Commentaire Biblique de Jean Calvin
Genèse 29:18
18. Je vous servirai sept ans . L'iniquité de Laban se trahit en un instant; car c'est une honteuse barbarie que de donner sa fille, en guise de récompense, en échange des services de Jacob, en faisant d'elle l'objet d'une sorte de troc. Il aurait dû, en revanche, non seulement avoir cédé une part à sa fille, mais aussi avoir agi plus libéralement envers son futur gendre. Mais sous prétexte d'affinité, il lui escroque la récompense de son travail, ce qu'il avait auparavant reconnu injuste. (65) Nous percevons donc encore plus clairement ce à quoi j'ai fait allusion précédemment, que bien que dès le sein de leur mère les hommes aient une notion générale de la justice, leur propre avantage se présente à la vue, ils deviennent réellement injustes, à moins que le Seigneur ne les réforme par son Esprit. Moïse ne raconte pas ici quelque chose de rare ou d'inhabituel, mais ce qui est le plus courant. Car si les hommes ne mettent pas leurs filles en vente, le désir de gain se précipite pour la plupart si loin, qu'ils prostituent leur honneur et vendent leurs âmes. De plus, ce n'est pas tout à fait une faute si Jacob était plutôt enclin à aimer Rachel; si c'était que Leah, à cause de ses yeux tendres, était moins belle, ou qu'elle ne plaisait que par la beauté de ses yeux, (66) tout en Rachel l'a surpassée dans l'élégance de la forme. Car nous voyons comment naturellement une sorte d'affection secrète produit l'amour mutuel. Il ne faut se garder que de l'excès, et d'autant plus diligemment, qu'il est difficile de contenir des affections de ce genre, qu'elles ne prévalent pas à l'étouffement de la raison. Par conséquent, celui qui sera amené à choisir une femme, à cause de l'élégance de sa forme, ne pèchera pas nécessairement, pourvu que la raison maintienne toujours l'ascendant, et retienne l'insolence de la passion dans l'assujettissement. Pourtant, peut-être Jacob a-t-il péché en étant trop indulgent, quand il a voulu que Rachel, la sœur cadette, lui soit donnée, au tort de l'aîné; et aussi, tout en cédant au désir de ses propres yeux, il a sous-évalué les vertus de Leah: car c'est un manque très coupable d'autonomie, quand on ne choisit une femme que pour sa beauté, alors que l'excellence de disposition doit être considéré comme de première importance. Mais la force et l'ardeur de son attachement se manifestent en cela, qu'il ne ressentit aucune lassitude dans le travail de sept ans: mais la chasteté y fut aussi jointe, de sorte qu'il persévéra, pendant cette longue période, avec un esprit patient et tranquille en au milieu de tant de travaux. Et là encore, l'intégrité et la continence de cet âge sont apparentes, parce que, bien qu'habitant sous le même toit et habitué aux relations familières, Jacob se conduisit avec modestie et s'abstint de toute inconvenance. Par conséquent, à la fin de l'heure fixée, il a dit: «Donne-moi ma femme, afin que j'entre chez elle», ce par quoi il sous-entend qu'elle était jusqu'ici une vierge pure.