Commentaire Biblique de Jean Calvin
Jérémie 34:4
Ici, Jérémie ajoute un peu de réconfort, même que Sédécias lui-même ne serait pas tué par l'épée, mais qu'il mourrait dans son lit et, comme on dit couramment, céderait à son sort. C'était en effet une certaine atténuation de la punition, que Dieu prolongeait sa vie et lui permettait de ne pas être immédiatement frappé par l'épée. Et pourtant, si l'on considère toutes les circonstances, il aurait été un mal plus léger à la fois d'être mis à mort, que de prolonger la vie à la condition d'être condamné à tomber dans une misère constante. Lorsque les yeux sont arrachés, nous savons que l'essentiel de la vie est perdu. Quand donc ce châtiment fut infligé à Sédécias, la mort n'était-elle pas souhaitable? Et puis il a été non seulement privé de sa dignité royale, mais a également été endeuillé de toute sa progéniture, et a ensuite été lié par des chaînes. On voit donc que ce qui lui restait n'était pas tant un objet de désir, il aurait pu préférer dix ou cent fois mourir. Dieu, cependant, l'a conçu comme une faveur, qu'il n'a pas été frappé par l'épée.
Une question peut être soulevée ici: la mort violente devrait-elle être tant redoutée? Nous savons en effet que certains païens l'ont souhaité. Ils nous disent de Jules César, que la veille de son assassinat, il se disputait au souper quelle mort était la meilleure, et qu'il la jugeait la mort la plus facile (εὐθανασίαν) quand on est soudainement privé de vie , - la chose même qui lui est arrivée le lendemain. Ainsi, il paraissait avoir atteint son souhait, car il avait dit que c'était une mort heureuse d'être soudainement éteinte. Il n'y a cependant aucun doute que la mort naturelle est toujours plus facile à supporter, quand toutes choses, comme on dit, sont égales; car le sentiment de la nature est celui-ci, que les hommes redoutent toujours une mort sanglante, et on la considère comme une chose monstrueuse quand le sang humain est versé; mais quand quelqu'un meurt tranquillement d'une maladie, comme c'est une chose courante, nous ne ressentons pas tant d'horreur. Puis le temps est accordé aux malades, de penser à la main de Dieu, de réfléchir à l’espoir d’une vie meilleure, et aussi de fuir vers la miséricorde de Dieu, ce qui ne peut se faire dans une mort violente. Lorsque, par conséquent, tous ces éléments sont dûment pesés, il ne doit pas être considéré comme étrange que Dieu, voulant atténuer le châtiment de Sédécias, dise: Tu ne mourras pas par l'épée, mais tu mourra en paix Mourir en paix, c'est mourir de mort naturelle, quand aucune violence n'est employée, mais quand Dieu lui-même appelle les hommes, comme s'il leur tendait la main. Il est en effet certain qu'il vaut bien mieux pour certains d'être tués par l'épée que de s'épuiser par la maladie: car nous voyons que beaucoup sont soit pris de frénésie sur leur lit, soit en rage contre Dieu, soit restent obstinés: là sont, en bref, des exemples terribles, qui se produisent quotidiennement, où l'Esprit de Dieu ne travaille ni ne règne. Car il n'y a donc pas de tendresse chez l'homme, surtout quand il a peur de la mort; il enflamme alors en quelque sorte la rage contre Dieu. Mais, d'un autre côté, beaucoup de ceux qui sont amenés dans l'affliction, se reconnaissent justement condamnés et en même temps reconnaissent que le châtiment infligé est un médicament, afin d'obtenir miséricorde devant Dieu. Pour beaucoup, donc, il vaut mieux mourir d'une mort violente que de mourir en paix; mais cela arrive par la faute des hommes: en même temps, la mort naturelle, comme je l'ai dit, mérite à juste titre d'être de beaucoup préférée à une mort violente et sanglante, et j'en ai brièvement exposé les raisons. Le sujet pourrait en effet être traité plus complètement, mais il suffit de toucher brièvement le point principal comme l'exige le passage.