23 Ne buvez plus d'eau Certains supposent que cette phrase, qui rompt le train de pensée, n'a pas été écrit par Paul. Mais nous voyons que Paul n'était pas si soucieux de maintenir le lien étroit d'un discours, et qu'il était très habituel avec lui d'entremêler une variété de déclarations sans aucun arrangement. En outre, il est possible que ce qui avait été écrit autrefois en marge de l'épître par la suite se soit retrouvé dans ce passage par l'erreur des transcripteurs. Pourtant, il n’ya pas lieu de se donner beaucoup de peine sur ce point, si l’on considère l’habitude de Paul, que j’ai mentionnée, de mêler parfois divers sujets.

Ce qui est dit revient à ceci, que Timothée doit s'habituer à boire un peu de vin, pour préserver sa santé; car il ne lui interdit pas absolument de «boire de l'eau», mais de l'utiliser comme son breuvage ordinaire; et c'est le sens du mot grec ὑδροποτεῖν

Mais pourquoi ne lui conseille-t-il pas simplement de boire du vin? Car quand il ajoute, un petit, il semble se prémunir contre l'intempérance, qu'il n'y avait aucune raison de redouter chez Timothy. Je réponds, cela a été plutôt exprimé, afin de rencontrer les calomnies d'hommes méchants, qui autrement auraient été prêts à se moquer de ses conseils, sur tel ou tel prétexte: «Quelle sorte de philosophie est-ce, qui encourage à boire du vin ? Est-ce là le chemin par lequel nous montons au ciel? » Pour faire face à des railleries de ce genre, il déclare ne pourvoir qu'à un cas de nécessité; et en même temps, il recommande la modération.

Maintenant, il est évident que Timothée était non seulement frugal, mais même austère, dans son mode de vie; au point même de ne pas prendre soin de sa santé; et il est certain que cela n'a été fait ni par ambition ni par superstition. D'où nous en déduisons que non seulement il était très loin de se livrer au luxe et aux superfluités, mais que, pour être mieux préparé à faire l'œuvre du Seigneur, il retranchit même une partie de sa nourriture ordinaire; car ce n'était pas par disposition naturelle, mais par désir de tempérance, qu'il était abstinent.

Combien y en a-t-il aujourd'hui à qui il faut interdire l'usage de l'eau; ou plutôt combien y en a-t-il à limiter pour boire du vin sobrement! Il est également évident combien il est nécessaire pour nous, même lorsque nous voulons agir correctement, de demander au Seigneur l'esprit de prudence, afin qu'il nous enseigne la modération. Timothy était, en effet, droit dans ses buts; mais, parce qu'il est réprimandé par l'Esprit de Dieu, nous apprenons que l'excès de sévérité de la vie était défectueux en lui. En même temps, une règle générale est établie selon laquelle, bien que nous devions être tempérés en mangeant et en buvant, chaque personne devrait veiller à sa propre santé, non pas pour prolonger la vie, mais que, tant qu'il vit, il peut servir Dieu et être utile à ses voisins.

Et si l'abstinence excessive est mise en cause, lorsqu'elle provoque ou favorise des maladies, à quel point la superstition doit-elle être évitée? Quel jugement ferons-nous quant à l'obstination des chartreux, (114) qui seraient plus tôt morts que de goûter le plus petit morceau de chair dans une extrême nécessité? Et si l'on ordonne à ceux qui vivent avec parcimonie et sobriété de ne pas nuire à leur santé par une parcimonie excessive, aucune punition légère n'attend les intempérants, qui, en se bourrant le ventre, gaspillent leurs forces. De telles personnes doivent non seulement être conseillées, mais aussi être tenues à l'écart de leur fourrage comme des bêtes brutes.

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