Commentaire Biblique de Jean Calvin
Genèse 18:22
22. Mais Abraham se tenait encore devant le Seigneur . Moïse déclare d'abord que les hommes ont continué, donnant l'impression, qu'après avoir terminé leur discours, ils ont pris congé d'Abraham, afin qu'il puisse rentrer chez lui. Il ajoute ensuite qu'Abraham s'est tenu devant le Seigneur, comme les gens ont coutume de le faire, qui, bien que renvoyés, ne partent pas immédiatement, parce qu'il reste encore quelque chose à dire ou à faire. Moïse, quand il fait mention du voyage, attribue avec convenance le nom des hommes aux anges; mais il ne dit pas, cependant, qu'Abraham se tenait devant hommes , mais devant la face de Dieu; parce que, quoique de ses yeux, il voyait l'apparence des hommes, il regardait pourtant Dieu par la foi. Et ses paroles montrent suffisamment qu'il n'a pas parlé comme il l'aurait fait avec un mortel. D'où nous en déduisons que nous agissons de manière absurde, si nous permettons aux symboles extérieurs, par lesquels Dieu se représente, de nous retarder ou de nous empêcher d'aller directement à Lui. Par nature, vraiment, nous sommes sujets à cette faute; mais nous devons lutter d'autant plus que, par le sens de la foi, nous pouvons être portés vers Dieu lui-même, de peur que les signes extérieurs ne nous retiennent jusqu'à ce monde. De plus, Abraham s'approche de Dieu, par souci de respect. Car il ne s'oppose pas, dans un esprit contentieux, à Dieu, comme s'il avait le droit d'intercéder; il ne supplie que suppliant: et chaque mot montre la grande humilité et la modestie du saint homme. J'avoue, en effet, que parfois, les saints hommes, emportés par le sens charnel, n'ont pas d'autonomie, mais qu'indirectement du moins ils murmurent contre Dieu. Ici, cependant, Abraham s'adresse à Dieu avec rien d'autre que de la révérence, et rien ne lui tombe digne de censure; cependant nous devons remarquer l'affection d'esprit par laquelle Abraham avait été poussé à interposer ses prières au nom des habitants de Sodome. Certains supposent qu'il était plus soucieux de la sécurité de son neveu seul que pour Sodome et le reste des villes; mais qu'étant retenu par modestie, il ne demanderait pas expressément qu'un homme lui soit donné, alors qu'il négligeait entièrement un grand peuple. Mais il n'est nullement probable qu'il ait fait usage d'une telle dissimulation. Je ne doute certainement pas qu'il ait été si touché d'une compassion commune envers les cinq villes qu'il s'est rapproché de Dieu comme leur intercesseur. Et si nous pesons toutes choses attentivement, il avait de bonnes raisons de le faire. Il les avait récemment sauvés de la main de leurs ennemis; il entend maintenant soudain qu'ils doivent être détruits. Il pouvait imaginer qu'il s'était imprudemment engagé dans cette guerre; que sa victoire était sous une malédiction divine, comme s'il avait pris les armes contre la volonté de Dieu, pour des hommes indignes et méchants; et il était possible qu'il ne soit pas un peu tourmenté par de telles pensées. De plus, il était difficile de croire qu'ils avaient tous été si ingrats, qu'aucun souvenir de leur récente délivrance ne restait parmi eux. Mais il ne lui était pas permis, d'un seul mot, de se disputer avec Dieu, après avoir entendu ce qu'Il avait décidé de faire. Car Dieu seul sait le mieux ce que les hommes méritent et avec quelle sévérité ils doivent être traités. Pourquoi alors Abraham n'accepte-t-il pas? Pourquoi s'imagine-t-il qu'il y a des justes à Sodome, que Dieu a négligés et qu'il s'empresse de submerger dans une destruction commune avec les autres? Je réponds que le sens de l'humanité par lequel Abraham a été ému était agréable à Dieu. D'abord parce que, comme il était en train de devenir, il laisse toute la connaissance du fait à Dieu. Deuxièmement, parce qu'il demande avec sobriété et soumission, pour la seule cause d'obtenir consolation. Il n'est pas étonnant qu'il soit terrifié par la destruction d'une si grande multitude. Il voit les hommes créés à l'image de Dieu; il se persuade que, dans cette immense foule, il y en avait au moins quelques-uns qui étaient droits, ou pas tout à fait injustes, et abandonnés à la méchanceté. Il allègue donc devant Dieu, ce qu'il pense disponible pour obtenir leur pardon. On peut cependant penser qu'il a agi imprudemment, en demandant l'impunité au mal, pour le bien; car il demanda à Dieu d'épargner la place, s'il y trouvait cinquante bons hommes. Je réponds que les prières d'Abraham ne se sont pas étendues jusqu'à demander à Dieu de ne pas fouetter ces villes, mais seulement de ne pas les détruire complètement; comme s'il avait dit: «Seigneur, quel que soit le châtiment que tu infligeras au coupable, ne quitteras-tu pas encore une demeure pour les justes? Pourquoi cette région périrait-elle complètement, aussi longtemps qu'il restera un peuple, par qui elle pourra être habitée? '' Abraham ne désire donc pas que les méchants, étant mêlés aux justes, échappent à la main de Dieu: mais seulement cela Dieu, en infligeant un châtiment public à toute une nation, devrait néanmoins exempter le bien qui restait de la destruction.