Commentaire Biblique de Jean Calvin
Jérémie 38:13
Nous voyons ici que le Prophète a été sauvé de la mort, pas pour autant qu’il puisse être mis en liberté et renvoyé chez lui, car cela n’aurait pas été à son avantage, comme il aurait été repris par les conseillers du roi. Ebedmelech ne pouvait donc pas sauver sa vie autrement qu'en le faisant enfermer dans une autre partie de la prison. Il aurait pu souhaiter, sans doute, l'avoir comme hôte chez lui: il souhaitait sans doute faire plus que lui. Mais sa prudence mérite d'être félicitée, d'avoir remis le Prophète en prison; car autrement la fureur et la cruauté des princes n'auraient pu être atténuées. Ensuite, Jérémie a habité dans la cour de la prison.
Il y était évidemment conduit par Ebedmelech. Si l'on objectait et disait que c'était une preuve de trop de timidité; à ceci la réponse est, qu'Ebedmelech n'était pas craintif pour son propre compte, mais parce qu'il a vu qu'il avait à faire avec des bêtes sauvages; et il vit que leur rage ne pouvait être calmée autrement qu'en faisant enfermer Jérémie dans la prison. En effet, toute la ville était alors comme une prison, comme on le sait; car ils étaient partout opprimés par le besoin, et personne ne pouvait à peine sortir de chez lui. Cet état de choses fut alors sagement considéré par Ebedmelech, car il avait non seulement ses propres affaires à s'occuper, mais il travaillait aussi pour préserver le Prophète de Dieu.
Quand Dieu soulage à tout moment nos misères, et ne nous en libère pas tout de suite, supportons-les patiemment et rappelons cet exemple de Jérémie. Dieu, en effet, a manifesté sa puissance en le délivrant, et pourtant c'était sa volonté qu'il continue en prison: même ainsi il accomplit son œuvre par degrés. Si donc la pleine splendeur de la grâce de Dieu ne brille pas sur nous, ou si notre délivrance n’est pas encore pleinement accordée, laissons Dieu procéder petit à petit; et le moindre allégement doit suffire au réconfort, à la résignation et à la patience. Il suit maintenant, -