Commentaire Biblique de Jean Calvin
Deutéronome 32:48
48. Et le Seigneur parla à Moïse. Nous en déduisons que ceci n'est pas enregistré dans son ordre régulier, car il est certain que Moïse a été averti de sa mort imminente avant que le Cantique ne soit composé; et c'est ce que le deuxième passage, que j'ai ici joint, confirme expressément; car il dit qu'avant de se substituer à Josué, le lieu lui fut indiqué où il devait mourir. Il n'est cependant pas inhabituel que l'ordre de la narration soit inversé.
Nous pouvons percevoir ici un spécimen singulier de foi et d'obéissance. Tous fuient naturellement la mort, de sorte que personne ne se précipite vers elle de son propre chef. Il ne serait donc jamais entré volontairement dans la tombe, à moins de compter sur l'espoir d'une vie meilleure. Nous avons déjà vu un exemple similaire dans le cas d'Aaron: bien que la résurrection n'ait pas été alors aussi clairement révélée qu'elle ne l'est maintenant par l'Évangile, ni le Christ n'est apparu, qui est les prémices de ceux qui ressuscitent. C'est pourquoi, bien que notre sens charnel puisse être opposé à la mort, que notre foi l'emporte pour surmonter toutes ses terreurs: de même que Paul enseigne que les enfants de Dieu, bien qu'ils ne désirent pas «être déshabillés», aspirent encore à être «vêtus, cette mortalité peut être englouti par la vie. » (2 Corinthiens 5:4.) C'était pourtant une obéissance remarquable, se préparer non moins volontiers à la mort que comme s'il avait été invité à un joyeux banquet. Ainsi, il est clair que ces saints hommes s'étaient tellement consacrés à Dieu, qu'ils étaient prêts à vivre ou à mourir, selon son bon plaisir.
Le mont Abarim semble avoir obtenu son nom de ses angles ou de ses côtés, car il a été divisé (301) en plusieurs collines; comme on l'appelle aussi Nebo dans cet endroit, et ailleurs par divers autres noms. D'autres pensent qu'il est nommé d'après un passage ; mais l'autre opinion est plus probable, puisqu'elle est appelée au pluriel Abarim, c'est-à-dire des hauteurs, ou sommets, ou interstices, qui étaient situés sur des hauteurs opposées.
Bien que nous verrons bientôt qu'il y avait une autre raison pour laquelle Dieu désirait retirer son serviteur de la vue des hommes, nous devons néanmoins prendre note de la consolation, dont il est question ici, que la douleur de sa mort a été allégée par la permission de voici le pays de Canaan. Pour cette raison, il lui est ordonné de monter au sommet de la montagne; car, s'il eût été satisfait de la simple promesse de Dieu, même s'il avait été privé de cette bénédiction, elle n'eut pas encore un léger effet supplémentaire en lui permettant de laisser plus gaiement le peuple au seuil de son héritage. Car la foi ne prive pas entièrement les enfants de Dieu de sentiments humains; mais notre Père céleste dans son indulgence a compassion de leur infirmité. Ainsi, comme c'était une cause de tristesse pour Moïse d'être empêché d'entrer dans le pays, il était soutenu par un remède saisonnier, afin qu'il ne soit pas gêné dans sa marche par cet obstacle.
Abarim, de עבר gnabar, à passer; traduit par Taylor vada, transitus, latera.