Commentaire Biblique de Jean Calvin
Ésaïe 27:9
9. Par conséquent, de cette manière, l'iniquité de Jacob sera expiée. Après avoir parlé du châtiment du peuple, il commence à déclarer plus clairement que le Seigneur promeut les intérêts de son peuple par ces châtiments, afin qu'il en tire profit. Il avait mentionné cela autrefois, mais maintenant il l'explique plus complètement, que tous les châtiments que Dieu inflige auront tendance à laver les péchés de son peuple, afin qu'ils puissent être réconciliés avec Dieu.
Une question se pose: nos péchés sont-ils expiés par les coups avec lesquels Dieu nous châtie? Car s'il en est ainsi, il s'ensuit que nous devons satisfaire Dieu pour nos péchés, comme l'enseignent les papistes. Ces deux choses sont étroitement liées. Si Dieu nous punit pour nos péchés afin de les expier, lorsque les châtiments ne sont pas infligés, des satisfactions doivent venir dans leur chambre. Mais cette difficulté sera facilement levée, si nous considérons qu'ici le Prophète ne traite pas la question, si nous méritons le pardon des péchés à cause de nos œuvres, ou si les châtiments que Dieu nous inflige peuvent être considérés comme réparant leur. Il montre simplement que les châtiments sont les remèdes par lesquels Dieu guérit nos maladies, parce que nous avons coutume d'abuser de sa bonté et de sa patience. Dieu doit donc nous amener à la reconnaissance de nos péchés et à la patience; et donc les châtiments qu'il inflige comme châtiments pour nos péchés sont des remèdes, car on peut dire que nos désirs sont consommés par eux comme par le feu, (203) à que l'Écriture les compare aussi fréquemment. (Psaume 66:10.) Ils ne peuvent en aucun cas donner satisfaction, mais les hommes sont préparés par eux au repentir. Il montre donc que les pieux n’ont aucune raison de s’exclamer contre les châtiments de Dieu, et qu’ils doivent reconnaître, au contraire, que leur salut est ainsi promu, car sinon ils ne reconnaîtraient pas la grâce de Dieu. Si quelqu'un souhaite avoir une réponse brève, nous pouvons le dire en un seul mot, que les châtiments expient nos offenses indirectement, mais pas directement, car ils nous conduisent à la repentance, ce qui à son tour nous amène à obtenir le pardon. des péchés.
Et c'est tout le fruit, la suppression de son péché. Certains le rendent dans le cas génitif, "le fruit de la suppression de son péché;" mais je préfère le lire dans le cas nominatif. כל, ( chōl ,) all , signifie souvent, «Grand et abondant;» et par conséquent, il désigne le fruit abondant par lequel les châtiments seront suivis. En un mot, il entend nous recommander les châtiments de Dieu sur la base de leur utilité, afin que les pieux les supportent avec calme et modération, quand ils savent qu’avec eux ils sont purgés et préparés pour le salut. (204) Et immédiatement après, le Prophète explique plus clairement sa signification en parlant d'abolir les superstitions. Tant que le peuple d'Israël jouissait de la prospérité, il ne pensait pas à la repentance; car il est naturel aux hommes que la prospérité les rende insolents et les endurcisse de plus en plus. Il montre donc comment, en châtiant son peuple, Dieu enlève aussi leur péché, parce que, s'étant jadis indulgents dans la méchanceté et ayant continué à pécher plus loin en conséquence de sa bonté et de sa patience, ils sauront maintenant qu'ils ont été justement punis et changeront leur vie et leur conduite.
Quand il aura fait toutes les pierres de l'autel. Ici Isaïe, par une figure de style, expose une seule classe, afin d'expliquer le tout au moyen d'une partie, et décrit en termes généraux la suppression de l'idolâtrie et des superstitions; car il ne parle pas de l ' autel qui était consacré à Dieu, mais de celui qu'ils avaient érigé à leurs idoles. Ainsi, lorsque les pierres de celui-ci auront été brisées, et les idoles jetées et détruites, afin qu'aucune trace de superstition ne soit vue, l'iniquité du peuple sera en même temps supprimée.
C'est pourquoi il convient de remarquer, premièrement, que nous ne devons pas attendre le pardon du Seigneur, à moins que nous ne nous repentions également de nos péchés; car quiconque se flatte doit être l'objet de la colère de Dieu, (205) qu'il ne cesse de provoquer, et notre iniquité n'est enlevée que lorsque nous sont émus par un vrai sentiment de repentir. Deuxièmement, il convient d'observer que, bien que la repentance soit un sentiment intérieur du cœur, elle porte cependant ses fruits devant les hommes. En vain professons-nous que nous craignons Dieu, si nous n'en témoignons pas par des œuvres extérieures; car la racine ne peut être séparée de ses fruits. Troisièmement, il faut en déduire que l'idolâtrie est principalement mentionnée ici, car elle est la source de tous les maux. Tant que le culte pur de Dieu et la vraie religion sont maintenus, il y a aussi place pour les devoirs de bonté fraternelle, qui en découlent nécessairement; mais quand nous abandonnons Dieu, il nous permet aussi de tomber dans toutes sortes de vices. Et c'est la raison pour laquelle, sous le nom d'idolâtrie, il inclut également d'autres actes de méchanceté. D'ailleurs, on voit qu'il condamne non seulement les statues et les images, mais tout ce qui avait été inventé par les Juifs contrairement à l'injonction de la loi; et de là il s'ensuit qu'il met de côté toute sorte de fausse adoration.
Que les bosquets et les images ne ressuscitent jamais. En ajoutant ceci, il montre à quel point Dieu abhorre l'idolâtrie, dont il souhaite que le souvenir soit complètement effacé, de sorte qu'aucune trace n'en soit désormais plus visible. Pourtant, le Prophète avait l'intention d'exprimer quelque chose de plus, à savoir que notre repentir devrait être d'une nature telle que nous y persévérerons fermement; car nous ne dirons pas que c'est la vraie repentance, si quelqu'un, par une impulsion soudaine de sentiment, doit abattre des superstitions, et ensuite les laisser graduellement germer et fleurir; comme nous voyons que c'est le cas de beaucoup de ceux qui d'abord brûlent avec une certaine apparence de zèle, puis se refroidissent. Mais ici, le Prophète décrit une telle fermeté que ceux qui ont jadis mis de côté leur saleté et leur pollution conservent leur pureté jusqu'à la fin.