Commentaire Biblique de Jean Calvin
Osée 11:1
Dieu discute ici avec le peuple d'Israël pour son ingratitude. L'obligation du peuple était double; car Dieu les avait embrassés depuis le tout premier commencement, et quand il n'y avait ni mérite ni dignité en eux. Quelle était en effet la condition du peuple une fois émancipé de ses œuvres serviles en Égypte? Ils ressemblaient sans doute alors à un homme à moitié mort ou à une carcasse putride; car ils n'avaient plus de vigueur en eux. Le Seigneur a alors tendu la main vers les gens dans un état si désespéré, les a sortis, pour ainsi dire, de la tombe, et les a rétablis de la mort à la vie. Mais le peuple n'a pas reconnu cette si merveilleuse faveur de Dieu, mais peu après lui a tourné le dos avec colère. Quelle bassesse était-ce, et quelle honte était la méchanceté, de rendre un tel retour à l'auteur de leur vie et de leur salut? Le Prophète augmente donc le péché et la bassesse du peuple par cette circonstance, que le Seigneur les avait aimés même depuis l'enfance; quand encore, dit-il, Israël était un enfant, je l’aimais La nativité du les gens sortaient d'Egypte. Le Seigneur avait en effet conclu son alliance avec Abraham quatre cents ans auparavant; et, comme nous le savons, les patriarches étaient aussi considérés par lui comme ses enfants: mais Dieu voulait que son Église soit, pour ainsi dire, éteinte, quand il la rachetait. Par conséquent, l'Écriture, lorsqu'elle parle de la libération du peuple, se réfère souvent à cette faveur de Dieu de la même manière qu'une personne née dans le monde. Ce n'est donc pas sans raison que le Prophète rappelle ici aux gens qu'ils avaient été aimés dans leur enfance. La preuve de cet amour était qu'ils avaient été sortis d'Égypte. L'amour avait précédé, car la cause est toujours avant l'effet.
Mais le Prophète approfondit le sujet: J'aimais Israël, alors même qu'il était encore enfant; Je l'ai appelé hors d'Égypte; c'est-à-dire: «Je ne l'aimais pas seulement quand j'étais enfant, mais avant sa naissance, j'ai commencé à l'aimer; car la libération d'Egypte était la nativité, et mon amour l'a précédé. Il apparaît alors que les gens avaient été aimés de moi, avant de sortir à la lumière; car l'Egypte était comme une tombe sans aucune étincelle de vie; et la condition dans laquelle se trouvait ce misérable peuple était pire que mille morts. Puis en appelant mon peuple d'Egypte, j'ai suffisamment prouvé que mon amour était gratuit avant leur naissance. Les gens étaient donc moins excusables lorsqu'ils rendaient à Dieu une récompense aussi indigne, puisqu'il leur avait auparavant accordé sa gratuité. Nous comprenons maintenant la signification du Prophète.
Mais ici se pose une question difficile; pour Matthieu, accueille ce passage à la personne du Christ. (73) Ceux qui n'ont pas été bien versés dans les Écritures ont appliqué avec confiance à Christ ce lieu; pourtant le contexte s'y oppose. Il est donc arrivé que des moqueurs aient tenté de perturber toute la religion du Christ, comme si l'évangéliste avait mal appliqué la déclaration du prophète. Ils donnent une réponse plus appropriée, qui disent qu'il n'y a dans ce cas qu'une comparaison: comme lorsqu'un passage de Jérémie est cité ailleurs, quand la cruauté d'Hérode est mentionnée, qui a fait rage contre tous les enfants de sa domination, qui avaient moins de deux ans,
«Rachel, pleurant ses enfants, ne recevrait pas de consolation, car ils ne l’étaient pas» (Jérémie 31:15.)
L'évangéliste dit que cette prophétie s'est accomplie, (Matthieu 2:18.) Mais il est certain que l'objet de Jérémie en était un autre; mais rien n'empêche que cette déclaration ne s'applique pas à ce que rapporte Matthieu. Alors ils comprennent cet endroit. Mais je pense que Matthieu avait plus profondément considéré le dessein de Dieu en faisant conduire Christ en Égypte, puis dans son retour en Judée. En premier lieu, il faut se rappeler que le Christ ne peut pas être séparé de son Eglise, car le corps sera mutilé et imparfait sans tête. Tout ce qui se passait alors autrefois dans l'Église, doit enfin être accompli par le chef. C'est une chose. Alors aussi il n'y a aucun doute, mais que Dieu, dans sa merveilleuse providence, a voulu que son Fils sorte d'Egypte, afin qu'il soit un rédempteur pour les fidèles; et ainsi il montre qu'une délivrance vraie, réelle et parfaite a été enfin effectuée, lorsque le Rédempteur promis est apparu. C'était alors la pleine nativité de l'Église, lorsque le Christ est sorti d'Égypte pour racheter son Église. Donc, à mon avis, ce commentaire est trop glacial, ce qui embrasse l'idée, que Matthew n'a fait qu'une comparaison. Car il nous convient de considérer ceci, que Dieu, quand il a autrefois racheté son peuple d'Egypte, n'a montré que par un certain prélude la rédemption qu'il a différée jusqu'à la venue du Christ. Par conséquent, de même que le corps fut alors amené d'Egypte en Judée, de même la tête sortit enfin d'Egypte: et alors Dieu lui montra pleinement qu'il était le vrai libérateur de son peuple. Voilà donc le sens. Matthieu accueille donc parfaitement ce passage vers le Christ, que Dieu a aimé son Fils depuis sa première enfance et l'a appelé d'Egypte. Nous savons en même temps que le Christ est appelé le Fils de Dieu dans un respect différent du peuple d'Israël; car l'adoption a fait des enfants d'Abraham les enfants de Dieu, mais Christ est par nature le Fils unique de Dieu. Mais sa propre dignité doit rester à la tête, afin que le corps puisse continuer dans son état inférieur. Il n'y a donc là rien d'incohérent. Mais quant à l'accusation d'ingratitude, selon laquelle une si grande faveur de Dieu n'a pas été reconnue, elle ne peut s'appliquer à la personne du Christ, comme nous le savons bien; il n'est pas non plus nécessaire à cet égard de se référer à lui; car nous voyons d'ailleurs que tout ne s'applique pas au Christ, ce qui est dit de David, ou du souverain sacrificateur, ou de la postérité de David; bien qu'ils soient des types de Christ. Mais il y a toujours une grande différence entre la réalité et ses symboles. Continuons maintenant -