Commentaire Biblique de Jean Calvin
Ésaïe 21:10
10. Ma raclée, et le fils de mon étage. (69) La richesse de cette puissante monarchie ayant ébloui les yeux de tous les hommes par sa splendeur, ce qu'Isaïe a prédit sur sa destruction pourrait être considéré comme fabuleux. Il conduit donc leur esprit vers Dieu, pour les informer que c'était Dieu qui avait entrepris de détruire Babylone, et que ce n'est pas par la volonté des hommes, mais par la puissance divine, qu'une telle hauteur tombera à terre. La «raclée» et «le fils du parquet» signifient la même chose; car ce mode d'expression est fréquemment employé par les écrivains hébreux, qui répètent souvent la même déclaration dans des langues différentes.
Ce passage doit être soigneusement observé, afin que nous puissions corriger un vice qui nous est naturel, celui de mesurer la puissance de Dieu par notre propre critère. Non seulement notre faiblesse nous place bien au-dessous de la sagesse de Dieu; mais nous sommes des juges méchants et dépravés de ses œuvres, et nous ne pouvons être amenés à les considérer autrement que sur ce qui est à la portée de la capacité et de la sagesse des hommes. Mais nous devons toujours nous souvenir de son pouvoir tout-puissant, et surtout lorsque notre propre raison et notre jugement nous font défaut. Ainsi, lorsque l'Église est opprimée par les tyrans à un point tel qu'il ne semble y avoir aucun espoir de délivrance, sachez que le Seigneur les abaissera et, en piétinant leur orgueil et en abaissant leur force, montrera qu'ils sont son «plancher de battage»; car le sujet de cette prédiction n'était pas une personne de rang moyen, mais la plus puissante et la plus florissante de toutes les monarchies. Plus ils se sont élevés, plus vite ils seront détruits, et le Seigneur exécutera sa «raclée» contre eux. Apprenons que ce que le Seigneur a donné ici comme manifestation d'une ruine inconcevable s'applique aux personnes du même empreinte.
Ce que j'ai entendu du Seigneur des armées. Quand il dit qu'il a «entendu cela de la part du Seigneur des armées», il met un sceau, pour ainsi dire, sur sa prophétie; car il déclare qu'il n'a pas avancé ses propres conjectures, mais les a reçues du Seigneur lui-même. Ici, il est digne de notre attention, que les serviteurs de Dieu doivent être fortifiés par cette audace pour parler au nom de Dieu, comme Pierre l'exhorte également: «Celui qui parle, qu'il parle comme les oracles de Dieu». (1 Pierre 4:11.) Les imposteurs se vantent aussi du nom de Dieu, mais ses fidèles serviteurs ont le témoignage de leur conscience qu'ils n'apportent rien d'autre que ce que Dieu a ordonné. Observez aussi que cette confirmation était très nécessaire, car le monde entier tremblait devant les ressources de cette puissante monarchie.
De la part du Seigneur des armées, le Dieu d'Israël. Ce n'est pas sans raison qu'il donne à Dieu ces deux appellations. Quant au premier, c'est bien un titre qui s'applique toujours à Dieu; mais ici, sans doute, le Prophète avait l'œil sur la question en main, pour opposer la puissance de Dieu à toutes les troupes des Babyloniens; car Dieu n'a pas une seule armée, mais d'innombrables armées pour soumettre ses ennemis. Encore une fois, il l'appelle «le Dieu d'Israël», car en détruisant Babylone, il se montra le défenseur et le gardien de son peuple; car le renversement de cette monarchie a procuré la liberté aux Juifs. Bref, toutes ces choses ont été faites pour le bien de l'Église, que le Prophète a ici en vue; car ce ne sont pas les Babyloniens, qui se moquaient sans doute de ces prédictions, mais les croyants, qu'il exhorte à être assurés que, bien qu'ils aient été opprimés par les Babyloniens, dispersés et ballottés, Dieu s'occuperait d'eux.