Commentaire Biblique de Jean Calvin
Genèse 30:25
25. Renvoyez-moi, que je puisse aller . Voyant que Jacob avait été retenu par une proposition de récompense pour ses services, il pourrait sembler qu'il agissait habilement en désirant son renvoi de son beau-père. Je ne puis douter, cependant, que le désir de rentrer lui soit déjà venu à l'esprit et qu'il avoue ingénument son intention. Première; Ayant éprouvé, à bien des égards, à quel point Laban avait été injuste, perfide et même cruel, il n'est pas étonnant qu'il veuille s'éloigner de lui, aussitôt que l'occasion se serait offerte. Deuxièmement; puisque, du long laps de temps qui s’était écoulé, il espérait que l’esprit de son frère serait apaisé, il ne pouvait que souhaiter sincèrement retourner auprès de ses parents; d'autant plus qu'il avait été opprimé par tant de troubles, qu'il ne pouvait guère craindre une condition pire ailleurs. Mais la promesse de Dieu était le stimulant le plus puissant de tous pour exciter son désir de revenir. Car il n'avait pas rejeté la bénédiction qui lui était plus chère que sa propre vie. À ce stade, sa déclaration se réfère: «J'irai chez moi et dans mon pays»; car il n'utilise pas ce langage concernant Canaan, seulement parce qu'il y est né, mais parce qu'il savait qu'il lui avait été accordé par Dieu. Car s'il avait dit qu'il désirait rentrer, simplement parce que c'était son pays natal, il aurait pu être exposé au ridicule; depuis que son père avait passé une vie errante et instable, changeant continuellement de demeure. Je conclus donc que, bien qu'il ait pu habiter commodément ailleurs, l'oracle de Dieu, par lequel le pays de Canaan lui avait été destiné, était toujours frais dans sa mémoire. Et si, pendant un certain temps, il se soumet à la détention, cela ne change rien à son intention de partir: par nécessité, en partie, lui en a extorqué, puisqu'il n'a pu se dégager des pièges de son oncle; en partie aussi, il céda volontairement, afin d'acquérir quelque chose pour lui-même et sa famille, de peur de retourner pauvre et nu dans son pays. Mais ici, la méchanceté insensée de Laban est découverte. Après avoir presque épuisé son neveu et son gendre, par un travail acharné et constant pendant quatorze ans, il ne lui offre pourtant aucun salaire pour l'avenir. L'équité, dont il avait d'abord fait de telles prétentions, avait déjà disparu. Car plus la patience de Jacob avait été grande, plus la licence tyrannique avait été usurpée sur lui. Le monde abuse donc de la douceur des pieux; et plus ils se conduisent docilement, plus le monde les assaille avec férocité. Mais bien que, comme les moutons, nous soyons exposés, dans ce monde, à la violence et aux blessures des loups; nous ne devons pas craindre qu'ils ne nous blessent ou nous dévorent, car le berger céleste nous garde sous sa protection.