Commentaire Biblique de Jean Calvin
Luc 18:12
12. Je jeûne deux fois par semaine, je donne la dîme de tout ce que je possède. Cela revient à dire qu'il a fait plus que ce que la loi exigeait; tout comme les moines papes parlent haut de leurs œuvres de surérogation, comme s'ils ne trouvaient aucune grande difficulté à accomplir la loi de Dieu. Il faut admettre que chacun de nous, selon la mesure des vertus que Dieu lui a accordées, est d'autant plus tenu d'en remercier l'auteur; et que c'est un exercice de sainte méditation pour chacun de nous de méditer sur les bienfaits qu'il a reçus, afin de ne pas enterrer dans l'ingratitude la bonté de Dieu. Mais il y a ici deux choses à observer: il ne faut pas gonfler de confiance, comme si on avait satisfait Dieu; et, ensuite, nous ne devons pas mépriser nos frères avec mépris. Dans les deux cas, le pharisien s'est trompé; car, en revendiquant faussement la justice pour lui-même, il n'a rien laissé à la miséricorde de Dieu; et, ensuite, il méprisait tous les autres par rapport à lui-même. Et, en effet, cette action de grâces n'aurait pas été désapprouvée par le Christ, si elle n'avait pas travaillé sous ces deux défauts; (328) mais en tant que fier hypocrite, en faisant un clin d'œil à ses péchés, a rencontré la justice de Dieu avec un semblant de justice complète et parfaite, sa dureté méchante et détestable ne pouvait que le faire tomber. Car le seul espoir des pieux, tant qu'ils travaillent sous la faiblesse de la chair, est, après avoir reconnu ce qui est bon en eux, (329) à se remettent à la seule miséricorde de Dieu, et reposent leur salut sur la prière pour le pardon. (330)
Mais on peut se demander comment cet homme, aveuglé par un mauvais orgueil, a-t-il maintenu une telle sainteté de vie; car une telle intégrité ne procède que de l'Esprit de Dieu, qui, nous en sommes certains, ne règne pas chez les hypocrites? Je réponds: il ne faisait confiance qu'à l'apparence extérieure, comme si l'impureté cachée et intérieure du cœur ne serait pas prise en compte. Bien qu'il était plein de désirs méchants à l'intérieur, mais comme il ne regarde que l'apparence, il maintient hardiment son innocence.
Notre Seigneur ne l'accuse pas, en effet, de vanité, en se réclamant faussement ce qu'il ne possède pas; mais il faut croire qu'aucun homme n'est pur de l'extorsion, de l'injustice, de l'impureté et d'autres vices, à moins qu'il ne soit gouverné par l'Esprit de Dieu.
Le mot Sabbat (σάββατον) désigne dans ce passage, comme dans beaucoup d'autres, une semaine Mais Dieu n'a jamais ordonné dans la Loi que ses serviteurs devraient jeûner chaque semaine; pour que ce jeûne et les dîmes soient des exercices volontaires au-delà des prescriptions de la Loi. (331)