Commentaire Biblique de Jean Calvin
Matthieu 28:4
4. Par peur, les gardes ont tremblé. Le Seigneur a frappé les gardes avec terreur, comme si il avait gravé leurs consciences au fer chaud, pour les contraindre à contrecœur à sentir sa puissance divine. La terreur eut au moins pour effet de les empêcher de traiter avec insouciance le rapport de la résurrection qui devait se répandre peu après à l'étranger. Car s'ils n'avaient pas honte de se prostituer la langue pour lui, ils étaient néanmoins contraints, qu'ils le fassent ou non, de reconnaître intérieurement ce qu'ils niaient méchamment devant les hommes. On ne peut pas douter non plus que, lorsqu'ils étaient libres de parler librement avec leurs connaissances, ils admettaient franchement ce qu'ils n'osaient pas avouer ouvertement, par suite d'avoir été gagnés par l'argent.
Nous devons faire la distinction entre les deux types de terreur, entre lesquels Matthew établit une comparaison. Les soldats, habitués aux tumultes, étaient terrifiés, et tellement accablés par l'alarme, qu'ils tombaient comme des hommes presque morts; mais aucun pouvoir n'a été exercé pour les sortir de cette condition. Une terreur similaire s'empara des femmes; mais leurs esprits, qui avaient failli céder, furent restaurés par la consolation qui suivit aussitôt, pour commencer, au moins, à entretenir quelque meilleur espoir. Et, certainement, il est juste que la majesté de Dieu frappe à la fois la terreur et la crainte sans discernement chez les pieux, ainsi que chez les réprouvés, afin que toute chair se taise devant son visage. Mais lorsque le Seigneur a humilié et soumis ses élus, il atténue immédiatement leur peur, afin qu'ils ne sombrent pas sous son influence oppressive; et non seulement ainsi, mais par la douceur de sa grâce guérit la blessure qu'il avait infligée. Le réprouvé, au contraire, soit accablé par une peur soudaine, soit souffre de languir dans de lents tourments. Quant aux soldats eux-mêmes, ils étaient, sans aucun doute, comme des hommes morts , mais sans impression sérieuse. Comme des hommes dans un état d'insensibilité, ils tremblent, en effet, un instant, mais oublient bientôt qu'ils avaient peur; non pas que le souvenir de leur terreur ait été entièrement effacé, mais parce que cette appréhension vive et puissante de la puissance de Dieu, à laquelle ils étaient obligés de céder, leur a bientôt disparu. Mais nous devons surtout nous attacher à ce point, que bien qu'eux, ainsi que les femmes, aient eu peur, aucun médicament n'a été appliqué pour apaiser leur terreur; car aux femmes seulement l'ange a dit: N'ayez pas peur. Il leur a tendu un terrain de joie et d'assurance dans la résurrection du Christ. Luc ajoute une réprimande, Pourquoi cherchez-vous les vivants parmi les morts? comme si l'ange leur tirait l'oreille, pour qu'ils ne restent plus dans la paresse et le désespoir.