Commentaire Biblique de Jean Calvin
Jérémie 42:5
Il apparaît donc que le peuple a compris dans quel but Jérémie, avant de consulter Dieu, les a assurés de sa fidélité et de sa sincérité; car ce n'est pas sans raison qu'ils ont promis d'être obéissants à Dieu; mais comme ils voyaient qu'ils étaient soupçonnés de ne pas être sincères par Jérémie, et comme il avait promis d'être un enseignant vrai et fidèle, ils déclarèrent en revanche qu'ils seraient des disciples sincères et qu'ils recevraient tout ce que Dieu leur ordonnerait. Mais ils ont bientôt trahi leur perfidie, car lorsqu'ils ont appris que ce qu'ils avaient résolu de faire ne plaisait pas à Dieu, ils ont non seulement rejeté le conseil de Dieu et du prophète, mais l'ont traité avec insolence et ont même chargé le saint homme de reproches, comme bien qu'il leur ait dit ce qui était faux. Leur hypocrisie doit en même temps être une leçon pour nous, de sorte que lorsque Dieu se plait à nous montrer par une faveur singulière la manière d'agir correctement par des instructeurs fidèles et des enseignants compétents, nous ne serions peut-être pas comme eux, mais enseignables et prêt à obéir et à le prouver non seulement par la bouche mais aussi par nos actes.
Le Prophète dit alors qu'ils ont parlé ainsi, Que Dieu soit un témoin fidèle et vrai entre nous. Ne se contentant pas d'une simple affirmation, ils ont osé interposer le nom de Dieu; et ainsi nous voyons combien l'hypocrisie est aveugle. Car si les hommes pèsent dûment ce que c'est de profaner le nom de Dieu, ils craindraient et abomineraient certainement tout parjure. Alors qu'ils se précipitaient si audacieusement pour jurer, il est évident qu'ils étaient comme stupéfaits; et il n'y a pas d'ivresse qui confond aussi l'esprit des hommes et tous leurs sens que l'hypocrisie.
Ils ont ensuite ajouté: Selon la parole que Jéhovah ton Dieu nous enverra, nous ferons de même, c'est-à-dire tout ce que Jéhovah nous ordonnera par toi; car on dit que Dieu envoie aux hommes, quand il envoie un messager en son nom pour apporter ses commandements. Jérémie était alors, pour ainsi dire, une personne intermédiaire pour s’adresser au peuple au nom de Dieu, comme s’il avait été envoyé du ciel. Ils ont donc dit qu'ils feraient tout ce que Dieu commande. Une expression plus forte suit: Qu'elle soit bonne ou mauvaise, nous obéirons à la voix de Jéhovah notre Dieu Ils n'ont pas accusé ici la parole de Dieu d'être fausse, comme si elle avait rien d'injuste en lui; mais ils ont utilisé bon dans le sens de joyeux, et mal comme signifiant ce qui est triste ou douloureux, comme s'ils avaient dit, qu'ils ne demandaient rien d'autre que que Dieu déclare ce qui lui plaisait, et qu'ils étaient si soumis qu'ils ne refusaient rien quoique contraire à la chair. Si cette déclaration venait du cœur, elle eût été un témoignage de vraie piété; car les esprits des pieux doivent être conçus de manière à obéir à Dieu sans faire aucune exception, qu'il ordonne ce qui est contraire à leur dessein, ou les conduit là où ils ne veulent pas aller; car ceux qui veulent faire un pacte avec Dieu, pour qu'il n'exige que ce qui leur plaît, montrent qu'ils ne savent pas ce que c'est que de servir Dieu. D'où l'obéissance de la foi d'une manière particulière exige ceci, que l'homme doit renoncer à ses propres désirs, qu'il ne doit pas opposer ses propres conseils et désirs à la parole de Dieu, ni objecter et dire, c'est dur, ce n'est pas tout à fait agréable. Que ce soit puis que ce soit bon ou diabolique, c'est-à-dire que, bien que cela puisse être contraire aux sentiments de la chair, nous devons quand même embrasser ce que Dieu exige et commande: c'est la règle de la vraie religion.