Commentaire Biblique de Jean Calvin
Jérémie 32:2
Il rappelle ensuite les circonstances de cette époque, et non sans raison, quand il dit, qu'il était alors enfermé en prison, et mentionne également l'année, même le dixième de Sédécias et le dix-huitième du roi Nebucadnetsar. (59) Ce fut vers la fin de la neuvième année que l'armée de Nebucadnetsar monta à Jérusalem; la ville fut assiégée pendant deux mois cette année-là. La dixième année a suivi, au cours de laquelle cette vision a été donnée au Prophète. Le siège dura un an et demi; mais il y eut une certaine interruption; car les Egyptiens sont venus à son secours. Ainsi pendant un court laps de temps, tandis que les Chaldéens allaient à leur rencontre, il eut une certaine liberté. Mais les Égyptiens, comme nous le verrons plus tard, ont été contraints de se retirer dans la disgrâce, et ont ensuite subi des punitions pour leur audace et leur témérité. C'est alors vers le milieu du siège que Dieu, comme nous le verrons, a prédit au Prophète le retour futur du peuple. Mais bien que Dieu ait montré du respect pour les misérables exilés, il confirma en même temps ce qu'il avait dit précédemment de sa future vengeance; car le peuple ne pouvait pas être restauré avant d'avoir été conduit à l'exil. C'était en effet un terrible exemple de dureté et de persévérance, qu'ayant été si souvent flagellés, ils n'en tiraient aucun bénéfice. Ils avaient éprouvé le lourd jugement de Dieu sous Jojakim, et aussi sous Jéconiah; mais le souvenir de ces calamités avait bientôt disparu, et ils vivaient aussi en sécurité que s'ils n'avaient jamais entendu un mot de la bouche de Jérémie: et il n'était pas le seul à les avoir menacés, mais il y avait avant lui Isaïe et d'autres, et en même temps avec lui était Ézéchiel, qui avait été exilé en Chaldée. Ensuite, à partir du nombre d'années, nous concluons à quel point l'obstination du peuple a dû être grande.
En même temps, nous devons observer à quel point cette prophétie était saisonnière pour apaiser l'esprit des pieux, car ils n'étaient pas loin d'une calamité extrême; car ce fut la onzième année de Sédécias et le quatrième mois que la ville fut prise et démolie, le peuple chassé en exil et le temple brûlé. Ensuite, il ne resta pas plus de six ou sept mois, peut-être, au moment de leur ruine totale; il n'y a en effet aucune mention ici du mois au cours duquel le Prophète a reçu la vision, mais la dixième année est seulement mentionnée. Or, la ville a été prise au début de la onzième année, comme nous l'avons dit. D'où vient alors plus pleinement la lumière de l'extrême perversité du peuple; car tandis que l'ennemi encerclait la ville, ils retinrent Jérémie en captivité. Il avait déjà prédit depuis de nombreuses années ce que l'expérience leur avait alors appris à être vrai. Pendant quarante ans, il n'avait cessé de crier et de s'efforcer en les avertissant, en les exhortant et en les menaçant de les conduire à la repentance. Comme il ne leur arrivait alors rien de nouveau, et comme ils trouvèrent par les maux qui se produisirent que Jérémie avait été un vrai et fidèle serviteur de Dieu, quel était leur but en l'enfermant en prison? n'était-ce pas faire la guerre à Dieu? car qu'avaient-ils à voir avec Jérémie? Il n'avait manifestement pas joué un rôle privé, et il n'avait pas non plus seulement rêvé de ce qu'il leur avait si souvent prédit. Ensuite, ils ne se sont pas battus avec un mortel, mais comme les géants, ils ont osé lever les cornes contre Dieu lui-même.
Pour la même raison également, il se qualifie lui-même de Prophète C'est effectivement ce qu'il a souvent fait, mais il ne fait aucun doute que l'indignité qui lui est offerte est signalée, que même au moment où les Chaldéens encerclaient la ville avec leur armée, Jérémie le Prophète était enfermé dans la cour de la prison. Il aurait pu seulement dire que Jérémie était enfermé, mais pour l'honneur, il a pris le titre de prophète, ce qui pourrait par conséquent apparaître plus clairement la bassesse de la contumace du peuple, que bien qu'ils aient perçu que Dieu était en colère contre eux, ils n'a pas cessé de se présumer; car ils gardèrent alors le Prophète en prison comme s'ils combattaient avec Dieu lui-même. Nous savons que les imbéciles, selon le vieux proverbe, étant châtiés, deviennent sages. Si alors les Juifs avaient une particule ou une étincelle de sagesse, ils auraient pu être si subjugués par les maux et les calamités qu'ils auraient rejeté leur orgueil et leur obstination. Mais nous voyons qu'ils étaient indomptables, et par une fureur folle persistaient dans leur méchanceté; car, quoique assiégés par leurs ennemis, ils essayaient pourtant de retenir Dieu comme captif dans la personne de son serviteur.
Quant au tribunal de la prison, je n'en doute pas, mais c'était une sorte d'emprisonnement plus douce, car nous verrons par la suite que le Prophète a prié pour qu'il ne soit pas de là jeté dans la prison sombre où il avait été. Il a cherché comme aucune faveur commune de rester dans quelque prison; et il était encore exposé aux moqueries de tous. Quoi qu'il en soit, nous voyons que le peuple n'était alors rien devenu mieux, alors qu'il avait déjà été châtié et flagellé par Dieu.
Nous devons en même temps garder à l'esprit ce que j'ai déjà dit, que si les impies cherchaient de toutes les manières à éteindre entièrement la parole de Dieu, ils n'atteignirent pas encore ce qu'ils voulaient; car Dieu a brisé toutes les entraves et a continué le cours de sa parole malgré toutes leurs tentatives. Et cela doit être soigneusement remarqué, car nous voyons en ce jour toutes sortes de manigances faites par les méchants pour entraver le cours de la vérité céleste. Souvenons-nous donc de cette histoire, que bien que Jérémie fût captif, sa parole était libre et sa langue libre, comme Paul le vante aussi, que bien qu’il soit lié par des chaînes, la parole de Dieu n’était pas liée. (2 Timothée 2:9)