9. Et il a dit à son peuple. C'est-à-dire, dans une assemblée publique, comme les rois ont coutume de tenir pour consultation sur les affaires publiques. Comme si Moïse avait dit que ce point était proposé par le roi pour délibération par ses domaines; c'est-à-dire que, parce qu'il était à craindre que les Israélites, confiants en leur multitude et leur force, pourraient se lever en rébellion, ou pourraient profiter de tout trouble public pour secouer le joug et quitter l'Égypte, ils devraient être anticipés, et affligés de lourdes charges, pour les empêcher de faire une telle tentative. Ce Pharaon appelle (13) "traiter avec eux avec sagesse;" car si le mot חכם, chakam , est souvent pris, dans un mauvais sens, comme signifiant "aller trop loin avec ruse", dans ce cas, il cachait sous un prétexte honnête le tort qu'il se proposait de leur faire, alléguant qu'il fallait prendre des conseils prudents de peur que les Egyptiens ne subissent de grandes pertes par leur insouciance et leur retard. C'était courant chez les nations païennes de professer dans leurs conseils que ce qui était juste devait être préféré à ce qui était profitable; mais, en ce qui concerne le point, la convoitise aveugle généralement tellement tout le monde, qu'ils perdent le respect de ce qui est juste, et sont précipités à leur avantage. Ils font aussi remarquer que ce qui est avantageux est nécessaire; et ainsi se persuader que tout ce qu'ils sont obligés de faire est juste. Car ce prétexte spécieux mais fallacieux se présente facilement et trompe facilement que, lorsqu'un danger est appréhendé, il doit être rencontré. Par les poètes tragiques, en effet, ce sentiment détestable, occupandum esse scelus , "que nous devrions être d'avance dans le crime", est attribué à des personnages méchants et désespérés; parce que notre nature nous convainc qu'elle est injuste et absurde; et pourtant est-il communément considéré comme le meilleur mode de précaution, de sorte que seuls sont considérés comme prévoyants ceux qui consultent pour leur propre sécurité en blessant autrui, si l'occasion l'exige. De cette source procèdent presque toutes les guerres; car, tandis que chaque prince craint son prochain, cette peur le remplit tellement d'appréhension, qu'il n'hésite pas à couvrir la terre de sang humain. De là aussi, chez les particuliers, le permis de tromperie, de meurtre, de rapine et de mensonge, car ils pensent que les blessures seraient repoussées trop tard, à moins qu'ils ne les anticipent respectivement. Mais c'est une sorte de ruse méchante (même si elle peut être vernie avec le nom spécieux de prévoyance) injustement molester les autres pour notre propre sécurité. Je crains telle ou telle personne, car elle a toutes les deux les moyens de me faire du mal, et je ne suis pas sûre de sa disposition à mon égard; c'est pourquoi, afin d'être à l'abri du mal, je m'efforcerai par tous les moyens possibles de l'opprimer. De cette manière, le plus méprisable et le plus imbécile, s'il est enclin au mal, sera armé pour notre mal, et ainsi nous mettrons en doute la plus grande partie de l'humanité. Si ainsi chacun doit se livrer à sa propre méfiance, tandis que chacun se propose de faire quelque tort à ses ennemis possibles, il n'y aura pas de fin aux iniquités. C'est pourquoi nous devons opposer la providence de Dieu à ces soucis et angoisses immodérés qui nous éloignent du cours de la justice. Reposant sur cela, aucune peur du danger ne nous poussera jamais à des actes injustes ou à des conseils véreux. Selon les paroles de Pharaon, tout est autrement; car, ayant averti que les Israélites pourraient, s'ils le voulaient, être nuisibles, il conseille que leur force soit brisée d'une manière ou d'une autre. Car, lorsque nous avons décidé une fois de pourvoir à notre propre avantage, à notre tranquillité ou à notre sécurité, nous ne nous posons pas la question de savoir si nous agissons bien ou mal.

Voici le peuple. Il arrive fréquemment que les esprits des méchants soient excités à la jalousie par la miséricorde de Dieu, agissant comme des fans pour allumer leur colère. Néanmoins, la moindre preuve de sa faveur ne doit pas pour cela nous être moins agréable, parce qu'elle est faite aux méchants l'occasion de traiter plus cruellement avec nous. En fait, Dieu s'attache ainsi à sa générosité envers nous, de peur que nous ne soyons trop absorbés par la prospérité terrestre. Ainsi la bénédiction dont dépendait tout son bonheur bannit Jacob de la maison de son père et de son héritage promis; mais cependant il apaisa son chagrin avec cette seule consolation, de savoir que Dieu était réconcilié avec lui. De même sa postérité, plus ils expérimentaient la bonté de Dieu à leur égard, plus ils étaient exposés à l’hostilité des Égyptiens. Mais Pharaon, pour les faire haïr ou soupçonner, se réfère à leur pouvoir et les accuse de désaffection, dont ils n'avaient donné aucun signe. Pourtant il ne les accuse pas de rébellion, comme s'ils prendraient possession armée du royaume, mais qu'ils partiraient ailleurs; d'où l'on peut supposer qu'ils n'ont pas caché l'espérance que Dieu leur avait donnée de leur retour. Mais cela semblait une excuse assez plausible, que c'était tout sauf juste pour que ceux qui, de leur propre chef, avaient cherché la protection du roi, soient librement renvoyés; et ainsi (14) Isaïe en parle. (Ésaïe 52:4.)

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