Commentaire Biblique de Jean Calvin
Actes 10:25
25. Tombant à ses pieds, il a adoré. Voici le mot προσεκυνησεν, qui signifie témoigner d'honneur ou d'adoration, soit en pliant le genou ou en baissant la tête, soit par tout autre geste. Maintenant, la question est de savoir si Pierre réfute cette adoration pour la modestie seulement, ou s'il la rejette comme une chose totalement illégale? Il semble que le fait de Corneille ait déplu à Pierre, par la raison qui est peu à peu ajoutée, Lève-toi, car même moi je suis un homme. Car nous pouvons comprendre qu'il y avait quelque chose de divin dans ce culte, parce qu'il a attribué à l'homme mortel l'honneur qui est dû à Dieu seul. Mais nous ne devons pas penser que Corneille a compté Pierre au lieu de Dieu; car s’il traduisait l’honneur de Dieu à l’homme mortel, où sont cette piété et cette religion, dont le titre était orné dernièrement? Par conséquent, je pense qu'il ne voulait rien dire de moins que de gâter Dieu de son culte légitime, afin qu'il puisse le donner à l'homme; mais comme il voulait donner un honneur singulier au prophète et à l'apôtre du Christ, il tomba dans un signe immodéré de révérence, et ainsi il offensa à l'excès.
Car on ne peut guère exprimer par des mots à quel point les hommes sont enclins à tomber dans la superstition, alors que cet honneur est donné aux ministres du Christ, qui ont une petite démonstration d'adoration divine; car nous tombons facilement au dépourvu dans ce à quoi nous ne pensions guère. Il y avait moins de danger chez un roi ou chez les chefs en chef de ce monde; car celui qui tombe devant un roi se tient dans les limites de l'honneur terrestre et civil. Mais le cas en est autrement chez les ministres du Christ; car comme leur office est spirituel, de même si quelqu'un tombe à leurs pieds pour les adorer, cet honneur a quelque chose de spirituel. Car il faut faire la différence entre le culte civil, que les hommes se servent entre eux pour l'ordre civil, et celui sous lequel est contenue la religion, ou qui respecte directement l'honneur de Dieu; comme aussi entre les lois qui sont faites pour le régime temporel, ou qui lient la conscience. Car certains hommes insensés se trompent trop loin, qui pensent que s'agenouiller en ce lieu est condamné simplement et par lui-même. Mais c'est ce que j'ai dit: Corneille ne salue pas ici son proconsul, ou l'empereur, après une espèce civile; mais étant frappé de stupeur en voyant Pierre, il l'honore comme il aurait honoré Dieu s'il avait été présent; de sorte qu'il donne à l'homme plus qu'il ne lui faut, s'oubliant pour ainsi dire. Il ne pensait rien de moins (comme je l'ai déjà dit) que de voler à Dieu une quelconque partie de son honneur, afin qu'il puisse donner à l'homme ce qu'il lui a pris. Mais quand comme le culte qui est donné à l'homme a quelque chose qui est, pour ainsi dire, lié à l'honneur de Dieu, les hommes tombent dans une faute contraire à leur espérance et à leur opinion, de sorte qu'ils exaltent l'homme au-dessus de son degré, et lui donnent l'adoration qui est due à Dieu.
Les papistes, omettant cette distinction, ne s'en prennent qu'à un membre car ils ne s'occupent que du culte religieux. À la fin, ils peuvent en attribuer une partie, avec une couleur honnête, à des créatures, ils la découpent en latrie, dulia et hyperdulia. Ils donnent la latrie à Dieu seul; comme s'ils disaient que l'adoration du culte est due à lui seul. Ils font de la dulia commune aux morts et à leurs os, aux images et aux images. Ils attribuent leur hyperdulie à la Vierge Marie et à la croix sur laquelle le Christ a été pendu. Afin que j'omette de dire qu'ils babillent par ignorance enfantine, combien d'entre eux comprennent cette distinction pourrie? Je ne parle pas non plus seulement du genre commun, mais des chefs. Par conséquent, toutes leurs adorations doivent nécessairement être infectées et corrompues par de méchantes superstitions, car elles associent sans le vouloir des créatures à Dieu. Mais Luc ne dit pas en ce lieu que Corneille a donné à Pierre Latrie, (ou l'honneur dû à Dieu;), il n'utilise que le mot général adoré, et il ajoute, nonobstant, qu'il a été réprouvé, parce qu'il a méchamment glorifié l'homme plus haut que est devenu lui. Sûrement, si cette nouvelle opinion concernant l'adoration qu'on appelle dulia avait une place, Pierre aurait dû avertir Corneille de ne pas aller au-delà de dulia. Mais parce qu’aucune adoration à laquelle la religion n’est annexée, et le respect de l’honneur de Dieu, ne laisse à Dieu intact son honneur, quel qu’en soit l’homme; par conséquent, Pierre se contente de cette seule raison pour laquelle il est un homme. De plus, je saurais volontiers des papistes, s'ils pensent que Jean était si bloqué, qu'il prendrait l'honneur dû à Dieu, qu'ils appellent latria, et le donnerait à l'ange? Assurément, il n'y avait rien d'autre qui le poussât à adorer l'ange, sauf une révérence trop absurde et absurde, et cela en l'honneur de Dieu, dont la gloire brillait dans l'ange; malgré son fait est condamné. Par conséquent, jusqu'à la fin, nous pouvons donner à Dieu ce qui est le sien, que le culte spirituel, sous lequel est comprise la religion, lui reste entier et sain.