Commentaire Biblique de Jean Calvin
Nombres 31:1
1. Et le Seigneur parla à Moïse. Parmi les autres prérogatives que Dieu a conférées à son Église, celle-ci est célébrée, celle qu'il a armé les pieux «pour exécuter la vengeance sur les païens, - pour exécuter sur eux le jugement qui est écrit» ( Psaume 149:7) et bien que l'Esprit déclare que cela devrait se produire sous le royaume du Christ, il se réfère toujours à des exemples anciens, dont l'un, bien digne de mémoire, est ici enregistré . Les Madianites avaient organisé une conspiration méchante pour la destruction du peuple de Dieu: et Dieu, en entreprenant de punir leur acte cruel, a donné une preuve frappante de sa faveur paternelle envers les Israélites; tandis que cette grâce est doublée par le fait qu'il les constitue les ministres de son jugement. Ce passage nous montre donc à quel point Dieu était soucieux du bien-être de son peuple élu, alors qu'il se dressait ainsi contre leurs ennemis, comme s'il voulait faire cause commune à tous égards avec eux. En même temps, nous devons observer cette faveur supplémentaire à leur égard, que, bien que les Israélites eux-mêmes n'étaient pas sans blâme, il daigna toujours les nommer juges des Madianites. Cependant, dans la mesure où il interdit partout à son peuple de se livrer au désir de vengeance, nous ne devons pas oublier la distinction entre la vengeance des hommes et la sienne propre. Il voudrait que ses serviteurs, en portant patiemment des blessures, surmontent le mal par le bien; tandis que, en même temps, il n'abdique nullement son propre pouvoir, mais se réserve encore le droit d'infliger une punition. Non, Paul, désireux d'exhorter les croyants à la longanimité, les rappelle au principe que Dieu prend sur lui la fonction de vengeance. (203) Puisque, alors, Dieu est libre d'exécuter la vengeance, non seulement par lui-même, mais aussi par ses ministres, comme nous l'avons déjà vu, ces deux les choses ne sont pas incompatibles les unes avec les autres, que les passions des pieux sont soumises à la contrainte de la Parole, qu'ils ne doivent pas, lorsqu'ils sont blessés, chercher à se venger, ou riposter aux maux qu'ils ont reçus, et encore qu'ils sont les justes et bourreaux légitimes de la vengeance de Dieu, quand l'épée est mise entre leurs mains. Il reste que quiconque est appelé à cette fonction doit punir le crime avec un zèle honnête, en tant que ministre de Dieu, et non comme agissant dans sa propre cause privée. Dieu a confié ici la charge de vengeance à son peuple, mais en aucun cas pour qu'il puisse se livrer à la convoitise de sa nature: car leur sentiment aurait dû être celui-ci, qu'ils auraient dû être prêts à pardonner aux Madianites, (204) et toujours qu'ils devraient s'efforcer de leur infliger des punitions.
Que, tandis que Dieu jugeait si sévèrement les Madianites, il épargnait les Moabites, c'était pour le bien de Lot, qui était le fondateur de leur race. Mais j'ai déjà souvent rappelé à mes lecteurs que, lorsque les jugements de Dieu dépassent notre compréhension, nous devons, dans une humilité sobre, rendre gloire à son secret, et à nous incompréhensible, la sagesse: pour ceux qui, à cet égard, cherchent à en savoir plus que convient, s'élever trop haut, pour plonger avec une audace tête longue dans un abîme profond, où, enfin, tous leurs sens doivent être submergés. Pourquoi n'était-il pas libre de remettre le châtiment des Moabites et de rembourser en même temps aux Madianites la récompense qui leur était due? D'ailleurs, ce ne fut que pour un temps qu'il pardonna aux Moabites, jusqu'à ce que leur obstination les rende inexcusables, après avoir non seulement abusé de sa patience, mais aussi tyranniquement affligé leurs frères, par qui ils avaient été traités avec gentillesse.
De plus, Dieu désirait, pendant que Moïse était encore vivant, de témoigner à nouveau par cet acte final de son amour envers son peuple, afin qu'ils puissent plus joyeusement avancer vers la possession de la terre promise: car ce n'était pas un faible encouragement, quand ils que Dieu s'est spontanément mis en avant pour les venger. En même temps, il était opportun pour Moïse qu'au moment même de sa mort, il ressentît, par un nouvel exemple, le soin que Dieu prenait pour le bien-être du peuple. Car il pouvait joyeusement les laisser sous la garde de Dieu, dont il avait si récemment vu la main mise en avant pour accomplir au maximum ses desseins gracieux envers eux. Au même effet étaient les mots: «Tu seras rassemblé auprès de ton peuple», qui ont été sans aucun doute prononcés comme une consolation dans la mort. C'était aussi une raison de se hâter; car si la pénurie du saint Prophète avait été attendue, peut-être les Israélites n'auraient-ils pas osé attaquer, les armes à la main, une nation pacifique, dont il n'y avait aucun péril ou inconvénient imminent. Mais si grande était l'autorité de Moïse sur eux, qu'ils étaient plus disposés à obéir à son ordre que celui de toute autre personne.
Bien que l'on dise indifféremment des réprouvés comme des croyants, qu'ils sont rassemblés ou rassemblés auprès de leurs pères par la mort, cette expression montre encore que les hommes sont nés pour l'immortalité; car il ne serait pas approprié de dire cela des animaux bruts, dont la mort est leur destruction finale, dans la mesure où ils sont sans espoir d'une autre vie.