Commentaire Biblique de Jean Calvin
Jérémie 25:33
Ce verset explique ce que je viens de dire; et par conséquent il apparaît aussi que le Prophète n’a pas parlé de massacres mutuels infligés par une nation à une autre, mais qu’il a seulement déclaré que la colère de Dieu se répandrait comme une tempête pour s’étendre à toutes les nations et à toutes les terres. Le Prophète continue sans doute le même sujet; et nous voyons pourquoi il dit ici: Et les tués de Jéhovah seront en ce jour-là, etc .; il attire notre attention sur Dieu seul; il parlera autrement plus tard, il ne met pas ici devant nous les ministres de la vengeance de Dieu, mais Dieu lui-même agissant par lui-même.
C'est pourquoi il dit: tué de Jéhovah; certains lisent, "les blessés;" et חלל , chelal, signifie blesser et tuer; mais «le tué» est plus approprié ici. Le tué de Jéhovah sera d'une extrémité de la terre à l'autre; comme s'il avait dit que Dieu ne se contenterait pas de punir trois ou quatre nations, mais se montrerait le juge de tous les pays de la terre.
Or, ce passage mérite une mention spéciale; car nous nous demandons souvent pourquoi Dieu est complice de tant de crimes commis par des hommes, qu'aucun de nous ne tolérerait. Mais si nous considérons à quel point la tempête dont parle maintenant le Prophète était terrible, nous devons savoir que Dieu se repose pendant un certain temps, afin que les impies et les méchants soient les moins excusables. C'était en même temps sans doute un triste spectacle, alors que tant de régions et de provinces souffraient sans cesse de diverses calamités, lorsqu'une nation se croyait mieux lotie que ses voisins, mais se trouvait à présent plus cruellement traitée. Et pourtant c'était généralement le cas, car la colère de Dieu s'étendait jusqu'aux extrémités de la terre.
Il amplifie l'atrocité du mal en mentionnant trois choses: - Ils ne seront ni déplorés, ni rassemblés, ni enterrés; mais ils seront comme des excréments, et reposeront ainsi sur la surface de la terre Nous avons dit ailleurs que la lamentation ne fait aucun bien aux morts; mais comme c'est ce que l'humanité exige, son manque est à juste titre considéré comme une punition temporelle. Ainsi, quand quelqu'un est privé de sépulture, il n'y a certainement rien pour le mort si son corps n'est pas déposé dans une tombe; car nous savons que les saints serviteurs de Dieu ont souvent été brûlés ou pendus ou exposés à des bêtes sauvages; et toute l'Église se plaint que des cadavres gisaient autour de Jérusalem et sont devenus la nourriture des oiseaux du ciel et des bêtes de la terre. Mais ces choses ne réfutent pas le fait que l’enterrement est une preuve de la bonté paternelle de Dieu envers les hommes. Car pourquoi a-t-il ordonné que les hommes soient enterrés plutôt que les animaux bruts, sauf qu'il l'a conçu pour être une indication d'une vie immortelle? Comme donc l’enterrement est un signe de la faveur de Dieu, il n’est pas étonnant qu’il déclare souvent aux réprouvés que leurs cadavres seraient jetés, pour ne pas être honorés, par une tombe.
Mais nous devons nous rappeler cette vérité, - que les châtiments temporels arrivent en commun aux enfants de Dieu et aux étrangers; Dieu étend sans aucune différence des châtiments temporels à ses propres enfants et aux non-croyants, et cela pour qu'il soit évident que notre espérance ne doit pas être fixée sur ce monde. Mais quoi qu'il en soit, il est pourtant vrai que lorsque Dieu punit l'incroyant de cette manière, il ajoute en même temps une remarque par laquelle il peut être compris, qu'il n'arrive ni en vain ni de manière indue, que ceux qui sont privés de sépulture, qui méritent que Dieu les extermine de la terre, et que leur mémoire soit effacée, afin qu'ils ne soient pas liés entre les hommes. Mais nous avons dit aussi dans un autre endroit, que de telles expressions admettent une autre signification, qui n'est pas encore en contradiction avec la première, mais qui lui est liée, et c'est-à-dire que si grand serait le massacre, qu'il ne serait montrer cette gentillesse à son ami ou à son voisin ou à son frère. Car quand quatre, dix ou cent meurent, ils peuvent être enterrés; mais quand Dieu tue par l'épée un grand nombre en un jour, on ne trouve personne pour s'occuper d'enterrer les morts, car peu restent en vie, et même ils redoutent leurs ennemis. Quand donc les prophètes disent que ceux que Dieu a tués seraient sans lamentations et sans enterrement, ils insinuent que le nombre serait si grand, que tout reposerait sur le sol; car personne n'oserait accomplir cet acte humain envers les morts, et tous feraient de leur mieux, ils ne le pourraient pas, car le nombre serait si grand.
Ainsi Jérémie confirme ce que nous avons dit, à savoir que la vengeance de Dieu s’étendrait à toutes les terres et à toutes les nations, de manière à entraîner la ruine des nobles aussi bien que des gens ordinaires, et de ne laisser qu’un petit nombre.
Dans le même but, il ajoute ce qui suit, qu'ils seraient comme excréments sur la face de la terre Ceci est ajouté par mépris. Il n'était alors guère crédible que tant de nations illustres, riches et puissantes puissent ainsi en si peu de temps être détruites. Mais le Prophète, pour se débarrasser de cette fausse vanité, dit qu'ils deviendraient comme des excréments, que si grands soient leur dignité et leur puissance, leur richesse et leur force, ils ne pourraient pas encore échapper à la main de Dieu, car réduisez à néant la gloire du monde entier. Nous percevons maintenant la vraie signification du Prophète. Il suit alors -