Commentaire Biblique de Jean Calvin
Matthieu 26:52
52. Remettez votre épée à sa place. Par ces mots, le Christ confirme le précepte de la Loi, qui interdit aux particuliers d'utiliser l'épée. Et surtout, nous devons assister à la menace de châtiment qui s'ajoute immédiatement; car les hommes ne désignaient pas, à leur gré, ce châtiment pour avoir vengé leur propre sang; mais Dieu lui-même, en interdisant sévèrement le meurtre, a déclaré combien il aimait les hommes. D'abord, alors, il ne choisit pas d'être défendu par la force et la violence, parce que Dieu dans la Loi a interdit aux hommes de frapper. C'est une raison générale; et il descend immédiatement à une raison spéciale.
Mais ici une question se pose. N'est-il jamais licite d'utiliser la violence pour repousser la violence injuste? Car bien que Pierre ait dû faire face à des voleurs méchants et vils, il est néanmoins condamné pour avoir dégainé son épée. Si, dans un tel cas de défense modérée, une exception n'était pas autorisée, le Christ semble lier les mains de tous. Bien que nous ayons traité cette question plus abondamment (218) sous Matthieu 5:39, je vais maintenant dire mon opinion à nouveau en quelques mots. Premièrement, il faut faire une distinction entre un tribunal civil et le tribunal de conscience; (219) si un homme résiste à un voleur, (220) il ne le sera pas passible de châtiment public, parce que les lois l'arment contre celui qui est l'ennemi commun de l'humanité. Ainsi, dans tous les cas où la défense est faite contre la violence injuste, le châtiment que Dieu enjoint aux juges terrestres de porter à exécution cesse. Et pourtant, ce n'est pas la simple bonté de la cause qui acquitte la conscience de la culpabilité, à moins qu'il n'y ait aussi de pure affection. Ainsi donc, pour qu'un homme puisse se défendre correctement et légalement, il doit d'abord mettre de côté la colère excessive, la haine, le désir de vengeance et toutes les sorties irrégulières de passion, afin que rien de tempétueux ne puisse se mêler à la défense. Comme cela est rare, ou plutôt, comme cela n'arrive presque jamais, le Christ rappelle correctement à son peuple la règle générale, qu'il doit s'abstenir entièrement d'utiliser l'épée.
Mais il y a des fanatiques qui ont sottement mal appliqué ce passage, afin d'arracher l'épée des mains des juges. Ils soutiennent qu'il est illégal de frapper avec l'épée. Je reconnais que c'est vrai, car nul homme n'est libre de prendre l'épée à son gré, afin de s'engager meurtre; mais je nie que les magistrats - qui sont les ministres de Dieu, et par lesquels il exécute ses jugements - doivent être considérés comme appartenant au rang ordinaire. Et non seulement ainsi, mais par ces paroles du Christ, ce pouvoir même leur est expressément attribué: car lorsqu'il déclare que les meurtriers doivent être mis à mort, il s'ensuit que l'épée est remis entre les mains des juges, afin qu'ils puissent se venger des meurtres injustes. Il arrivera parfois, en effet, que les hommes dépendants de l'effusion de sang soient punis par d'autres moyens; mais c'est la manière ordinaire par laquelle le Seigneur a décidé que la cruauté féroce des hommes méchants devait être empêchée d'émeute en toute impunité. Certains docteurs de ce qu'on appelle le droit canonique se sont aventurés à procéder à une telle impudence pour enseigner que l'épée n'a pas été prise à Peter, mais il ordonné de le garder gainé jusqu'au moment de le dessiner; et par conséquent nous percevons combien ces chiens ont joué de manière grossière et honteuse avec la parole de Dieu.