Commentaire Biblique de Jean Calvin
Deutéronome 8:11
11. Attention à ne pas oublier (263) Nous pouvons facilement estimer la nécessité de cette mise en garde à partir de la corruption commune de la nature humaine, qui n'est encore que trop générale et trop influente; car à peine trouverons-nous une personne sur cent chez qui la satiété n'engendre pas de vertige. Moïse parlera par la suite dans son Cantique de la rébellion de ce peuple, (264)
"Le bien-aimé, (Jeshurun,) ciré, a grossi, a donné des coups de pied." (Deutéronome 32:15.)
Il était donc nécessaire qu'une retenue soit mise sur de tels êtres réfractaires, voire, pour qu'ils voient leur insouciance encore plus étroitement réprimée dans leur prospérité. Mais nous pouvons, et il est bien de le faire, d'étendre cette doctrine à nous-mêmes aussi, car la prospérité nous enivre presque tous, de sorte que nous devenons intempérément dégoûtés contre Dieu et que nous nous oublions nous et Lui. Par conséquent, Moïse ordonne non seulement aux Israélites de ne pas être ingrats envers Dieu, mais les avertit de se se garder (car il utilise ce mot pour attention) de cette ingratitude impie. Il emploie immédiatement après ce même mot pour observer la loi. Mais c'est la somme, qu'ils avaient besoin du plus grand soin et de la plus grande attention pour se méfier de peur que l'oubli de Dieu ne les vole dans des circonstances heureuses, et ainsi ils devraient secouer sa peur, rejeter son joug, et se livrer aux convoitises de leur chair. Car il montre que le mépris de la loi serait un signe d'ingratitude; parce que cela ne pouvait être que de se soumettre à Dieu et d'observer sa loi, si seulement ils reflétaient que ce n'était qu'à sa bénédiction qu'ils devaient leur prospérité. Nous avons déjà observé ailleurs que sa désignation de la Loi par divers termes équivaut à une louange de sa parfaite doctrine; autant dire qu'aucune partie de la bonne conduite n'y est omise. Il affirme aussi ici (comme souvent ailleurs) la fidélité de son ministère, de peur qu'ils ne soutiennent de façon aléatoire que, s'ils refusent les commandements d'un mortel, ils ne sont donc pas rebelles contre Dieu. Il dit alors que leur piété ne sera pas acceptable pour Dieu, à moins qu'ils n'observent la loi proposée par lui.