Commentaire Biblique de Jean Calvin
Ésaïe 43:9
9. Que toutes les nations soient rassemblées. Ici, le Prophète, comme en d'autres occasions, parle en la personne de Dieu et met au défi toutes les idoles. Il est très nécessaire, et était à l'époque particulièrement nécessaire, de faire la distinction entre le vrai Dieu et les faux dieux. Il est facile en effet d'attribuer à Dieu la gloire de la divinité, mais il est très difficile de la réclamer pour lui de manière si exclusive, que tous les faux dieux seront réduits à néant; et à ce moment-là l'erreur à leur égard avait reçu une plus grande confirmation, car à la ruine de la nation, les incroyants applaudissaient les dieux comme s'ils avaient vaincu le vrai Dieu. Le Prophète suggère donc aux croyants la réponse qu'ils devraient faire aux railleries de leurs ennemis, et, bien qu'ils devraient sortir en foule pour défendre leurs erreurs, enjoint le petit nombre de se tenir ferme contre toutes leurs forces.
Qui parmi eux pour le déclarer? Nous disions autrefois que la prescience et le pouvoir appartiennent à Dieu seul; car il a toutes choses sous ses yeux, et gouverne toutes choses selon son bon plaisir; et, en conséquence, par ces deux arguments qu'il prouvait autrefois contre tous les faux dieux l'accusation de vanité, il répète maintenant la même accusation, non pas pour récupérer de cette erreur les païens, qui n'ont pas lu ces prophéties, mais pour confirmer la foi de les Juifs, qui étaient assurés qu'ils connaissaient seuls le vrai Dieu. À l'heure actuelle, en effet, cette doctrine appartient à la fois aux Gentils et aux Juifs; et non seulement ainsi, mais quand les Juifs se sont montrés indignes, (Actes 13:46,) leurs privilèges étaient étendus aux Gentils; mais à ce moment-là, Ésaïe s'adressait principalement aux Juifs, afin que, bien qu'ils aient vu les Gentils réussir dans tout ce qu'ils voulaient, ils pouvaient quand même détester leurs idoles et leurs superstitions.
Laissez-les produire leurs témoins. Après avoir convoqué les incroyants pour plaider la cause de leurs dieux, ou plutôt, après avoir tenu à reconnaître qu'ils passaient leur temps à adorer les idoles, car ils avaient aucun pouvoir de prédire les événements futurs, il ajoute qu'il n'y aura pas de témoin pour témoigner avec vérité que toute prédiction est jamais venue de faux dieux, et par conséquent que leur cause est sans défense légitime. Il n'y a jamais eu de temps, en effet, où il n'y avait pas beaucoup de fables racontées sur les idoles, comme nous entendons constamment parler d'innombrables fables de ce genre qui sont largement diffusées, et la bêtise avec laquelle les incroyants répandent leurs mensonges est égalée par l'obstination avec laquelle ils les défendent; mais si nous en venons à les examiner, nous les trouverons étayés par aucune preuve, mais comme des ruses absolues et des inventions insensées. Pour cette raison, le Prophète cède volontiers la victoire, s’ils apportent des «témoins» compétents et fiables. A Dieu seul, donc, cette gloire appartient; car il a «témoin»,
Mais laissez-les entendre. Enfin, comme si l'affaire avait été pleinement prouvée, il se lève avec plus d'assurance et ordonne aux vaincus de garder le silence. Lorsqu'il leur propose d'entendre, , il veut dire que le seul obstacle à leur reconnaissance de la vérité est qu'ils sont lésés par leur erreur et refusent d'entendre Dieu; car ce mépris les amène à ne pas se repentir, mais au contraire à défendre leur erreur avec obstination. Or, le Seigneur était prêt à enseigner s'ils avaient seulement voulu l'entendre avec candeur; et un meilleur enseignant ne saurait être souhaité, mais l'orgueil et la hauteur ne leur permettront pas de voir la vérité ou d'écouter Dieu. Ils sont donc sans excuse; car ils rejettent dédaigneusement ses instructions publiques et n'acceptent pas sa doctrine. Esaïe déclare à juste titre que s'ils accordaient l'attention voulue, ils seraient contraints de reconnaître que c'est vrai; (165) et en effet tous ceux qui se montreront obéissants reconnaîtront volontiers que la vérité de Dieu est fondée sur un jugement ferme et solide, et non sur une opinion incertaine et douteuse.