Commentaire Biblique de Jean Calvin
Deutéronome 20:5
5. Et les officiers parleront au peuple . J'ai ajouté le commencement, " quum bellandum erit ," (quand il y aura guerre,) que mes lecteurs sachent quel est le sujet ici discuté; car si l'instruction donnée peut sembler quelque peu éloignée de l'interdiction du vol, elle s'accorde néanmoins bien et y est étroitement liée. Car par cette indulgence, Dieu montre combien il est juste que chacun jouisse paisiblement de ce qu'il possède; car, s'il est difficile que les hommes à cause de la guerre soient privés de l'usage de leur nouvelle maison ou des produits de leur vignoble, combien plus dur et intolérable il sera de priver les hommes de leur fortune, ou de conduire eux des terres qu'ils appellent à juste titre les leurs! Puisque, par conséquent, il est avantageux pour l'État que des vignobles soient semés ou plantés, et que des maisons soient construites, tandis que les hommes ne s'adresseraient pas à ces devoirs avec suffisamment d'empressement, à moins d'être encouragés par l'espoir d'en jouir, Dieu leur donne le privilège d'être exemptés de combats, s'ils sont propriétaires de maisons neuves qu'ils n'ont pas encore habitées. Il fait aussi le même rendez-vous que les propriétaires de vignobles, s'ils n'ont pas encore goûté au fruit de leur labeur, et ne feront arracher les hommes à leurs épouses affiliées qu'après avoir joui de leurs étreintes. Un principe différent s'applique à une quatrième classe, parce que les timides et les paresseux ne méritent pas que Dieu prenne en considération leur lâcheté, lorsqu'ils évitent les dangers encourus pour le bien public; mais parce qu'il concerne tout le peuple que les soldats doivent aller facilement à la guerre, Dieu n'aura pas plus exigé de personne qu'il n'est disposé à en supporter. Nous comprenons maintenant la substance de ce passage, c'est-à-dire que, lorsque le droit de tout homme est affirmé de jouir de ce qu'il possède, il s'étend au point qu'un homme qui a construit une maison ne doit pas être traîné sans le vouloir à la guerre, jusqu'à ce qu'en habitant il y aura reçu quelque avantage des dépenses engagées. Rendre un vignoble commun, (162) ou le profaner, équivaut à appliquer le millésime aux usages communs de la vie; car il n'était pas légal, comme nous l'avons vu sous le Premier Commandement, (163) de récolter ses prémices, comme s'il était encore incirconcis; c'est pourquoi la récompense de leur industrie et de leur diligence est faite lorsque ceux qui ont planté de la vigne sont ainsi libérés, jusqu'à ce qu'ils aient profité d'une partie de leurs produits. En ce qui concerne les fiancés, bien qu'il semble avoir été une indulgence accordée en l'honneur du mariage, qu'ils devaient retourner aux épouses dont ils n'avaient pas encore joui, mais il est probable qu'ils n'ont pas été arrachés au plus cher de tous les biens, afin que la propriété de chaque homme soit maintenue. D'ailleurs, si l'espoir de la progéniture était enlevé, l'héritage serait ainsi transféré à d'autres, ce qui aurait revu à le détourner de son propriétaire légitime. Nous avons dit que les paresseux et les timides étaient renvoyés chez eux, afin que les Israélites apprennent qu'aucun ne devait être pressé au-delà de ses capacités; et cela dépend aussi de cette règle d'équité (164) qui nous impose de nous abstenir de toute oppression injuste.