Commentaire Biblique de Jean Calvin
Jérémie 36:32
Ici, le Prophète nous dit qu'il a fidèlement obéi à Dieu en écrivant un autre volume; et sa constance dans cette affaire ne mérite aucun éloge commun; car il avait récemment fui dans la peur, il savait que le roi était son ennemi, comme il avait déjà ordonné de tuer Baruch et lui. Comme il savait alors que le roi brûlait de tant de rage et de haine, comment est-il arrivé à être assez hardi pour l'exaspérer encore plus? Mais nous voyons que les prophètes n'étaient pas exempts de l'influence de la peur et étaient souvent inquiets pour leur propre sécurité; et pourtant ils ont toujours préféré le devoir que Dieu leur imposait à leur propre vie. Le Prophète tremblait, sans aucun doute, mais comme il se sentait obligé d’obéir à l’ordre de Dieu, il a ignoré sa propre vie, quand il a dû faire le choix, soit de refuser le fardeau qui lui était imposé, soit de pourvoir à sa propre sécurité. C'est ainsi qu'il offrit sa propre vie en sacrifice, bien qu'il n'ait pas été exempt de peur et d'autres infirmités. C'est une chose.
Mais Baruch, je n'en doute pas, proclama encore ces paroles; comment se fait-il alors que le roi s'abstienne de la cruauté? Sa folie avait-elle été par quelque moyen atténuée? Il est certain qu’il n’est pas devenu changé et qu’il n’a pas épargné par bonté les serviteurs de Dieu; mais Dieu a retenu sa cruauté; car quand ce n'est pas sa volonté d'adoucir le cœur des impies, il résiste encore à leur violence, de sorte qu'ils n'osent pas, ou ne trouvent pas le moyen, d'exécuter de leurs mains ce qu'ils ont voulu dans leur esprit, quelque peut s’efforcer de le faire. Je considère donc que le roi Jojakim a été retenu par la puissance cachée de Dieu, de sorte qu'il ne pouvait faire aucun mal à Jérémie et à son scribe Baruch; et qu'entre temps la magnanimité du Prophète et aussi de son scribe restait invincible; car c'était la volonté de Dieu de se battre pour ainsi dire au corps à corps, avec ce roi impie, jusqu'à ce qu'il soit ignominieusement jeté de son trône, ce qui arriva, comme nous le verrons, peu après.