Commentaire Biblique de Jean Calvin
Nombres 23:9
9 Car du haut des rochers je le vois. Sauf erreur de ma part, le sens est que, bien qu'il n'ait vu les gens que de loin, de sorte qu'il ne pouvait pas percevoir avec précision leur pouvoir depuis un endroit si haut et si éloigné, ils lui ont néanmoins laissé entendre quelque chose grand et formidable. Une vue rapprochée intimide généralement les hommes; en outre, un corps de vingt mille hommes éblouit alors notre vue, comme si le nombre était cinq fois plus grand: tandis que l'étendue réelle d'une chose est aussi plus précise. Mais Balaam déclare, dans l'esprit de la prophétie, qu'il voit bien plus dans le peuple de Dieu que leur distance de lui ne le permettrait; car, posté comme il était sur une haute éminence, il ne les aurait vaincus que comme des nains avec la vision ordinaire des hommes. Il dit que «le peuple habitera seul», comme ne manquant en aucun cas de soutien extérieur: pour לבדד, lebadad, équivaut à solitairement ou séparément. On dit donc du peuple qu'il habitera de manière à se contenter de sa propre condition, sans désirer la richesse ou le pouvoir d'autrui, ni chercher son aide. Le fait que le peuple ait eu recours à un moment aux Égyptiens, à un autre aux Assyriens, et se soit empêtré dans de mauvaises alliances, ne répugne pas à cette prophétie, dans laquelle la question n'est pas de la vertu du peuple, mais seulement quant à la bénédiction de Dieu, qui est à nouveau célébrée dans les mêmes mots dans Deutéronome 33:28
Ce qui suit, qu '«ils ne seront pas comptés parmi les nations», ne doit pas être compris dans leur dépréciation, comme s'il était dit qu'ils ne devraient être d'aucun crédit ou situation; mais le peuple élu est exalté au-dessus de tous les autres dans la dignité et l'excellence, comme s'il avait dit qu'il ne devrait y avoir aucune nation sous le ciel égale ou comparable à eux. Et, bien qu'il y ait eu d'autres royaumes plus illustres pour la condition florissante de leur peuple, et supérieurs à la fois par le nombre de leurs habitants et par toutes sortes de prospérité, ce peuple n'a jamais perdu sa prééminence, car tant par la richesse et les dotations extérieures, que par l'adoption de Dieu. Ainsi, le mont Sion est appelé noble au-dessus de toutes les autres montagnes, car Dieu y avait choisi d'y faire sa demeure. D'autres expliquent que le peuple doit être seul, pour ne pas être mis en comparaison avec les Gentils, dans la mesure où sa religion doit être séparée du monde entier, et sans mélange avec les corruptions païennes. L'exposition que j'ai donnée est cependant plus simple.