Commentaire Biblique de Jean Calvin
Nombres 32:20
20. Et Moïse leur dit. Moïse pourrait sembler se tromper du côté de la bonté excessive, en ce qu'il étend les limites prescrites par Dieu, en se conformant à leur souhait. Car, comme leur héritage leur avait été promis au pays de Canaan, ils auraient dû se contenter de cela comme leur demeure; il n'était pas non plus permis à Moïse d'apporter une quelconque modification au décret divin. Il y a aussi une autre chose non moins incohérente, que dans un point de tant de perplexité, Moïse ne consulte pas, comme d'habitude, Dieu, mais donne une réponse immédiate, qui renverse indirectement l'ordonnance précédente de Dieu. Et, en vérité, leur désir n'était nullement excusable, puisqu'il ne serait jamais entré dans leur esprit, s'ils avaient gardé en mémoire l'alliance de Dieu, et avaient été satisfaits de cette bonté: puisqu'il ne peut être que que la chair être constamment en émeute, à moins d'être retenu par l'appel de Dieu. Mais Dieu, qui sait faire sortir la lumière des ténèbres, a non seulement pardonné leur erreur, mais en profite aussi pour étendre sa libéralité. Ainsi, la terre de Bashan et ses environs ont été ajoutés aux anciennes limites. En même temps, cependant, il montra à quel point il aurait été préférable pour eux d'avoir été maintenus ensemble, de sorte qu'ils auraient pu se protéger mutuellement et habiter en toute sécurité dans leur habitation désignée. Et, après une longue période, les Rubénites et les Gadites ont appris par expérience qu'ils avaient été trop hâtifs en souhaitant la terre qu'ils avaient obtenue; néanmoins, grâce à l’indulgence de Dieu, ce qui aurait pu leur nuire à juste titre, se révéla à leur avantage.
Nous pouvons comprendre, cependant, du résultat, que Moïse n'était coupable d'aucune témérité dans son interférence avec l'ordonnance de Dieu, à la fois parce qu'il ordonne ce qu'il décide maintenant d'être ratifié et maintenu après sa mort; et quand, dans le livre de Josué, il est rapporté que l'héritage des diverses tribus leur a été attribué, ce pays au-delà du Jourdain est exclu, comme ayant été accordé par Moïse aux tribus de Ruben et de Gad et à la moitié de Manassé. Il est donc évident que sa décision a été approuvée par Dieu. De plus, comme il y est souvent honoré du titre de «serviteur de Dieu», on nous apprend que rien n'a été fait par lui dans ce domaine sans l'autorité de Dieu et la direction de son Esprit. Ce n’est pas non plus au hasard qu’il utilise ici si souvent le nom de Dieu, mais il implique plutôt que tout ce qu’il fait est suggéré par Lui.