Commentaire Biblique de Jean Calvin
Genèse 13:5
5. Et Lot aussi, qui est allé avec Abram . Vient ensuite l'inconvénient qu'Abram a souffert à cause de ses richesses: à savoir qu'il a été arraché à son neveu, qu'il aimait tendrement, comme s'il eût été de ses propres entrailles. Certes, si l'option lui avait été donnée, il aurait mieux choisi de se débarrasser de ses richesses que de se séparer de celui qu'il avait tenu à la place d'un fils unique: il ne trouva cependant pas d'autre moyen d'éviter les disputes. Doit-on imputer ce mal à sa propre morosité excessive ou à la hardiesse de son neveu? Je suppose, cependant, que nous devons plutôt considérer le dessein de Dieu. Il y avait un danger qu'Abram ne soit trop satisfait de son propre succès dans la mesure où la prospérité en aveugle beaucoup. Par conséquent, Dieu apaise la douceur de la richesse par l'amertume; et ne permet pas à l'esprit de son serviteur d'en être trop enchanté. Et chaque fois qu'une fausse estimation des richesses nous pousse à les désirer démesurément, parce que nous ne percevons pas les grands inconvénients qu'elles entraînent avec elles; que le souvenir de cette histoire serve à retenir un tel attachement immodéré à leur égard. De plus, aussi souvent que les riches trouvent des problèmes découlant de leur richesse; qu'ils apprennent à purifier leur esprit par cette médecine, afin qu'ils ne deviennent pas excessivement dépendants des bonnes choses de la vie présente. Et vraiment, à moins que le Seigneur ne mette occasionnellement la bride sur les hommes, à quelles profondeurs ne tomberaient-ils pas lorsqu'ils débordent de prospérité? D'un autre côté, si nous sommes affaiblis par la pauvreté, sachez que, par cette méthode aussi, Dieu corrige les maux cachés de notre chair. Enfin, que ceux qui abondent se souviennent, qu'ils sont entourés d'épines et doivent veiller à ne pas être piqués; et que ceux dont les affaires sont contractées et embarrassées sachent que Dieu prend soin d'eux, afin qu'ils ne soient pas impliqués dans des pièges mauvais et nocifs. Cette séparation était triste dans l’esprit d’Abram; mais il convenait à la correction de beaucoup de mal latent, que la richesse ne pouvait pas étouffer l'armure de son zèle. Mais si Abram avait besoin d'un tel antidote, ne nous demandons pas si Dieu, en lui infligeant un coup, réprimerait nos excès. Car il n'attend pas toujours que les fidèles soient tombés; mais attend avec impatience pour eux dans le futur. Ainsi, il ne corrige pas réellement l'avarice ou l'orgueil de son serviteur Abram: mais, par un remède anticipé, il fait en sorte que Satan n'infecte son esprit avec aucune de ses séductions.