Commentaire Biblique de Jean Calvin
Ésaïe 27:7
7. L'a-t-il frappé? (202) Il confirme l'ancienne déclaration et montre que, même dans les châtiments, il existe des preuves certaines et manifestes de la bonté et miséricorde de Dieu; car tandis que le Seigneur châtie son peuple, il en modère la sévérité de manière à laisser toujours une place à la compassion. Il existe différentes manières d'expliquer ce verset. Certains l'interprètent ainsi: «Ai-je frappé Israël comme ses ennemis l'ont frappé? Les Assyriens ne l'ont pas du tout épargné: ils ont agi à son égard avec la plus grande cruauté. Mais j'ai retenu ma colère et je n'ai pas frappé comme si je voulais le détruire; et ainsi j'ai donné de nombreuses preuves que je ne suis pas son ennemi. Mais je préfère une autre interprétation communément reçue, qui nous fait comprendre qu'une différence entre les croyants et les réprouvés est ici déclarée; car Dieu punit les deux sans discernement, mais pas de la même manière. Quand il se venge du réprouvé, il laisse libre cours à sa colère; parce qu'il n'a d'autre but en vue que de les détruire; car ils sont «des vases de colère, destinés à la destruction» (Romains 9:22,) et n'ont aucune expérience de la bonté de Dieu. Mais quand il châtie le pieux, il retient sa colère et a un autre objet totalement différent en vue; car il veut les ramener sur le droit chemin, et les attirer à lui, afin de pourvoir à leur bonheur futur.
Mais on peut se demander: pourquoi le prophète emploie-t-il un mode d'expression détourné et dit: «selon le coup de celui qui l'a frappé? Je réponds qu'il l'a fait, parce que le Seigneur emploie souvent le libre arbitre d'hommes méchants pour nous châtier, afin de nous déprimer et de nous humilier davantage. C'est souvent une tentation très douloureuse pour nous, quand le Seigneur nous permet d'être opprimés par la tyrannie des hommes méchants; car nous doutons que ce soit parce qu'il les favorise, ou parce qu'il nous prive de son aide, comme s'il nous haïssait. Pour répondre à ce doute, il dit qu'il permet effectivement aux hommes méchants d'affliger son peuple et d'exercer leur cruauté sur eux pendant un certain temps, mais qu'il les punira enfin pour leur méchanceté plus sévèrement qu'ils n'ont puni les personnes pieuses. Pourtant, si quelqu'un choisit d'adopter la première interprétation, à savoir que le Seigneur ne traitera pas avec nous comme avec des ennemis, je n'ai aucune objection. De là vient aussi ce dicton: «Il vaut mieux tomber entre les mains de Dieu que entre les mains des hommes»; car le Seigneur ne peut jamais oublier son alliance, qu'il agira d'une manière douce et paternelle avec son Église. (2 Samuel 24:14; 1 Chroniques 21:13.)