Commentaire Biblique de Jean Calvin
Nombres 22:36
36. Et quand Balak a appris que Balaam était venu. Ce passage nous représente admirablement l'esprit de tous ceux qui se consacrent à leurs diverses superstitions sans craindre sincèrement Dieu. Ils grincent des dents à leurs faux prophètes; ils les flattent avec méchanceté et ne s'arrêtent guère avant de les adorer, de sorte que rien de plus obséquieux ne peut être imaginé; pourtant ils chérissent intérieurement l'orgueil, qui éclate alors qu'ils ne s'y attendent pas du tout. Le roi va à la rencontre du prophète et pour se payer les honneurs dus à lui-même et à sa fonction. C'est une grande condescendance; car cela équivaut à poser sa couronne et son sceptre à ses pieds: mais sa dissimulation se découvre bientôt, quand, discutant avec Balaam, il se vante de sa puissance et de sa richesse, dont il a pu le récompenser. Or c'est précisément comme s'il devait asservir l'office prophétique à l'argent et réclamer la domination sur ses révélations au moyen de sa richesse. Aussi grande que puisse être la servilité avec laquelle les personnes superstitieuses flattent leurs idoles et leurs prêtres, elles ne renoncent jamais à leur fierté. On peut voir un tel zèle chez les papistes, qui sont aussi prodigues que possible de la révérence qu'ils manifestent envers leurs prélats et moines; mais à cette condition, qu'ils seront, de leur côté, complaisants à leurs convoitises. Si, par conséquent, un prêtre, (sacrificus) ne veut pas satisfaire ses adorateurs, ils invoquent contre lui avec autant d'amertume que s'il était un troupeau de porcs.
La réponse de Balaam à première vue ne respire que de la piété: «Je suis venu, (dit-il) mais il faut que je parle comme Dieu le commandera. Par quoi il signifie que, pour autant que la courtoisie l'exigeait, et pour autant que dépendait de lui-même, il se serait conformé aux vœux du roi; mais qu'en ce qui concerne sa fonction de prophète, il n'était pas libre de le faire, dans la mesure où il ignorerait la faveur de toute l'humanité, afin de n'obéir qu'aux commandements de Dieu seul.