Commentaire Biblique de Jean Calvin
Matthieu 15:1
Matthieu 15:1 . Puis scribes et pharisiens. La faute ici corrigée étant non seulement courante mais très dangereuse, le passage est particulièrement digne de notre attention. Nous voyons l'extraordinaire insolence dont font preuve les hommes quant à la forme et à la manière d'adorer Dieu; car ils inventent perpétuellement de nouveaux modes de culte, et quand quelqu'un veut être jugé plus sage que les autres, il déploie son ingéniosité sur ce sujet. Je ne parle pas d'étrangers, mais des domestiques mêmes de l'Église, à qui Dieu a conféré l'honneur particulier de déclarer de leurs lèvres la règle de la piété. Dieu a établi la manière dont il souhaite que nous l'adorions et a inclus dans sa loi la perfection de la sainteté. Pourtant, un grand nombre d'hommes, comme s'il s'agissait d'une chose légère et insignifiante d'obéir à Dieu et de garder ce qu'il enjoint, recueillent pour eux-mêmes, de chaque côté, de nombreux ajouts. Ceux qui occupent des lieux d'autorité présentent leurs inventions à cet effet, comme s'ils étaient en possession de quelque chose de plus parfait que la parole du Seigneur. Ceci est suivi par la lente croissance de la tyrannie; car, quand les hommes se sont une fois assumés le droit de donner des ordres, ils exigent une adhésion rigide à leurs lois et ne permettent pas que le moindre iota soit laissé de côté, soit par mépris, soit par oubli. Le monde ne peut pas endurer l’autorité légale et se rebelle le plus violemment contre le joug du Seigneur, et pourtant il s’enlève facilement et volontairement dans les pièges des vaines traditions; non, une telle servitude semble être, dans le cas de beaucoup, un objet de désir. Pendant ce temps, l'adoration de Dieu est corrompue, dont le premier et principal principe est l'obéissance. L'autorité des hommes est préférée au commandement de Dieu. Sternement, et donc tyrannique, les gens du commun sont obligés de donner toute leur attention aux bagatelles. Ce passage nous apprend, premièrement, que tous les modes de culte inventés par les hommes déplaisent à Dieu, parce qu'il choisit que lui seul soit entendu, afin de nous former et nous instruire à la vraie piété selon son propre plaisir; deuxièmement, que ceux qui ne sont pas satisfaits de la seule loi de Dieu et qui se fatiguent à suivre les traditions des hommes sont inutilement employés; troisièmement, qu'un outrage est commis contre Dieu, quand les inventions des hommes sont si hautement vantées, que la majesté de sa loi est presque abaissée, ou du moins la révérence pour elle est apaisée.
Scribes venus de Jérusalem. Avec quelle conception ces scribes sont venus à Jésus n'est pas indiqué; mais je pense qu'il est probable que leur attention a été excitée par sa renommée, et qu'ils sont venus avec le désir de recevoir une instruction, pourvu qu'ils l'approuvent comme un enseignant compétent; (391) bien qu'il soit possible qu'ils aient été envoyés pour espionner. Quoi qu'il en soit, comme ils avaient apporté leur dédain hautain avec eux, ils sont facilement provoqués par la moindre offense à mordre ou grogner au Christ. Nous voyons donc avec quelle difficulté ceux qui sont influencés par l'ambition et la soif de pouvoir sont amenés à se soumettre à la saine doctrine. Ceux surtout dont l'attachement aux cérémonies a été renforcé par une longue pratique ne peuvent supporter aucune nouveauté, mais condamner bruyamment tout ce à quoi ils ne sont pas habitués. Bref, rien de plus hautain ou de plus dédaigneux que cette classe d'hommes ne peut être imaginé.
Les deux évangélistes mentionnent qu'ils étaient scribes et pharisiens; mais Matthew place les scribes en premier et Mark les place en second. Ils véhiculent la même signification, que les scribes appartenaient à diverses sectes, mais que les pharisiens étaient les chefs, parce qu'ils occupaient un poste honorable, et à cette époque tenaient le gouvernement. Que les pharisiens soient les premiers à s'offusquer au mépris des lois dont ils sont les auteurs ne doit pas provoquer la surprise; car, comme nous l'avons dit, bien qu'ils se vantent d'exposer la loi, et bien que leur nom soit dérivé de cette circonstance, (392) ils ont corrompu par leurs inventions la pureté de la parole de Dieu. Toutes les traditions qui existaient alors chez les Juifs étaient sorties de leur atelier; (393) et c'est la raison pour laquelle ils ont fait preuve de plus que du zèle et de l'amertume ordinaires pour les défendre.