Commentaire Biblique de Jean Calvin
Nombres 22:1
1. Et les enfants d'Israël sont partis. Ce récit contient de nombreuses circonstances dignes d'être signalées: Premièrement, il montre qu'il n'y a pas de pierre que Satan ne retourne pas pour la destruction de l'Église, et qu'après l'avoir assaillie en vain par la force d'armes, il l'attaque par des pièges et des artifices secrets, tandis que les impies travaillent aussi sous son impulsion, autant qu'ils le peuvent, pour la renverser par la tromperie, et faire les promesses de Dieu, et son décret immuable pour la préservation de l'Église qu'il a choisie, sans effet. Mais Dieu montre, d'autre part, qu'Il veille sur les siens au point de se tourner vers leur salut tout ce que leurs ennemis peuvent concevoir pour leur destruction. Il représente également comme dans un miroir combien sont insensées et vaines leurs tentatives qui s'efforcent de saper la grâce de Dieu; et surtout Il démontre que la vérité de Dieu sera toujours si complètement victorieuse qu’elle recevra le témoignage même de ses ennemis déclarés; tout comme Balaam a été fait pour le proclamer. Ces observations et d'autres, cependant, seront mieux faites à leurs divers endroits.
Nous avons déjà vu qu’il n’y avait aucune raison pour que Balak invente un quelconque mal contre le peuple de Dieu, car il n’avait aucun inconvénient à craindre d’eux. Leur foi avait été volontairement promise; la sécurité lui avait été promise et un traité proposé. Par conséquent, lorsque lui et tous les Moabites se préparent et suscitent la résistance de leurs voisins, ils sont ingrats envers Dieu aussi bien qu'aux hommes. Dans son effroi même, nous voyons la vérité de ce que l'Écriture déclare, à savoir que les réprouvés sont toujours agités par des terreurs sans fondement; et c'est la juste récompense de ceux qui ne recherchent pas la paix avec Dieu, qu'ils soient constamment harcelés par une misérable inquiétude. Par un privilège spécial, Dieu avait exempté les Moabites de toute ingérence; mais ils s'inventent des causes d'angoisse, car ils voient que le peuple de Dieu a vaincu de grands et puissants rois. Car comme l'éclat du soleil est douloureux et nuisible à ceux qui ont les yeux faibles, de même les bénédictions que Dieu accorde à l'Église, en signe de sa faveur paternelle, tourmentent les réprouvés et les excitent à l'envie. Si les Moabites avaient prudemment considéré leur propre avantage, ils auraient pu facilement s'arranger avec leurs anciennes relations pour pourvoir à leur propre tranquillité; mais maintenant, en provoquant leur mauvaise volonté, ils font le pire marché possible pour eux-mêmes. Ce n'est pas non plus seulement l'alarme imprudente de Balak qui est décrite, mais celle de toute la nation de Moab. Au début, en effet, le nom du roi est introduit seul, mais immédiatement après, Moïse les inclut tous sans exception, d’où il est clair que cette erreur était universelle, par la contagion dont ils corrompent actuellement d’autres aussi. Car ils invitent les Madianites à s'associer à eux dans le travail de répulsion des Israélites. Le prétexte allégué est que, de même que les bœufs consomment l'herbe des champs, de même il y avait un danger imminent de peur que si le peuple d'Israël n'était pas résisté, il devrait en quelque sorte lécher et dévorer toutes les nations; alors qu'ils avaient vécu tout le contraire, car le peuple s'était détourné de lui-même dans des chemins détournés, pour éviter de lui faire du mal. Cette indulgence les aurait délivrés de toute inquiétude, à moins que leur propre malignité ne leur eût appris à entretenir de mauvais soupçons; car pourquoi les Israélites n'avaient-ils pas commis une agression directe sur leurs territoires, sinon parce qu'ils voulaient les laisser sains et saufs? Sinon, ils se seraient hardiment tracés par les armes.