Commentaire Biblique de Jean Calvin
Jean 18:10
10. Puis Simon Peter, ayant une épée, l'a dessinée. L'évangéliste décrit maintenant le zèle insensé de Peter, qui a tenté de défendre son Maître d'une manière illégale. Audacieusement et courageusement, en effet, il encourt de grands risques à cause du Christ; mais comme il ne considère pas ce que son appel exige, et ce que Dieu permet, son action est si loin de mériter des éloges, qu'il est sévèrement blâmé par Christ. Mais apprenons que, en la personne de Pierre, Christ condamne tout ce que les hommes osent tenter de leur propre fantaisie. Cette doctrine est éminemment digne d'attention; car rien n'est plus commun que de défendre, sous le manteau du zèle, tout ce que nous faisons, comme s'il était sans importance que Dieu approuvât ou non ce que les hommes supposent être juste, dont la prudence n'est rien d'autre qu'une simple vanité .
Si nous ne voyons rien de défectueux dans le zèle de Pierre, , nous devons néanmoins nous contenter de ce seul motif, que le Christ déclare qu'il en est mécontent. Mais nous voyons que ce n'est pas à cause de lui que le Christ ne s'est pas détourné de la mort, et que son nom n'a pas été exposé à une disgrâce perpétuelle; car, en offrant la violence au capitaine et aux soldats, il joue le rôle d'un bandit, parce qu'il résiste au pouvoir que Dieu a désigné. Le Christ ayant déjà été plus qu'assez haï par le monde, ce seul acte pourrait donner de la plausibilité à toutes les calomnies que ses ennemis lui ont faussement portées. En outre, il était extrêmement irréfléchi chez Pierre d'essayer de prouver sa foi par son épée, alors qu'il ne pouvait pas le faire par sa langue. Lorsqu'il est appelé à se confesser, il renie son Maître; et maintenant, sans l’autorité de son Maître, il soulève un tumulte.
Avertis par un exemple si frappant, apprenons à garder notre zèle dans des limites convenables; et comme l'indifférence de notre chair est toujours désireuse d'essayer plus que Dieu ne le commande, apprenons que notre zèle réussira mal, chaque fois que nous nous risquons à entreprendre quelque chose de contraire à la parole de Dieu. Il arrivera parfois que le commencement nous donne des promesses flatteuses, mais nous serons enfin punis de notre imprudence. Que l'obéissance soit donc le fondement de tout ce que nous entreprenons. On nous rappelle aussi que ceux qui ont résolu de plaider la cause du Christ ne se conduisent pas toujours assez habilement pour ne pas commettre de faute; et, par conséquent, nous devons le plus instamment implorer le Seigneur de nous guider dans chaque action par l'esprit de prudence.