Commentaire Biblique de Jean Calvin
Habacuc 1:2
Comme je vous l'ai déjà rappelé, les interprètes pensent que le Prophète parle ici de choses futures, comme s'il avait à ses yeux la calamité qu'il mentionne ensuite; mais c'est un sens trop tendu; Je ne doute donc pas mais que le Prophète exprime ici avec Dieu pour avoir si patiemment indulgent un peuple réprouvé. Car bien que les prophètes aient ressenti un réel souci pour la sécurité du peuple, il n'y a pas de doute qu'ils brûlaient de zèle pour la gloire de Dieu; et quand ils virent qu'ils avaient à lutter contre des hommes réfractaires, ils furent alors enflammés d'un saint mécontentement, et entreprirent la cause de Dieu; et ils implorèrent Son aide pour apporter un remède lorsque l'état des choses était devenu désespéré. Je considère donc que le Prophète ici sollicite Dieu pour visiter ces nombreux péchés dans lesquels le peuple s'était endurci. Et par conséquent, nous concluons qu'il avait auparavant exercé sa fonction d'enseignant; car il eût été autrement inapproprié pour lui de commencer son travail par une telle plainte et une telle explication. Il avait alors par expérience constaté que les gens étaient extrêmement pervers. Quand il a vu qu'il n'y avait aucun espoir d'amendement, et que l'état des choses empirait chaque jour, brûlant de zèle pour Dieu, il a donné libre cours à ses sentiments. Avant, alors, il menace le peuple de la vengeance future de Dieu, il se retire, pour ainsi dire, des relations avec les hommes, et s'adresse en privé à Dieu lui-même.
Nous devons garder cela à l’esprit, en premier lieu, que le Prophète raconte ici le colloque secret qu’il a eu avec Dieu: mais il ne faut pas attribuer à un tempérament insensible que, par ces mots, il ait voulu hâter la vengeance de Dieu contre sa propre famille; car il s'est conduit le Prophète non seulement à être soucieux du salut du peuple, mais aussi à se soucier de la gloire de Dieu, oui, à brûler avec un zèle saint. Comme il avait donc en vain travaillé pendant un long moment, je ne doute pas que, étant comme loin de la présence de tous les témoins, il demande ici à Dieu, combien de temps il se proposa ainsi de supporter la méchanceté les gens. Nous appréhendons maintenant la conception du Prophète et la portée de ses paroles.
Mais il dit d'abord: Jusques à quand, Jéhovah, pleurerai-je, et tu n'entendras pas? Jusques à quand te crierai-je la violence, c'est-à-dire la violence, et tu ne sauves pas? Nous apprenons donc que le Prophète avait souvent prié Dieu de corriger les gens pour leur méchanceté, ou de trouver des moyens pour empêcher tant de licence dans le péché. Il est en effet probable que le Prophète avait prié tant qu'il y avait un espoir; mais quand il a vu que les choses étaient après la guérison, il a alors prié plus sérieusement que Dieu entreprenne la fonction de juge et châtie le peuple. Car, bien que le Prophète ait vraiment condolé avec ceux qui ont péri, et a été touché, comme je l'ai dit, avec un sérieux souci pour leur sécurité publique, il a cependant préféré la gloire de Dieu: quand, par conséquent, il a vu que l'audace dans le péché a augmenté par l'impunité et que les Juifs se moquaient de Dieu d'une manière plus virile quand ils découvraient qu'ils pouvaient pécher sans être punis, il ne pouvait pas endurer une telle insouciance débridée. En outre, le Prophète peut avoir parlé ainsi, non seulement comme exprimant son propre sentiment, mais ce qu'il ressentait en commun avec tous les pieux; comme s'il avait entrepris ici un devoir public, et prononce une plainte commune à tous les fidèles: car il est probable que tous les pieux, dans un état de choses si désordonné, pleuraient également. Combien de temps vais-je donc pleurer? Combien de temps, dit-il, pleurerai-je à cause de la violence? - Seigneur, ne veux-tu pas faire attention? Mais dans ces mots, le Prophète non seulement évacue ses propres sentiments, mais fait ce genre de préface, afin que les Juifs comprennent mieux que le temps de la vengeance était venu; car ils étaient devenus non seulement totalement intolérables à Dieu, mais aussi à ses serviteurs. Dieu avait en effet suspendu son jugement, bien qu'il ait été souvent sollicité pour l'exécuter par son prophète. Il apparaît donc que leur méchanceté avait fait de tels progrès qu'il ne serait pas étonnant qu'ils soient maintenant sévèrement châtiés par le Seigneur; car, par leurs péchés, ils l'avaient non seulement provoqué contre eux, mais aussi tous les pieux et les fidèles.