Commentaire Biblique de Jean Calvin
Genèse 41:38
38. Pouvons-nous en trouver un comme celui-ci? Nous voyons que la nécessité est un excellent professeur. Si des préfets ou des juges doivent être créés, quelqu'un est avancé à l'honneur parce qu'il est favori, sans considération de son désert; d'où il arrive que ceux qui sont les plus indignes entrent fréquemment en fonction. Et bien que nous voyions l'ordre politique perturbé et l'humanité impliquée dans de nombreux inconvénients, parce que ceux qui sont les moins aptes, se poussent imprudemment, par de méchants artifices, dans des affaires pour lesquelles ils ne sont pas capables de gérer; néanmoins, l'ambition triomphe et subvertit l'équité. Mais la nécessité extorque un jugement sobre. Pharaon ne dit rien d'autre que ce qui est naturellement gravé dans le cœur de tous les hommes, que les honneurs ne doivent être conférés qu'à des personnes compétentes, et telles que Dieu a fourni les qualifications nécessaires. L'expérience enseigne cependant abondamment que cette loi de la nature échappe à la mémoire, chaque fois que les hommes sont libres de l'offenser impunément. L'orgueil de Pharaon était donc sagement si subjugué, que lui, écartant l'ambition, préféra un étranger qui venait de sortir de prison, à tous ses courtisans, parce qu'il les surpassait en vertu. La même nécessité contraignit les nobles du royaume, de sorte qu'ils ne luttèrent pas chacun, selon leur coutume, pour obtenir la priorité du rang pour eux-mêmes. Et bien que ce ne fût qu'une modestie obligatoire, dans la mesure où ils avaient honte de résister au bien public; cependant il ne fait aucun doute que Dieu leur inspira de la crainte, de sorte que, du commun accord de tous, Joseph fut nommé président de tout le royaume. Il est également à remarquer que Pharaon, bien qu'il eût été épris de ses devins, honore néanmoins les dons de l'esprit en Joseph: parce que Dieu, en effet, ne souffre jamais que l'homme soit si brutalisé, au point de ne pas sentir sa puissance, même en leur obscurité. Et par conséquent, quelle que soit la défection impie qui les précipite, il demeure avec eux un sentiment de Déité qui reste. En attendant, cette connaissance est de peu de valeur, ce qui ne corrige pas l’ancienne folie d’un homme; car il méprise le Dieu qu'il proclame de sa bouche, et il n'a aucune idée d'autre que je ne sais quelle divinité confuse. Ce type de connaissance éclaire souvent les hommes profanes, mais pas pour les amener à se repentir. Par quoi nous sommes exhortés à considérer un principe particulier comme de peu de valeur, jusqu'à ce qu'une piété solide en jaillisse et s'épanouisse.