Commentaire Biblique de Jean Calvin
Nombres 14:5
5. Puis Moïse et Aaron sont tombés sur leurs visages. Il est douteux qu'ils se soient tellement humiliés envers le peuple, qu'il se prosterne devant eux, ou si c'est dans la prière qu'ils sont tombés la face sur terre; ces derniers, cependant, me semblent plus vraisemblables, comme si, en se tournant ainsi vers Dieu, ils réprouvaient la stupidité du peuple. Et, en fait, dans un tel cas de persévérance, il ne restait plus qu'à invoquer Dieu, pourtant de telle sorte que la prière devait être faite à la vue de tous, afin d'influencer leur esprit. Sinon, ils auraient pu chercher un lieu de retraite; mais par ce spectacle pitoyable, ils s'efforçaient de rappeler le peuple à ses bons sens. Cela, en effet, est incontestable, qu'ils ne cherchaient rien pour leur propre compte, mais étaient seulement soucieux du bien-être du peuple; puisque, si le peuple était rentré, il aurait été libre de séjourner au pays de Canaan ou ailleurs. Pourtant, ils n'étaient pas seulement préoccupés par le peuple, mais l'interruption de la grâce de Dieu les troublait le plus, avec laquelle l'Alliance conclue avec Abraham aurait également été enterrée. En un mot, cela était justement ressenti par eux comme s'ils avaient vu à la fois la gloire de Dieu et le salut de la race humaine complètement réduits à néant. C'est pourquoi ils ont dû avoir des besoins plus qu'insensés qui n'étaient pas touchés par ce triste spectacle, surtout quand Moïse, que Dieu avait exalté par tant de privilèges au-dessus de tous les autres mortels, était couché prostré sur la terre pour eux.