Commentaire Biblique de Jean Calvin
Nombres 35:1
1. Et le Seigneur parla à Moïse. Bien qu'il n'y ait pas eu d'héritage attribué à la tribu de Lévi, il était pourtant nécessaire de leur fournir des logements. Aucune terre n'a été donnée alors où ils pourraient semer et moissonner; mais à titre de compensation, la dîme était un moyen de subsistance suffisant, même après déduction de la dîme payée aux pauvres. Dieu maintenant, cependant, prend des dispositions pour leurs résidences; et ici nous devons soigneusement remarquer, qu'ils étaient si répartis sur tout le pays, qu'ils étaient, pour ainsi dire, des gardes régulièrement postés pour la préservation du culte de Dieu, de peur qu'une superstition ne s'introduise, ou que le peuple ne tombe dans mépris flagrant de Dieu. Car nous savons qu'ils ont été choisis par lui, non seulement pour assister aux cérémonies, mais pour être les interprètes de la loi et pour entretenir une piété sincère parmi le peuple. Or, si tout avait été placé dans une même station, il était dangereux que la doctrine de la Loi ne tombe immédiatement dans l'oubli à travers tout le pays; et ainsi les autres tribus devraient devenir irréligieuses. C'est pourquoi la bonté incomparable de Dieu a resplendi ici, puisque leur châtiment s'est transformé pour ainsi dire en récompense de vertu, et leur disgrâce en honneur; car cette dispersion de la tribu de Lévi avait été annoncée par le saint patriarche Jacob, (Genèse 46:7,) que leur postérité serait dispersée dans ce pays, dont Lévi, le père de leur race avait été polluée par un meurtre détestable et une perfidie méchante. Dieu prouva finalement que cette prophétie, qui venait de Lui, n'était pas tombée au sol sans être accomplie; néanmoins, bien que les Lévites fussent bannis çà et là en signe de leur disgrâce, ils furent cependant placés dans diverses parties du pays, afin de retenir les autres tribus sous le joug de la Loi. C’était alors dans la merveilleuse providence de Dieu qu’ils étaient plutôt placés dans des résidences particulières et fixes, qu’ils n’avaient la permission de se mêler à la promiscuité au reste du peuple; car les villes que Dieu leur a assignées étaient autant d'écoles, où ils pouvaient mieux et plus librement s'engager dans l'enseignement de la loi et se préparer à remplir la fonction d'enseignement. Car s'ils avaient vécu sans discernement parmi la multitude, ils étaient susceptibles de contracter de nombreux vices, ainsi que de négliger l'étude de la loi; mais quand ils furent ainsi rassemblés en classes séparées, une telle union leur rappela qu'ils étaient séparés du peuple afin qu'ils puissent se consacrer entièrement à Dieu. En outre, leurs villes étaient comme des lampes qui brillaient dans les coins les plus reculés du pays. Ils étaient donc pour ainsi dire fortifiés par des murs, de peur que les corruptions du peuple n'y pénètrent. Leur association ensemble aurait dû les inciter mutuellement à s’exhorter mutuellement à confiner leurs manières décentes et modestes, la tempérance et d’autres vertus dignes des serviteurs de Dieu; tandis que s'ils tombaient dans des habitudes dissolues, ils étaient les moins excusables. Ainsi leurs villes étaient comme des tours de guet dans lesquelles ils pouvaient garder la garde, afin d'éloigner l'impiété des frontières de la terre sainte. D'où la lumière de la doctrine céleste diffusée; d'où la semence de vie était dispersée; d'où étaient les exemples à rechercher de sainteté et d'intégrité universelle.