Commentaire Biblique de Jean Calvin
Luc 10:38
38. Et il est arrivé qu'il soit entré dans un certain village. Ce récit montre que le Christ, où qu'il vienne, ne se consacre pas à ses préoccupations privées, ni ne consulte sa propre aisance ou son confort; mais que le seul but qu'il gardait en vue était de faire du bien aux autres et de s'acquitter de la fonction qui lui avait été confiée par le Père. Luc raconte qu'après avoir été accueilli avec hospitalité par Marthe, dès qu'il est entré dans la maison, il a commencé à enseigner et à exhorter. Comme ce passage a été fondamentalement déformé en l'éloge de ce qu'on appelle une vie contemplative, nous devons rechercher sa véritable signification, d'où il apparaîtra, que rien n'était plus éloigné du dessein du Christ, que d'encourager ses disciples à se livrer à indolence, ou dans des spéculations inutiles. C'est sans doute une vieille erreur (253) que ceux qui se retirent des affaires et se consacrent entièrement à un contemplatif, mènent une vie angélique. Pour les absurdités que les Sorbonnistes (254) déclarent à ce sujet, ils semblent avoir été Je suis redevable à Aristote, qui place le bien suprême et la fin ultime de la vie humaine dans la contemplation, qui, selon lui, est la jouissance de la vertu. Lorsque certains hommes étaient poussés par l'ambition de se retirer des rapports ordinaires de la vie, ou lorsque des hommes maigres se livraient à la solitude et à l'indolence, la résolution d'adopter cette voie était suivie d'un tel orgueil, qu'ils s'imaginaient être comme les anges, parce qu'ils n'ont rien fait; car ils entretenaient un aussi grand mépris pour la vie active, que si elle les avait éloignés du ciel. Au contraire, nous savons que les hommes ont été créés dans le but exprès d'être employés à des travaux de toutes sortes, et qu'aucun sacrifice n'est plus agréable à Dieu que lorsque chaque homme s'applique diligemment à sa propre vocation et s'efforce de vivre dans de telles conditions. une manière de contribuer à l'avantage général. (255)
Combien absurdement ils ont perverti les paroles du Christ pour soutenir leur propre artifice, apparaîtra manifeste lorsque nous en aurons déterminé la signification naturelle. Luc dit que Marie était assise aux pieds de Jésus Veut-il dire qu'elle n'a rien fait d'autre tout au long de sa vie? Au contraire, le Seigneur enjoint à ses disciples de faire une telle répartition de leur temps, que celui qui désire devenir compétent à l'école du Christ ne sera pas toujours un auditeur oisif mais mettra en pratique ce qu'il a appris; car il y a un temps pour entendre et un temps pour agir. (256) C'est donc une folle tentative des moines de s'emparer de ce passage, comme si le Christ faisait une comparaison entre un contemplatif et un actif la vie, tandis que le Christ nous informe simplement à quelle fin et de quelle manière il souhaite être reçu.
Bien que l'hospitalité de Marthe méritait des éloges et soit louée, il y avait cependant deux défauts qui sont signalés par le Christ. La première est que Martha a mené son activité au-delà des limites appropriées; car Christ aurait préféré être diverti d'une manière frugale et à des frais modérés, plutôt que de soumettre la sainte femme à tant de peine. Le deuxième défaut était que Marthe, en détournant son attention et en entreprenant plus de travail que nécessaire, se privait de l’avantage de la visite du Christ. L'excès est signalé par Luke, lorsqu'il parle de beaucoup de service; car le Christ se contentait de peu. C'était comme si l'on devait donner un accueil magnifique à un prophète, et pourtant ne pas se soucier de l'entendre, mais au contraire faire des préparatifs si grands et inutiles pour enterrer toute l'instruction. Mais la vraie manière de recevoir des prophètes est d'accepter l'avantage que Dieu nous présente et nous offre par leur libre arbitre.
Nous voyons maintenant que la gentille attention de Martha, bien qu'elle méritait des éloges, n'était pas sans défauts. Il y avait ce mal supplémentaire, que Martha était si ravie de ses propres opérations animées, qu'elle méprisait le pieux désir de sa sœur de recevoir des instructions. (257) Cet exemple nous avertit que, en faisant ce qui est bien, nous devons veiller à ne pas penser plus à nous-mêmes qu'aux autres.