Commentaire Biblique de Jean Calvin
Genèse 21:8
8. Et l'enfant a grandi et a été sevré . Moïse commence maintenant à raconter la manière dont Ismaël a été rejeté de la famille d'Abraham, afin qu'Isaac seul puisse tenir la place du fils et héritier légitime. Il semble, en effet, à première vue, quelque chose de frivole, que Sarah, étant en colère pour rien, aurait dû susciter des conflits dans la famille. Mais Paul enseigne, qu'un mystère sublime nous est ici proposé, concernant l'état perpétuel de l'Église. (Galates 4:21.) Et, vraiment, si nous considérons attentivement les personnes mentionnées, nous ne considérerons pas cela comme une affaire triviale, que le père de tous les fidèles soit éjecter son fils aîné; qu'Ismaël, bien que participant de la même circoncision, se transforme tellement en nations étrangères qu'il n'est plus compté parmi la semence bénie; qu'en apparence le corps de l'Église est si déchiré qu'il n'en reste plus que la moitié; que Sarah, en expulsant le fils de sa servante de la maison, réclame la totalité de l'héritage pour Isaac seul. C'est pourquoi, si l'attention requise est apportée à la lecture de cette histoire, dont le mystère même dont traite Paul, se présente spontanément.
Et Abraham a fait une grande fête . On demande pourquoi il n’a pas plutôt réussi le jour de la naissance d’Isaac, ou de la circoncision? Le raisonnement subtile d’Augustin, selon lequel le jour du sevrage d’Isaac a été célébré, afin que nous puissions apprendre, de son exemple, ne plus être des enfants dans la compréhension est trop contraint. Ce que les autres disent n'a pas de plus grande cohérence; à savoir, qu'Abraham a pris un jour qui n'était pas alors d'usage courant, afin de ne pas imiter les manières des Gentils. En effet, il est fort possible qu'il ait également célébré l'anniversaire de son fils, avec honneur et joie. Mais une mention spéciale est faite de cette fête, pour une autre raison; à savoir, qu'alors, la moquerie d'Ismaël a été découverte. Car je ne souscris pas à la conjecture de ceux qui pensent qu'une nouvelle histoire est ici commencée; et que Sarah luttait quotidiennement contre cette agacement, jusqu'à ce qu'elle purge enfin la maison par l'éjection du moqueur impie. Il est en effet probable que, d'autres jours aussi, Ismaël avait été exalté par une pétulance similaire; pourtant je ne doute pas, mais Moïse déclare expressément que son mépris s'est manifesté envers Sarah, lors de cette assemblée solennelle, et qu'à partir de ce moment, il a été publiquement proclamé. Or, Moïse ne parle pas avec mépris des plaisirs de cette fête, mais prend plutôt leur légitimité pour acquise. Car ce n'est pas son dessein d'interdire aux saints hommes d'inviter leurs amis, à une participation commune à la jouissance, afin qu'eux, remerciant ensemble Dieu, puissent se régaler avec plus d'hilarité que d'habitude. La tempérance et la sobriété sont en effet toujours à observer; et il faut prendre soin à la fois que la disposition elle-même soit frugale et que les invités soient modérés. Je dirais seulement que Dieu ne traite pas avec nous de façon si austère, pour ne pas nous permettre, parfois, de divertir nos amis généreusement; comme lorsque les noces doivent être célébrées, ou lorsque des enfants nous naissent. Abraham fit donc une grande fête, c'est-à-dire une fête extraordinaire; parce qu'il n'était pas habitué ainsi somptueusement à meubler sa table tous les jours; c'était pourtant une abondance qui ne dégénéra pas en luxe. D'ailleurs, s'il était ainsi libéral pour recevoir ses amis selon sa puissance, il en avait aussi assez pour des invités inconnus, comme nous l'avons vu auparavant.