Commentaire Biblique de Jean Calvin
Exode 10:28
28. Et Pharaon lui dit. Cette ébullition de passion, au milieu de si douloureuses calamités, est une preuve des violents assauts par lesquels Satan précipite les méchants, quand ils sont livrés à un esprit réprouvé. L'impériosité des rois est en effet notoire et observée par les anciens poètes; (130) "Animadverte, et dicto pare," (attendez et obéissez à ma parole;) et, encore une fois, "Moriere, si te secundo lumine hic offendero, »(Si je te retrouve ici un deuxième jour, tu mourras.) On ne peut pas non plus douter que Pharaon, avec son intempérance habituelle, éclate maintenant en menaces féroces et cruelles; mais s'il n'avait pas été emporté par un esprit de folie, il ne se serait pas opposé aussi hardiment au serviteur de Dieu, qu'il avait si souvent connu, par expérience, être doté d'une puissance invincible, et être ainsi accrédité par Dieu, pour avoir la domination suprême sur tous les éléments. De là aussi, nous comprenons, qu'il n'avait pas été jusqu'ici empêché de traiter Moïse avec sévérité ni par bonté, ni par modération, ni par patience; parce que, lorsque les circonstances de son royaume étaient encore florissantes, sa colère aurait été plus excessive; mais qu'il a été retenu par quelque rêne secrète. Mais Moïse montre, par sa réponse, combien il a complètement mis à néant toute cette mousse; car il le défie volontairement, et en déclarant qu'il ne se présentera plus devant lui, signifie qu'il n'est pas digne de travailler plus en sa faveur. Mais nous voyons que le méchant roi, emporté par sa fureur, prophétisa contre la volonté de sa propre pensée, car Dieu rendit sur sa tête ce qu'il menaçait contre un autre. Bien que, en même temps, il ne faut pas oublier que Moïse a parlé ainsi non sans autorité, mais par le commandement de Dieu; car, à moins qu'on lui eût certainement appris que la dernière épreuve était venue, il se serait jamais tenu prêt à jouer son rôle. Mais il apparaîtra bientôt du contexte, que dans ce dicton aussi il était le vrai messager de Dieu.