15. Et le roi d'Egypte a parlé. Le tyran descend maintenant de la violence et de la cruauté ouvertes qui n'avaient servi à rien, aux complots secrets et à la tromperie. Il désire que les enfants soient tués à leur naissance; et ordonne aux sages-femmes d'être les instruments de cette effroyable barbarie. Nous ne lisons aucun exemple aussi détestable d'inhumanité depuis que le monde a commencé. J'admets qu'il est arrivé parfois que, lors de la prise d'une ville, les conquérants n'aient pas épargné même les enfants et les nourrissons; c'est-à-dire soit dans le feu de la bataille, soit parce que la défense avait été trop obstinée, et qu'ils avaient perdu beaucoup de leurs hommes, dont ils vengeraient la mort. Il est arrivé aussi qu'un oncle, ou un frère, ou un tuteur, ait été poussé par l'ambition de régner pour faire mourir des enfants. Il est arrivé, de nouveau, que dans la détestation d'un tyran et pour détruire la mémoire même de sa famille, toute sa progéniture a été tuée; et certains ont procédé à une telle cruauté contre leurs ennemis, au point d’arracher les petits des seins de leur mère. Mais jamais aucun ennemi, si implacable soit-il, n'exerça jamais sa colère contre une nation entière, au point de commander la destruction de toute sa progéniture mâle au milieu de la paix. C'était une épreuve, de nature à infliger un coup dur aux hommes de la plus grande fermeté, bien plus à faire tomber un peuple évanoui, déjà las de sa vie. Car, à première vue, chacun trouverait plus avantageux et plus désirable pour eux de sombrer dans un état plus humble, que de provoquer ainsi la colère de leurs ennemis contre eux par les bénédictions de Dieu. Et il est probable, telle était la prostration de leurs esprits, qu'ils étaient non seulement durement frappés, mais presque stupéfaits. Car il ne restait plus rien d'autre que le fait que les hommes mourraient sans espoir de descendance, et que le nom et la race d'Abraham seraient bientôt retranchés, et ainsi toutes les promesses de Dieu seraient vaines. En ces jours où nous devons supporter les mêmes insultes, et sommes poussés au désespoir, comme si l'Église allait bientôt être complètement détruite, apprenons à tenir cet exemple comme un bouclier solide: voyant qu'il ne s'agit pas d'un cas nouveau, si la destruction immédiate semble nous attendre, jusqu'à ce que l'aide divine apparaisse soudainement et inopinément à notre extrémité. Josèphe suppose à tort que les sages-femmes étaient des femmes égyptiennes, envoyées comme espions; considérant que Moïse dit expressément qu'elles avaient été les assistantes et les assistantes des femmes hébraïques dans leur travail; et cette idée erronée est clairement réfutée par l'ensemble du contexte, dans lequel il apparaît surtout qu'ils ont été retenus par la crainte de Dieu de céder au désir pécheur du tyran. D'où il s'ensuit qu'ils étaient auparavant possédés d'un sentiment religieux. Mais une autre question se pose, pourquoi deux sages-femmes ne sont mentionnées que par leur nom, alors qu'il est probable que, dans une si grande population, il y en ait eu beaucoup? Deux réponses peuvent être données; soit que le tyran s'adresse à ces deux-là, qui pourraient répandre la peur de son pouvoir parmi les autres; ou que, désirant procéder avec une méchanceté secrète, il fit un essai de la fermeté de ces deux-là, et s'il avait obtenu leur acquiescement, il espérait avoir facilement réussi avec les autres; car la honte lui interdisait de donner un ordre ouvert et général.

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