Commentaire Biblique de Jean Calvin
Genèse 34:30
30. Et Jacob a dit . Moïse déclare que le crime a été condamné par le saint homme, de peur que personne ne pense avoir participé à leur conseil. Il discute aussi avec ses fils, parce qu'ils l'avaient fait puer parmi les habitants du pays; c'est-à-dire qu'ils l'avaient rendu si odieux, que personne ne pourrait le supporter. Si donc les nations voisines conspiraient entre elles, il serait incapable de leur résister, vu qu'il avait une si petite bande, en comparaison de leur grand nombre. Il nomme aussi expressément les Cananéens et les Perizzites, qui, bien qu'ils n'aient reçu aucun tort, étaient encore par nature extrêmement enclins à infliger des blessures. Mais Jacob peut sembler agir de manière absurde, en ignorant le délit commis contre Dieu et en ne considérant que son propre danger. Pourquoi n'est-il pas plutôt en colère contre leur cruauté? pourquoi n'est-il pas offensé de leur perfidie? pourquoi ne leur reproche-t-il pas leur rapacité? Il est cependant probable que lorsqu'il les a vus frappés de terreur par leur récent crime, il a adapté des mots erronés à leur état d'esprit. Car il agit comme s'il se plaignait d'avoir été tué par eux, plutôt que les Sichémites. Nous savons que les hommes sont rarement, voire jamais, attirés par la repentance, sauf par la peur du châtiment: surtout lorsqu'ils ont un prétexte spécieux pour couvrir leur faute. En outre, nous ne savons pas si Moïse n'a peut-être pas choisi cela dans le cadre d'une longue expostulation, pour faire comprendre à ses lecteurs que la fureur de Simon et Lévi était si scandaleuse, qu'ils étaient plus insensibles que les bêtes brutes à leur propre destruction et celle de toute leur famille. Cela ressort clairement de leur propre réponse, qui non seulement respire une férocité barbare, mais montre qu'ils n'avaient aucun sentiment. C'était barbare, d'abord, parce qu'ils s'excusaient d'avoir détruit tout un peuple et pillé leur ville, à cause du tort causé par un homme; deuxièmement, parce qu'ils répondent à leur père si brièvement et avec contumace; troisièmement, parce qu'ils défendent obstinément la vengeance qu'ils avaient imprudemment prise. De plus, leur insensibilité était prodigieuse, car ils n'étaient pas affectés par la pensée de leur propre mort, et celle de leurs parents, épouses et enfants, qui semblaient à portée de main. Ainsi nous apprend-on comment une colère intempestive prive les hommes de leurs sens. Nous sommes également avertis qu'il ne nous suffit pas de blâmer nos adversaires; mais nous devons toujours voir jusqu'où il nous est permis d'aller.