Commentaire Biblique de Jean Calvin
Genèse 16:6
6. Voici, ta femme de chambre est entre tes mains . La grandeur de l’humanité et de la modestie d’Abram ressort de sa réponse. Il ne se dispute pas avec sa femme; et bien qu'il ait la meilleure cause, il ne la défend pas obstinément, mais renvoie volontairement la femme qui lui avait été donnée. Bref, pour rétablir la paix, il fait violence à ses sentiments, à la fois en tant que mari et en tant que père. Car, en abandonnant Agar à la volonté de sa maîtresse enragée, il ne la traite pas comme sa femme; il sous-estime aussi, d'une certaine manière, cet objet de son espérance qui a été conçu dans son sein. Et il ne fait pas de doute qu'il était ainsi calme et placide en supportant la véhémence de sa femme; parce que, tout au long de sa vie, il l'avait trouvée obéissante. C'était encore une grande excellence, de retenir son humeur sous une si grande indignité. On peut cependant se demander ici comment se fait-il que son souci de la semence bénie ait alors disparu de son esprit? Hagar est géniale avec l'enfant; il espère que la semence par laquelle le salut du monde a été promis, est sur le point de sortir d'elle. Pourquoi alors n'écarte-t-il pas Saraï et ne tourne-t-il pas encore plus son amour et son désir vers Agar? En vérité, nous en déduisons que tous les artifices humains passent et s'évanouissent en fumée, dès qu'une tentation grave se présente. Ayant pris une femme contre l'ordre divin, il pense que l'affaire réussit bien, quand il la voit enceinte, et se plaît à une folle confiance; mais quand la dispute surgit soudainement, il est au bout de son esprit et rejette tout espoir, ou du moins l’oublie. La même chose doit nécessairement nous arriver, aussi souvent que nous tentons quelque chose de contraire à la parole de Dieu. Nos esprits échoueront à la toute première explosion de tentation; (386) puisque notre seul fondement de stabilité est d'avoir l'autorité de Dieu pour ce que nous faisons. En attendant, Dieu purifie la foi de son serviteur de sa rouille; car en mêlant sa propre imagination et celle de sa femme à la parole de Dieu, il avait, en un sens, étouffé sa foi; c'est pourquoi, pour restaurer son éclat, ce qui était superflu est coupé. Dieu, en s'opposant ainsi à nos desseins pécheurs, nous rappelle de notre stupidité à un esprit sain. Une simple promesse avait été donnée: «Je bénirai ta semence.» Le brillant de Saraï survint, (387) > à savoir qu'elle ne pouvait avoir aucune semence mais une Agar: ce bourbier d'imagination humaine, avec lequel la promesse avait été souillée doit être purgé, afin qu'Abram puisse tirer sa connaissance d'aucune autre source, que la pure parole de Dieu.
Et Saraï ne l'a guère traité (388) Le mot ענה ( anah ,) que Moïse utilise, signifie affliger et humilier. Je l'explique donc comme étant mis pour réduire Agar à la soumission. Mais il était difficile pour une femme en colère de se tenir dans les limites, en réprimant l'insolence de sa bonne. C'est pourquoi, il est possible qu'elle soit devenue extrêmement furieuse contre elle; pas tant considérer son propre devoir que le moyen de se venger des délits commis. Puisque Moïse n'apporte aucune charge plus lourde, je me borne à ce qui est certain; que Saraï a fait usage de son autorité appropriée pour contenir l'insolence de sa femme de chambre. Et, sans doute, de l'événement, nous pouvons former un jugement qu'Agar a été forcée de fuir, non pas tant par la cruauté de sa maîtresse, que par sa propre contumace. Sa propre conscience l'a accusée; et il est improbable que Saraï ait été si irrité, sauf par de nombreuses et, en fait, d'atroces délits. Aussi la femme, d'humeur servile et d'une férocité indomptable, choisit-elle plutôt de fuir que de revenir en faveur par l'humble reconnaissance de sa faute.