance intelligentes de la vérité de quelque chose qui nous concerne immédiatement en tant qu'individus. — Ce n'est pas d'abord le sentiment et ensuite la foi ; mais c'est d'abord l'intelligence, puis la foi, puis l'intérêt personnel direct et immédiat pour ce qui est cru, et ensuite le sentiment. Mais si c'est une analyse correcte, vous verrez d'un coup d'œil à quel point se trompent ceux qui font de l'absence de sentiment en eux une excuse pour ne pas venir au Christ, ainsi que ceux qui soupirent et pleurent constamment pour plus de sentiment d'amour. au Christ comme une preuve de l'authenticité de leur religion. Leur erreur ne consiste pas simplement à donner trop de valeur au sentiment, mais aussi à le mettre au mauvais endroit.
L'émotion chrétienne n'est pas à chercher directement comme une fin ; mais cela viendra de notre compréhension et de notre croyance en ces déclarations qui sont adaptées et conçues pour le produire, chacune dans son propre ordre ; d'abord l'intelligence, puis la foi, puis le sentiment.
II. Il ne peut y avoir de religion, au sens chrétien du mot, sans sentiment. — Cela doit être évident d'après la vérité déjà établie que le sentiment suit la foi. Car s'il n'y a pas de sentiment, il n'y a pas eu de foi, et là où il n'y a pas de foi, il n'y a pas de religion, car « sans foi, il est impossible de plaire à Dieu ». L'émotionnel fait tout aussi bien partie de notre nature que l'intellectuel ou la morale, et comme la régénération affecte la nature entière, elle doit en transfigurer la partie émotionnelle aussi réellement que les autres. La nouvelle naissance ne déracine ni n'arrache aucune partie de notre humanité ; il n'enlève que le péché de tout cela. Elle n'efface pas nos sentiments, mais les christianise.
III. Le sentiment n'est pas toute la religion. — Ce que le Saint-Esprit produit en nous par la foi en Jésus-Christ est une toute nouvelle nature, et cette nature comprend l'intellectuel, le moral et le volontaire, ainsi que l'émotionnel. La religion est le caractère, et l'émotion n'est qu'un élément du caractère. La question importante n'est donc pas : Que ressent un homme ou comment se sent-il ? mais, qu'est - ce qu'il est ? Tel l'homme est, ainsi sont ses sentiments.
Le sentiment se situe à mi-chemin entre le penser et l'agir, passant en quelque sorte l'un à l'autre ; mais il ne peut être substitué ni à l'un ni à l'autre, et ce n'est que dans la combinaison des trois que nous avons le caractère authentiquement saint qui est le résultat de la régénération.
IV. Le sentiment qui ne conduit pas à l'action, mais se termine simplement et seulement sur lui-même, est toujours dangereux. — Le sentiment qui ne vient pas de la foi intelligente, c'est le fanatisme ; par contre, ce qui ne conduit pas à l'action, c'est le sentimentalisme, et il est difficile de dire lequel des deux est le plus pernicieux. Comme l'a dit l'évêque Butler dans un passage très suggestif de son Analogie : « De par notre faculté même d'habitudes, les impressions passives, en se répétant, s'affaiblissent.
Si l'émotion vient à être considérée comme l'ensemble de la religion, et si elle ne stimule pas à une activité sainte, alors peu à peu l'émotion elle-même disparaîtra, et le cœur s'endurcira jusqu'à devenir complètement impénétrable.
V. Le sentiment qui conduit à l'action est justement pour cette raison moins affaire de conscience que de sentiment. — Elle se transmute en conduite ; et de même que la vapeur fait moins de bruit lorsqu'elle entraîne des machines que lorsqu'elle est soufflée, de même plus le sentiment se transforme souvent en action, moins on devient conscient du sentiment qui est dans l'action. Un homme peut progresser dans l'excellence morale par ce cours même qui amortit sa conscience à ses émotions.
Illustration
« Dans ce chapitre, nous avons la description du passé par Job. Il est introduit par un soupir : « Oh ! que j'étais comme dans les mois d'autrefois. Cette condition est décrite d'abord dans sa relation avec Dieu. C'étaient des jours de communion au cours desquels il était conscient de la vigilance et de la direction divines. Puis dans une phrase qui contient le sanglot d'une grande agonie, il se souvient de ses enfants : « Mes enfants étaient autour de moi.
» Il se réfère ensuite à l'abondance de prospérité, et enfin à l'estime dans laquelle il était tenu par toutes les classes d'hommes, même les plus élevées. Le secret de cette estime est alors déclaré avoir été son attitude envers les hommes. Il était l'ami de tous ceux qui étaient dans le besoin. Vêtu de justice et couronné de justice, il administrait les affaires des hommes de manière à punir l'oppresseur et à soulager les opprimés. Il décrit ensuite sa conscience à cette époque. C'était celui d'un sentiment de sécurité et de force.